Page 388 - Merveilles Industrie Tome 4
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                limpide et très-aromatique. Le porter con­  une autre addition à -j- 90’. La seconde
                tient quelquefois jusqu’à 9 pour 100 d’alcool;  trempe est faite avec de l’eau à -j- 90°. Ces
                il constitue alors une boisson aussi alcoo­  deux premières trempes servent à fabri­
                lique que nos vins de table. Le stout est une  quer la bière forte. Les deux trempes sui­
                variété de porter.                        vantes fournissent la bière de table ou la
                  Les bières anglaises doivent leur couleur  bière ambrée. En lavant le moût resté comme
                à l’addition au moût d’une petite quantité de  résidu de ces opérations, on a la petite bière.
                malt fortement torréfié dans des appareils  Quelquefois cependant on réunit toutes les
                tout à fait analogues à nos brûloirs à café.  trempes, pour faire une seule bière, une
                  On distingue, parmi les aies, Yale d’ex­  bière moyenne.
                portation, dit de Londres, Yale ordinaire, ou   Après que l’on a fait cuire le moût avec
                pale-ale, et le scotch-ale, ou ale d’Ecosse.  le houblon, on le fait passer dans les bacs
                Parmi les porters, \e porter ordinaire, le por­  refroidisseurs, vastes bassins que l’on voit
                ter de garde et le stout, ou brown-stout, méri­  représentés, avec la cuve-matière, la tou-
                tent une description particulière. Il faut en­  raille, etc., sur la figure 220.
                core signaler Y amber-beer (bière ambrée) et   Le moût étant suffisamment refroidi, on
                la table-beer (bière de table).           le dirige vers la cuve à fermenter, où on
                  Toutes les bières anglaises se fabriquent  le met en levûre. Vers le quatrième jour,
                par la fermentation rapide, ou superficielle :   lorsque la fermentation est à son maximum
                ce sont des bières hautes, selon l’expression  d’intensité, on fait arriver le liquide fer­
                consacrée. On n’a encore appliqué le pro-  menté dans des tonnes, ou cuves d’épura­
                cédé de la fermentation lente, oufermentalion  tion, nommées stillions, qui sont tenues
                basse, qu’à Yale d’Ecosse.                constamment pleines, afin que la levûre
                  L'ale et le porter sont des bières fortes ;   tombe hors de la tonne. Quand la fermen­
                Y amber-beer et la bière de table sont des  tation est bien achevée, et que la bière com­
                bières ordinaires. De petites bières se pré­  mence à se clarifier, on la fait passer dans
                parent avec le malt qui a déjà donné de la  les cuves de réserve.
                bière forte et de la bière ordinaire.        Bien que l’on opère par fermentation ra­
                  Laie est une bière pâle et douce, forte­  pide, tout est calculé, dans la fabrication
                ment alcoolique. Son goût est très-agréable,  anglaise, pour que le travail soit aussi lent
                car on ne la prépare qu’avec des matières  et aussi modéré que possible, ce qui doit ren­
                de première qualité. On a soin de retarder  dre la liqueur stable et de bonne garde.
                la fermentation, afin d’y conserver-un peu   C’est pour la préparation de Yale que l’on
                de sucre. Le portei' est brun, plus ou moins  s’efforce de ralentir la fermentation, plutôt
                foncé, plus alcoolique, moins agréable et  que pour le porter. En effet, la fermentation
                plus empyreumatique que Yale. Pour les  de Yale est terminée en trois ou quatre
                amateurs, le porter bien préparé est la pre­  jours, tandis qu’elle ne se termine qu’en six
                mière bière du monde. On a grand soin, en  à huit jours pour le porter.
                Angleterre, de ne le brasser que dans les    Un moyen employé en Angleterre pour ra­
                mois de février et mars, c’est-à-dire à une  lentir la fermentation, consiste, au moment
                température moyenne.                       où la fermentation du moût est la plus ac­
                   En général, on traite le moût par infusion  tive — alors que la levûre déborde et se réu­
                et non par décoction. L’empâtage et la pre­  nit à la surface de la cuve, avec une cou­
                mière trempe se font à la fois par deux addi­  leur brunâtre, qui augmente de plus en
                tions successives d’eau à -|- 65°, puis, par  | plus — ce moyen consiste à enlever la
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