Page 441 - Merveilles Industrie Tome 4
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L’ALCOOL ET LA DISTILLATION.                              435

         mentent, quand on considère que Solimani  che telle qu’on pouvait l’attendre d’un
         était, en ce moment même, occupé à la  homme entièrement étranger aux arts mé­
         construction d’un appareil pour la distil­  caniques et chimiques, se composait du
         lation des vins, et que les brevets des deux  fourneau et de la chaudière de Chaptal.
         rivaux ne sont séparés que par un inter­  Le serpentin de cet appareil était remplacé
         valle de vingt-trois jours.               par une caisse en cuivre, divisée en quatre
           Le lecteur aura, d’ailleurs, complète satis­  cases, qui communiquaient entre elles par
         faction sur ce point important de l’histoire  des tuyaux percés à leur extrémité de trous
         de la distillation. Quand nous en serons à  comme une pomme d’arrosoir. Après cette
         parler de Solimani et de son appareil, nous  première caisse, qu’Edouard Adam appelait
         entrerons,au suj et des rapports entre Edouard  appareil distillatoire, venait une deuxième
         Adam et Solimani, dans des détails précis,   caisse, semblable à la première, mais di­
         <pii montreront avec une entière évidence  visée en six compartiments au lieu de qua­
         qu’Edouard Adam avait appris de Solimani  tre. Enfin, au bout de cette même deuxième
         tout ce qu’il savait en chimie et en phy­  caisse, qu’Edouard Adam appelait appareil
         sique, et que ce fut bien Solimani qui lui  condensateur, venait le serpentin ordinaire
         suggéra l’idée d’appliquer l’appareil de  de l’alambic des distilleries.
         Woolf à la distillation des vins.           Lafigure 244 (page 437) représente lacoupe
           C’est, au mois d’août de l’année 1800,  de ce premier appareil d’Edouard Adam.
         qu’Edouard Adam aurait eu l’idée d’appli­   Pour obtenir du trois-six dans une
         quer l’appareil de Woolf à la distillation.  seule opération, sans aucune rectification,
         Dans le courant d’octobre, il essaye de  Edouard Adam remplissait de vin la chau­
         faire bouillir du vin, par la transmission  dière AB, ainsi que les quatre comparti­
         des vapeurs d’un autre vin tenu lui-même  ments de la première caisse, D, jusqu’à
         en ébullition, et il recueille, en opérant  environ la moitié de leur hauteur ; en­
         ainsi, une eau-de-vie très-spiritueuse.   suite, il faisait bouillir le vin de la chau­
           Ce principe à peine entrevu, Edouard  dière. Les vapeurs, composées d’un mélange
         Adam construit un appareil pour provoquer  d’eau et d’alcool, provenant du vin bouil­
         l'ébullition et la vaporisation du vin, dans  lant, se condensaient dans le premier com­
         une série de vases distincts, en n’employant  partiment, II, de la caisse, D, et finissaient
         qu’une seule chaudière, la chaudière Chap­  par faire bouillir le vin, G, contenu dans ce
         tal, qui servait alors dans toutes les distil­  premier compartiment. Le vin du premier
         leries. Quand son appareil fonctionne au  compartiment, II, devenu plus alcoolique et
         gré de ses désirs, Edouard Adam le trans­  échauffé par la condensation des vapeurs,
         porte à Montpellier, car il pense, avec rai­  passait dans le second compartiment, II. Ce
         son, qu’à Montpellier, la ville savante, siège  deuxième compartiment envoyait bientôt
         d’une Faculté de médecine, d’une Faculté  ses vapeurs dans le troisième, et ainsi de
         des sciences et d’une Ecole de pharmacie,  suite. Le vin du quatrième compartiment
         sa découverte sera mieux comprise, plus  finissait par renfermer presque tout l’alcool
         vite appréciée que dans la bonne et indus­  du vin de l’alambic et celui des trois pre­
         trieuse cité de Nîmes. Montpellier était, en   miers compartiments.
         outre, le point central du commerce des      La succession des mêmes effets s’accom­
         eaux-de-vie du midi de la France, et des  plissait dans la deuxième caisse, E. Le mé­
         grandes distilleries de M. de Joubert.    lange des vapeurs d’eau et d’alcool prove­
            L’appareil d’Edouard Adam, simple ébau­  nant de la première caisse, D, parcourant
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