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436 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
tousles compartiments, II,H', de la caisse, E, dans laquelle les distillateurs apporteraient
déposait dans chacun de ces compartiments eux mêmes le vin.
ses parties les plus aqueuses, dont la quan Cette seconde expérience eut le même
tité allait sans cesse en diminuant de com résultat : la bonne foi de l’opérateur et
partiment en compartiment. l’excellence de son appareil étaient mis hors
Le serpentin, S, qui terminait l’appareil, de doute du même coup, et il fut ainsi
servait à condenser les dernières vapeurs, constaté qu’Edouard Adam avait obtenu la
uniquement composées alors de trois-six. solution du problème, tant cherché jusque-
Ainsi, le liquide condensé dans un com là, d’extraire du vin par une seule opéra
partiment quelconque de l’appareil, était tion, c’est-à-dire sans rectification ulté
d’autant plus spiritueux qu’il s’éloignait da rieure, tout son alcool.
vantage de la chaudière, et si l’on avait placé Edouard Adam put alors solliciter et ob
des robinets au bas de chaque comparti tenir un brevet d’invention de quinze ans,
ment de la caisse, E, on aurait recueilli qui lui fut accordé le 29 mai 1801 pour un
de l’esprit-de-vin plus ou moins privé d’eau, procédé à l’aide duquel on retire du vin, par
et l’esprit-de-vin que l’on recevait au bout de une seule chauffe, la totalité de l’alcool qu’il
l’appareil avait toujours le même degré de contient.
force, et constituait de véritable trois-six, 11 s’agissait, après cela, de construire en
obtenu par une seule opération. grand l’alambic industriel, car celui qui
C’était là, il faut en convenir, un impor avait fonctionné dans le laboratoire de la
tant résultat, et les personnes qui furent té Faculté de médecine de Montpellier, n’était
moins pour la première fois des effets du qu’une ébauche, un dispositif préparatoire.
nouvel alambic, durent être frappées de Aux deux caisses divisées en plusieurs com
surprise et d’admiration. partiments, Edouard Adam substitua des
Telle fut l’impression que produisit l’ap vases séparés, en nombre égal aux compar
pareil d’Edouard Adam, lorsque, le 29 mars timents de son ancien appareil. Il avait re
1801, l’inventeur le fit fonctionner dans une connu que la forme rectangulaire de ses
réunion solennelle, qui eut lieu à la Faculté deux caisses était vicieuse. En effet, le dépôt
de médecine de Montpellier, en présence du de crème de tartre provenant de la con
préfet de l’Hérault et d’une commission of centration du vin, se faisait dans les an
ficielle nommée par ce magistrat, pour gles, et ce tartre, se carbonisant par la
constater les effets du nouvel alambic. Plu chaleur, donnait un goût désagréable au
sieurs professeurs de la Faculté de méde produit obtenu après plusieurs opérations.
cine, des membres de l’Académie royale des Pour éviter cet inconvénient, Edouard
sciences de Montpellier, des propriétaires et Adam adopta pour ses vases la forme
des distillateurs, assistaient à cette expérience ovoïde.
mémorable. Une série de cinq à six œufs en cuivre
Le résultat de l’opération fut si remar remplaça donc les deux caisses primitives.
quable et si prompt que quelques distilla Au lieu de mettre de l’eau dans le serpentin
teurs prétendirent qu’Edouard Adam avait terminal, Edouard Adam mit, dans ce ser
préalablement mêlé de l’eau-de-vie au vin pentin, du vin, qui s’introduisait ainsi, déjà
dont il s’était servi pour son expérience. chaud dans la chaudière. Cette dernière
On ne pourrait faire un plus bel éloge de disposition existait déjà, d’ailleurs, dans
cet appareil. Edouard Adam, tout fier de sa toutes les distilleries du bas Languedoc, car
réussite, réclama une seconde expérience, le chauffe-vin, imaginé, comme nous l’avons