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458 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
ont publié là-dessus plusieurs méthodes dont quel ne soit pas auteur d’une découverte importante ?
ques-unes sont aussi simples que sûres. La conformité dans les effets n’établit pas identité
« Mais ces méthodes étaient dans l’oubli et Adam dans les appareils.
les en a tirées, sans toutefois les copier, de sorte « En un mot Adam a rendu sans doute un grand
que, même sous ce point de vue, on lui doit de la service à l’art distillatoire. Mais Bérard en a rendu
reconnaissance. un tout aussi grand en nous faisant connaître un
« 2° Appareil d’Isaac Bérard. — La chaudière et le procédé de condensation aussi sûr et plus simple
serpentin d’Isaac Bérard sont les mêmes que ceux que celui du premier. Tous deux ont bien mérité de
des distillateurs ordinaires, employés jusqu’à nous. leur pays ; tous deux sont arrivés au bien par des
Son appareil ne diffère des anciens que par le con moyens différents, tous deux doivent jouir du fruit
densateur qu’il y a adapté. On ne doit donc le con de leurs découvertes. Si l’on voulait confondre des
sidérer que sous ce point de vue. choses si différentes, il n’y aurait plus moyen de
« Son condensateur est un cylindre dont la cavité faire un pas dans les arts. Un seul homme paraly
est séparée ou divisée en compartiments par le serait l’industrie et conserverait à jamais lemonopole
moyen d’un diaphragme percé d’ouvertures suffi d’un commerce. »
santes pour que les vapeurs passent de l’une à ’
l’autre. Cette structure présente un grand dévelop Une lettre adressée par Berthollet à
pement de surfaces qui facilite la condensation MM. Broussonnet, Pierre Figuier, Rey et
des phlegmes, lesquels passent aisément d’un com Joyeuse, le 23 septembre 1808, conclut dans
partiment à l’autre par des trous qu'on a pratiqués
a a bas du diaphragme et coulent dans la chaudière le même sens. Après avoir exprimé son
à l’aide de tuyaux. opinion sur le système d’Adam, Berthollet
« M. Bérard a pratiqué des robinets à trois ouver ajoute :
tures, qui permettent de faire parcourir à volonté
la totalité ou partie des compartiments aux vapeurs « Le procédé de M. Bérard, du reste fort ingé
alcooliques ; de sorte qu’à volonté il obtient de nieux, n’a pour but que d’éviter une rectification,
l’alcool plus ou moins déphlegmé et conséquemment mais il remplit ce but avec un appareil commode
de tous les degrés de spirituosité qu’il désire. et peu dispendieux. Je ne conçois pas comment on
« Cet appareil est d’une telle simplicité qu’il nie peut considérer cet appareil comme partie du pro
paraît le nec plus ultra de la perfection. cédé d’Adam ; il est bien dérivé des mêmes principes
« Cet appareil n’a rien de commun avec celui physiques, mais c’en est une application toute parti
d’Adam. Bérard et Adam arrivent au même but par culière. C’est aussi, à mon avis, une propriété in
des voies très-différentes. Je regarde même le con contestable de M. Bérard.
densateur de Bérard comme très-supérieur à celui « Il sera heureux pour votre pays, lorsque la paix
d’Adam par sa simplicité, et je ne doute pas qu’il ne lui rendra ses avantages, de pouvoir faire un choix,
soit généralement adopté par rapport au bas prix et entre différents procédés plus ou moins propres,
à la sûreté de ses effets.
selon les circonstances, à augmenter la valeur des
« Bérard condense dans un seul vaisseau, tandis productions. »
qu’Adam en établit une série dans lesquels il arrête
à volonté les vapeurs pour obtenir les divers degrés Le jugement du tribunal civil de Mont
Je spirituosité.
« Ces condensateurs ne se rapprochent que par pellier fut rendu le 19 mai 1809. Il con
leurs effets et n’ont pas d’autre ressemblance que damnait Edouard Adam à tous les frais du
cille qui est inévitable dans tous les appareils où procès, et même à l’amende.
l'on se propose le même but.
« Contestera-t-on par exemple à Woolf l’invention Voici le texte d’une partie de ce juge
de son appareil parce qu’avant lui on mettait de ment :
l’eau dans un récipient pour en condenser les va
peurs, et que même on faisait plonger dans ce liquide « En comparant, soit les mémoires descriptifs, soit
le col de la cornue? On obtenait à la vérité les les appareils, le tribunal a trouvé qu'il y avait une
mêmes résultats avant lui, mais les méthodes sont dissemblance absolue entre les deux inventions.
bien différentes ; et Woolf est resté l’inventeur de « Qu’Adam avait voulu retirer du vin tout l’alcool
son appareil. qu’il contient aux degrés de 3/8, de 3/7 et de 3/6 par
« Sans doute avant qu’on connût l’alambic, on dis- plusieurs distillateurs, qu’en cela Adam a pris la
Iillait des liquides ; on obtenait même de l’eau-de- science à l’état où elle était au moment de ses mé
vie en recevant dans des éponges la vapeur qui moires descriptifs, qu’il n’a fait que combiner les
s’élevait de l’eau de la mer en ébullition ; mais qui moyens de rectification mis alors en pratique avec
osera prétendre que celui qui a inventé l’alambic la théorie de Rumford sur l’utilisation- du calorique