Page 468 - Merveilles Industrie Tome 4
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462 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
arrête dans l’ardeur qu’il apportait au tra ' trois inventeurs qui ont suivi des routes
vail et aux recherches. différentes, qui ont résolu le même problème
Il mourut d’une hydropisie, le 8 février par des moyens divers. Dans les premiers
1819. Quant à l’association des inventeurs temps, les inventeurs, forts de leurs idées et
brevetés dirigée par Durand-Palerme, elle de leurs découvertes, se retournent les uns
ne produisit que de médiocres bénéfices. Le contre les autres; ils s’incriminent, ils se
seul profit qu’Isaac Bérard obtint jamais de querellent, ils engagent même des procès.
son invention, fut la vente des licences pen Mais le jour se fait, la question s’éclaircit, les
dant les premiers temps de sa découverte. animosités s’apaisent; au besoin les tribu
Il ne légua à sa fille, Mmo Maurin-Bérard, naux interviennent et prononcent. Alors,
que la suite d’un procès avec les héri les intéressés, ramenés au vrai sentiment
tiers Adam, procès qui devait durer plus des choses, oublient leurs rivalités; ils se
de trente ans et dont elle ne devait rien tendent la main, mettent en commun le
retirer. Le procès intenté par la fille d’Isaac résultat de leurs travaux, et exploitent en
Bérard, à la maison Durand-Palerme pour semble une découverte qui doit tourner au
redditionsde comptes, s’est terminé, en 1853, bénéfice général de la société. C’est ce qui
par la liquidation d’un dividende nul. arriva pour l'appareil à distiller les vins et
Telle est l’histoire exacte du procès et de les liquides alcooliques. Les inventeurs,
l’accord définitif des héritiers Adam et Bé Edouard Adam et Isaac Bérard, ayant réuni
rard, lutte qui a longtemps occupé les esprits leurs brevets, exploitèrent en commun leurs
dans le midi de la France. J’ai pu la rappeler appareils, et, pendant plusieurs années, la
d’autant plus exactement qu’elle a été sou société dirigée par le banquier Durand-
vent racontée devant moi, pendant mon en Palerme vendit dans le bas Languedoc,
fance, mon oncle Pierre Figuier ayant été, soit les appareils distillatoires d’Édouard
comme on l’a vu, l’un des experts et l’un Adam et de Bérard, soit les licences pour
des auteurs des rapports qui fixèrent l’opi les construire.
nion du tribunal de Montpellier. Tout le midi de la France connaît ces
faits. Cependant un chimiste, un écrivain,
animé d’ordinaire d’un esprit plus équitable
dans l’appréciation des travaux des indus
triels et des savants, M. Girardin, de Rouen,
CHAPITRE V
les a présentés sous un jour complètement
COMMENT ON ÉCRIT L’HISTOIRE DES INVENTIONS MO inexact. Alors que le procès des héritiers
DERNES. — M. GIRARDIN, DE ROUEN, ET SA BIOGRAPHIE
Adam et Bérard était oublié, M. Girardin
d’édouard adam. — rectification des erreurs de
alla ressusciter cette vieille querelle, en
M. GIRARDIN. — HONNEURS RENDUS A ÉDOUARD ADAM. —
INJUSTE OUBLI DES DROITS b’iSAAC BÉRARD. faisant preuve d’une singulière partialité
pour son compatriote. M. Girardin pu
L’histoire des découvertes d’Edouard blia, en 1836, dans la Revue de Rouen, une
Adam et d’Isaac Bérard et des débats i Biographie d’Edouard Adam, dans laquelle
qu’elles ont provoqués, est bien simple. > l’inventeur rouennais était exalté, au détri
C’est celle de toutes les grandes inventions ' ment et au mépris de tous ses compétiteurs,
qui répondent à un besoin essentiel de l’in- ' sans tenir le moindre compte ni de l’opi
dustrie ou des arts. 11 y a un but à atteindre, nion des savants contemporains, ni du juge
un grand résultat à réaliser; ce but est ment du tribunal de Montpellier, ni de l’as
atteint, ce résultat est réalisé par deux ou sociation des deux inventeurs qui suivit la