Page 428 - Merveilles Industrie Tome 4
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                  l’eau-de-vie commença à servir à la bois­  est le physicien napolitain, J.-B. Porta, le
                  son, et son usage se répandit dans presque  même qui a rendu son nom à jamais célèbre
                  tous les pays de l’Europe.                par l’invention de la chambre obscure,
                    Philippe-Jacques Sachs, chimiste alle­  instrument qui sert de base à la photogra­
                  mand, du xvne siècle, mentionne la distilla­  phie. J.-B. Porta publia, en 1609, un volume
                  tion du marc de raisin pour en retirer l’eau-  in-4”, écrit en latin, ayant pour titre Joannis
                  de-vie. Dans son Traité sur la vigne vinifère,  Baptistæ Portæ, Napolitani, de distillationi-
                  imprimé à Leipzig en 1661, Sachs décrit  bus, lib. IX, etc. Cet ouvrage traite de toutes
                  les divers procédés usités de son temps pour  sortes de distillations, de celle du vin en
                  concentrer l’eau-de-vie. Au moyen de l’alun  particulier, des vases que l’on doit y em­
                  calciné, ajouté au vin, on s’emparait de  ployer, de la manière d’opérer, etc. Le
                  l’eau, et par une seule distillation, on re­  dix-neuvième chapitre du premier livre
                  tirait de l’esprit-de-vin.                renferme la description de deux appareils
                    Tous les au'eurs qui ont écrit au seizième  qui peuvent servir à la distillation des vins,
                  siècle parlent de la distillation en termes  et qui prouvent que J.-B. Porta avait, sur
                  aussi obscurs que ceux du moyen âge. Ce  cette opération, les idées les plus exactes.
                  ne fut qu’au commencement du xvne siècle  Le premier de ces appareils se compose
                  que l’on vit paraître sur la distillation,   d'une chaudière munie d’un tuyau en forme
                  et sur la distillation des vins en particu­  de serpent.
                  lier, des ouvrages écrits d’une manière      Nous représentons ici (fig. 235) ce pre­
                  claire, précise et dégagée de tout langage  mier appareil distillatoire. A, est la chau­
                  alchimique.                                dière ou cucurbite; BB, le tube qui conduit
                    Pendant cinq ou six siècles l’art du dis­  les vapeurs au condenseur, C; D, le tube
                  tillateur demeura donc enfermé dans les  qui amène le liquide condensé dans un ré­
                  langes de la philosophie hermétique. Rien  cipient disposé sous le réservoir.
                  ne trahissait encore la plus faible tendance   Il est bon d’expliquer la forme tortueuse
                  vers un mouvement industriel quelconque.   donnée au tube BB qui surmonte la chau­
                                                             dière A. Les alchimistes et les chimistes
                                                             du moyen âge croyaient que Tesprit-de-vin,
                                                             Yeau ardente (aqua ardent) devait au feu
                               CHAPITRE II                   ses propriétés actives. Ils pensaient donc
                                                             devoir laisser le liquide qui fournissait
                  J.-B. PORTA DÉCRIT, AU XVIIe SIÈCLE, LA DISTILLATION DU
                                                             Y esprit-de-vin, soumis le plus longtemps
                    VIN. — LES APPAREILS DIST1LLATO1RES DE PORTA. —
                                                             possible à l’action de la chaleur. De là la
                    AUTRE APPAREIL POUR LA D1S1ILLATION DES VINS DÉ­
                    CRIT PAR NICOLAS LEFÈVRE, EN 165t. — CHRISTOPHE   forme contournée, bizarre, qu’ils donnaient
                    ■GI.AZER. — TRAVAUX DE GLAUBER SUR LA DISTILLA­
                                                             au col de leurs alambics. Ils voulaient par
                    TION. — LES ALAMBICS DE GLAUBER. — APPAREIL POUR
                    LA DISTILLATION DÉCRIT PAR MOÏSE CHARAS, EN 1676.   ce moyen prolonger l’action de la chaleur
                    ---- BARCHUSEN F.T BOERHAAVE FONT CONNAÎTRE d’aU-   sur l’esprit-de-vin, pour l’imprégner inti­
                    TRES APPAREILS POUR LA DISTILLATION. — ALAMBIC DE   mement de cette chaleur, où l’on voyait
                    POISSONNIER. — ALAMBICS DE BAUME ET DE L’ABBÉ
                                                            la cause des vertus spéciales de Y esprit-de-
                    MOLINE. — ALAMBIC DE MARAZIO, DÉCRIT EN 1795. —
                    APPAREIL ÉCOSSAIS DE O. RE1LLY, DÉCRIT EN 1806.  vin.
                                                               Le second appareil décrit par J.-B. Porta,
                    Le premier auteur qui ait décrit avec  dans son ouvrage, consiste en une série de
                  netteté et précision un appareil pour la dis­  sept à huit chapiteaux, qui ressemblent à
                  tillation du vin et l’extraction de son alcool,   des œufs.
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