Page 425 - Merveilles Industrie Tome 4
P. 425

I/ALCOOL ET LA DISTILLATION.                               419


            «Fais trois tubes (auXüvaj) d’airain, dont les parois   manuscrit grec de Zozime le Panopolitain.
          soient assez épaisses, et de seize coudées de lon­
          gueur. Les ouvertures ou langues pratiquées à la   On voit, dans cette figure, une cornue sur­
          partie inférieure du ballon, doivent exactement s’a­  montée d’un chapiteau de verre (fïxo; 6=Xtvo;)
          dapter à ces tubes, qui eux-mêmes viennent aboutir   qui communique, au moyen d’un bec, avec
          à d’autres ballons plus petits (fi’.zia). Un fort tube   un récipient a col allongé (X&ntâç vj àfyyoç ave-
          (àiuixsifs; awXiv) fait communiquer le matras (sous
          lequel on met le feu) avec le grand ballon en verre   VOŒTOpiOv).
                    : etl'appareil porte,contre toutealtente,   L’appareil distillatoire décrit par le savant
          (r.a:àJo;o;), l’esprit (oteûu.») en haut. Après avoir ainsi   de l'Ecole d’Alexandrie dut se répandre de
          adapté les tubes, on en lute (auizmr.Xwsai) exactement
          toutes les jointures. Il faut avoir soin que le grand   bonne heure chez les Arabes, et servir, dans
          ballon en verre, placé au-dessus du matras (avec   les contrées de l’Orient, à obtenir des eaux
          lequel il communique par un tube\ soit assez épais   odorantes avec les végétaux aromatiques. Il
          pour que la chaleur, qui fait porter l’eau en haut   est certain que l’on trouve dans les ouvrages
          ■-f.ç 0’py.yi; toû ûïâTc; z.ctigcùaz; to à<aSaivti<), ne le brise
          pas. »                                    arabes la mention très-expresse de l’alam­
            Les petits récipients et le ballon supérieur étaient   bic, dès le ixc siècle. En ajoutant au mot
          toujours en verre (ûïXiwt), tandis que le ballon infé­  ambix, qui avait été employé par les sa­
          rieur (Xwîtâ;) était souvent fabriqué avec une pâte
          argileuse. Les tubes de communication paraissent   vants grecs de l’Ecole d’Alexandrie, la par­
          avoir été moins souvent en métal qu’en terre   ticule arabe al, on eut le mot arabe al
          (auXxvs; ôarpâxtvci).                     ambic, qui devint alambic chez les chimistes
            M. Hœfer rapporte plus loin (1) un autre   français du moyen âge.
          passage du même auteur, qui est accompa­    L’eau de roses fut préparée de très-bonne
          gné du dessin d’un appareil distillatoire plus   heure en Orient, grâce à lW-amfo’c. Cette
          complet que les précédents, et qui ressemble   eau aromatique donna lieu à un commerce,
          entièrement à celui que les chimistes     très-actif en Asie.
          arabes firent connaître, et que les chimistes   Rh asès, qui vivait auixe siècle après Jésus-
          du moyen âge appelèrent pélican.          Christ, était un de ces savants arabes qui,
                                                    au moyen âge, faisaient fleurir dans 1’0-
                                                   ! rient les connaissances scientifiques, alors
                                                   j entièrement délaissées dans toute l’Europe.
                                                   ! Rhasès a écrit une sorte A'Encyclopédie, qui
                                                    résume les connaissances dont les Arabes
                                                    étaient en possession au ixe siècle. C’est
                                                    dans l’ouvrage de Rhasès que l’on trouve
                                                    pour la première fois le mot al-ambic.
                                                    Rhasès parle avec détail de la préparation
                                                    de l’eau de roses, au moyen de \'al-ambic;
                                                    mais il ne dit pas un mot de la distillation
                                                    des vins, ni de l’extraction de l’alcool.
                                                      Albuc.asis, autre chimiste arabe qui vivait
                                                   . à la fin du xi° siècle, parle de la distillation
                                                    dans Je même esprit que Rhasès. Il fait
                                                    mention de l’eau de roses obtenue en dis-
                                                   | tillant de l’eau avec ces fleurs; mais il ne
            La figure 232 représente le dessin de cet   dit rien de la distillation des vins.
          appareil donné par M. Hœfer, d’après un     Même remarque pour Avicenne, autre sa-
            (l)Page 270.                            vant arabe qui écrivaitégalementauxfsiècle.
   420   421   422   423   424   425   426   427   428   429   430