Page 438 - Merveilles Industrie Tome 4
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                 par heure, et en 1799, le distillateur Millar,  des de ces praticiens, et continua de demeu­
                 grâce à un puissant appareil, distillait quatre  rer stationnaire.
                 cent quatre-vingts charges en vingt-quatre
                 heures.
                    Les Annales des arts et manufactures,               CHAPITRE III
                 publiées par 0. Reilly, donnèrent, en
                                                            ÉDOUARD ADAM DÉCOUVRE LE PRINCIPE DE LA DISTILLA­
                  1800, la description des alambics inven­
                                                             TION DU VIN PAR LA CHALEUR DE CONDENSATION DU
                 tés en Ecosse, avec lesquels on faisait,    PREMIER PRODUIT. — VIE ET TRAVAUX D’ÉDOUARD
                 moyennement, 72 chauffes en vingt-quatre    ADAM. — SOL1MANI, PROFESSEUR DE CHIMIE A NÎMES,
                 heures.                                     CONTESTE A ÉDOUARD ADAM L’iNVENTION DE SON APPA­
                                                             REIL. — DIFFÉRENDS D’ÉDOUARD ADAM ET DE SOLI-
                    On conçoit, hâtons-nous de le dire, la
                                                              mani.— L’atonftic alcogène de solimani.
                 possibilité de ces résultats, lorsqu’on sait
                 qu’en Ecosse on ne fabriquait que de l’eau-   L’art de la distillation cherchait en vain
                 de-vie de grains; que la matière qui don­  sa voie entre la routine des anciens appareils
                 nait l’eau-de-vie, épaisse et pâteuse, était  des brûleurs du Languedoc et les tentatives
                 mise en une couche très-mince dans la  de quelques novateurs, lorsqu’une impor­
                 chaudière, et qu’un tel produit était bientôt  tante découverte vint fournir une solution
                 distillé.                                  inattendue au problème de la distillation
                    Ces résultats excitèrent l’émulation de  rapide et économique des vins.
                 nos brûleurs, qui réalisèrent dans leurs     Déjà le chauffe-vin, inventé à Montpel­
                 appareils de grandes économies de temps,  lier, par les frères Argand, avait produit
                 de main-d’œuvre et de combustible.         une demi-révolution dans cette industrie.
                    Les alambics écossais différaient peu ce­  L’introduction dans la chaudière de vin
                  pendant de ceux des brûleurs du bas Lan­  déjà chauffé, réalisait une grande écono­
                 guedoc. Leur supériorité consistait dans  mie. Une seconde découverte, d’une bien
                  la grande proportion d’alcool que ren­    plus grande portée, vint encore réduire sin­
                  ferme le grain fermenté, et dans l’avan­  gulièrement les dépenses de la production
                  tage que l’on avait, avec cette matière, d’ob­  de l’alcool.
                  tenir, du premier coup, une eau-de-vie      Cette découverte, c’était l’application du
                  très-forte.                               principe du calorique latent des vapeurs à
                    Ajoutons, pour être complet, qu’à la  la distillation du vin. Ce principe physi­
                  même époque, c’est-à-dire au commence­    que, qui résultait des travaux du physicien
                  ment de notre siècle, on fit quelques essais  anglais Leslie, venait d’être appliqué, par
                  pour distiller les vins par la vapeur. En  le comte de Rumford, au chauffage de
                  1802, un distillateur anglais, Wyatt, faisait  l’eau. Rumford avait appris aux industriels
                  cette innovation, mais sans succès; et, en   qu’avec un foyer unique chauffant une
                  1806, un distillateur français, Reboul, la  chaudière, ou ce que nous appelons aujour­
                  mettait en pratique avec plus de réussite.   d’hui un générateur de vapeur, on pouvait,
                  Mais comme ces tentatives n’amenaient rien  au moyen de la vapeur de l’eau bouillante
                  d’important, on en revint à la distillation à  envoyée par cette chaudière unique, échauf­
                  feu nu.                                   fer et porter à l’ébullition l’eau contenue
                    Curaudeau, Lelouis, en France, Edel-  dans d’autres bassins éloignés. Le calorique
                  crantz en Angleterre, essayèrent de perfec­  latent de la vapeur se condensant dans l’eau
                  tionner le chauffage à feu nu ; mais l’art du  de ces bassins, échauffe l’eau et la porte à
                  distillateur ne reçut aucun progrès des étu­  l’ébullition sans autre foyer, et l’on a ainsi,
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