Page 430 - Merveilles Industrie Tome 4
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424                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                  consistent à se servir des deux vases, dont  introduire le vin ; la seconde, sur le milieu
                  l’auteur a déjà donné la description, et dont  de la cucurbite, se reliait au tube duserjoen/,
                  il attribue l’invention à « des hommes de  ou au serpentin; la troisième, au niveau du
                  génie » qui, sans doute, avaient vécu avant  fond du vase, servait à extraire le phlegme,
                  lui.                                      c’est-à-dire le résidu aqueux de la distilla­
                    L’un de ces vases est celui que représente   tion. Par-dessus la cucurbite, on disposait un
                  la figure 236, d’après l’ouvrage de Porta.   vase plein d’eau froide, proportionné à la di­
                  On ne peut se méprendre sur le sens du  mension du serpentin et dans lequel celui-ci
                  passage de Porta, dont voici le texte : M/ü  devait être contenu. Ce serpentin était luté à
                  per triceps seu quadriceps et septies vas, vel  l’orifice central de la cucurbite. La liqueur
                  per hydrarn distillant, ut variæ notæ aquam  qui distillait coulait dans le récipient, par
                  exhibeant, nam ex superiori tenuior aqua  l’autre extrémité de ce serpentin.
                  dérivât, ex inferiori phlegmate redundans,   Vers le milieu du dix-septième siècle, Ni­
                  quas omnes seorsum servant. « Quelques-uns  colas Lefèvre, l’un des fondateurs de la chi­
                  distillent, dans trois, quatre et même sept  mie, décrivit, dans son Traité de chimie, un
                  vases, c’est-à-dire dans Thydre, afin d’obte­  appareil qui ressemble à celui de Porta, que
                  nir de l’eau-de-vie à différents degrés de   nous avons représenté plus haut (fig. 235).
                  force, carie vase supérieur fournit une eau-  | C’est un long tuyau en zigzag, formé de
                  de-vie plus spiritueuse, le vase inférieur  plusieurs pièces angulaires, qui se raccor­
                  laissant écouler le phlegme, et tout étant  dent l'une à l’autre. Ce tuyau va aboutir à
                  ainsi conservé. »                          l’orifice du chapiteau ; au bec de ce chapi­
                    Le même chapitre se termine par ce pré­  teau est fixé le récipient condenseur.
                  cepte, qu’une seule distillation pratiquée   Nicolas Lefèvre décrit aussi, pour être
                  de cette manière vaut mieux qu’un grand  placé entre le chapiteau et le récipient, un
                  nombre d’autres, et sic semel distillando   réfrigérant, qui n’est qu’une allonge du
                  prævalet multiplici. Rien de plus clair que ce  col du chapiteau, laquelle traverse un ton­
                   chapitre. L'auteur y prouve que, par une seule  neau rempli d’eau froide. On trouve une
                  chauffe, on extrait immédiatement du vin,   figure de ce dernier appareil dans le Traité
                  des eaux-de-vie de divers degrés (ttan’æ notas),   de chimie de Lefèvre, imprimé à Paris, en
                  depuis le plus inférieur jusqu’au plus élevé.  1651, et réimprimé en 1660 et 1669.
                     On appela hydre à sept tètes l’appareil de   En parlant de l’alcool de vin (page 9 du
                  J.-B. Porta. On y pratiquait des ouvertures  deuxième volume de l’édition de 1669), Ni­
                   à différentes hauteurs, pour y prendre à vo­  colas Lefèvre s’exprime ainsi :
                  lonté une liqueur plus ou moins riche, selon
                   la distance entre l’orifice et la cucurbite.  « Comme il faut beaucoup de temps et beaucoup de
                     Un auteur italien, Savonarole, a décrit   frais pour arrivera ce pointde perfection, j’ai donné
                                                             le modèle d’un vaisseau, qui estcapable de faire cette
                  un appareil qui marque le premier pas vers
                                                             opération d’un seul coup et à peu de frais, sans qu’il
                   la production industrielle de l’alcool, en   soit besoin de tant de distillations réitérées qu’il fal­
                   permettant d’opérer la distillation des vins   lait faire avant cette belle invention pour y bien réus­
                   sur une plus grande échelle.              sir, à cause que les vaisseaux dans lesquels on faisait
                                                             les cohobations pour la rectification étaient trop bas,
                     Savonarole dit que l’on se servait, de son   ce qui était cause que le phlegme était toujours mêlé
                  temps, d’une grande cucurbite en cuivre    avec i’esprit ; mais dans le vaisseau que nous don­
                   læned) étamée à l’intérieur, et qui portait   nons, il est impossible qu’il puisse jamais monter,
                                                             quand même on donnerait une chaleur bien vio­
                   trois ouvertures : la première, placée au
                                                             lente, ce qui se connaît sur la fin de la distillation
                   sommet et un peu latéralement, servait à   de l’esprit-de-vin qu’on a mis dans la vessie ; car,
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