Page 398 - Merveilles Industrie Tome 4
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                  tion s’achève lentement dans des quarts que   remettant deux fois le moût sur le malt après
                  l’on maintient à une température très-basse.  deux traitements par l’eau chaude, et pré­
                    Le houblon dont on se sert pour la bière  parant un troisième moût de lavaqe, le tout
                  de Munich, est le plus riche que l’on puisse  en opérant, non par infusion, comme en An­
                  rencontrer en Bavière, pour les principes  gleterre , mais par décoction, et en em­
                  toniques et amers. Le malt est le malt pâle  ployant la fermentation basse.
                  obtenu avec l’orge à deux rangs, séché à une   Les proportions de matières à prendre
                  douce température, pour qu’il ne jaunisse  varient suivant qu’on veut des bières douces
                  point. On le réduit en farine.            ou amères, suivant que les bières doivent
                    Les tonneaux qui servent à conserver les  être consommées à l’état jeune ou conser­
                  bières allemandes, sont enduits de poix du  vées. Nous supposerons ici que l’on veut fa­
                  Tyrol. L’odeur aromatique de cette poix et  briquer 25 hectolitres de bières d’hiver ou
                  une partie de sa saveur, se communiquent à  de garde d’une densité de 1,053.
                  la bière. Pour poisser les tonneaux, on     Les matières à employer, dans ce cas, sont :
                  enlève un de leurs fonds, on les chauffe sur
                                                            Malt pâle................................................  13 hectolitres.
                  un feu de paille, on y verse de la poix fon­
                                                            Houblon..................................................  13 kilogrammes,
                  due et on les roule, pour en enduire toute   Levûre de fond.................................  1 litre.
                  la surface intérieure. Le fond qui a été dé­  Colle de poisson............................  300 grammes.
                  taché, est, à son tour, enduit de poix chaude.   Poix du Tyrol, pour les ton-
                                                              neaux..................................................  50 kilooTainmes.
                  Un tonneau ainsi poissé communique son
                  odeur aromatique à toute la bière que l’on   On moud le grain, après l’avoir humecté
                  peut y conserver et renouveler.           d’eau et séché en partie, et on porte le grain
                    D’autres aromates sont ajoutés à la bière  concassé dans la cuve-matière, qui contient
                  de Munich, mais on fait, en général, un  déjàdel’eau froide. On délaye le malt moulu
                  secret de ces matières.                   dans cette eau froide, puis on y verse de
                    La bière de Bavière se clarifie avec de  l’eau bouillante, dans la proportion de
                  la colle de poisson, ou de la gélatine de   150 litres par hectolitre de malt. Cette eau
                  pied de veau.                             bouillante arrive par un faux fond, comme
                    La levûre employée pour faire fermenter  dans les cuves-matières employées en France,
                  les bières de Bavière, est celle que l’on  et l’on a soin de toujours agiter la masse,
                  trouve à la partie inférieure des cuves de  avec l’agitateur mécanique. Alors on laisse
                  fermentation ; c’est par conséquent de la  le moût en repos jusqu’à ce que sa tempé­
                  levûre de dépôt, que l’on recueille avec l’at­  rature soit descendue à environ -f- 34°, et
                  tention de ne point y mêler de levûre su­  après une nouvelle agitation, on fait écouler
                  perficielle.                              ce moût ou du moins une partie (23 hec­
                    La bière d’hiver se prépare en cinq ou six  tolitres) dans la chaudière à cuire.
                  semaines ; elle peut se conserver trois ou   Ce premier moût trouble et épais s’ap­
                  quatre mois et même davantage, mais il vaut  pelle en Bavière, dickmaische. Quand il est
                  mieux la consommer auparavant.            arrivé dans la chaudière à cuire, on le
                    Nous allons décrire le procédé général qui   porte à l’ébullition, en l’agitant continuel­
                  sert à préparer les bières de Bavière d’hiver  lement, pour que la matière solide ne se
                  ou d’été, c’est-à-dire les bières jeunes et les  brûle pas au contact du fond de la chau­
                  bières de garde.                          dière. Après une heure environ de cette
                    Ce procédé consiste, pour le résumer en  ébullition, on ramène cette première infu­
                  peu de mots, à faire deux moûts épais en  sion dans la cuve-matière, pour la charger
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