Page 364 - Merveilles Industrie Tome 4
P. 364

358                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


               quantité, quand la fermentation a été opé­  clarifié et houblonné, et l’on attend qu’une
               rée, comme nous venons de l’exposer, est la  fermentation fortuite s’y déclare. Cette fer­
               levûre de dépôt. A la fin de l’opération, on   mentation commence, en effet, au bout de
               réunit ces deux levùres, on les lave, puis on   dix à douze jours ; elle a été provoquée par
               les comprime dans des sacs de toile. Elles  les germes du ferment qui flottent dans l’at-
               constituent la levure de bière, que les bras­  inosplière de toute brasserie. Elle est plus
               seurs vendent aux boulangers et aux pâtis­  lente que celle qui est provoquée par l’ad­
               siers, pour diverses opérations.          dition de la levûre de bière, mais elle donne
                 Les tonneaux d’épuration, c’est-à-dire les  les mêmes résultats, et imprime son goût et
              vases dans lesquels se fait la deuxième fer­  ses qualités particulières aux bières de la
               mentation du moût dans les brasseries de   Belgique et de la Hollande.
               l'Angleterre, ont un tout autre aspect que
              ceux des brasseries de Paris. Ce sont de
              grandes tonnes, placées debout et qui n’ont
              pas moins de 4,000 à 5,000 litres de capa­             CHAPITRE VL
              cité. Leur fond supérieur est pourvu d’une
              large ouverture, par laquelle s’échappent la   CONSERVATION DE LA BIÈRE ET SOINS A LOI DONNER. —
                                                          CLARIFICATION DES BIÈRES LÉGÈRES. — CUVE DE GARDE
              mousse et le ferment. Recueillies par un    DES BIÈRES FORTES. — LES CUVES DE GARDE POUR LE
              conduit de bois, la mousse et la levûre se   PORTER, A LONDRES.
              rendent dans un réservoir inférieur.
                 On appelle en Angleterre stillions les    Les bières légères, telles qu’on les pré­
              grandes tonnes dans lesquelles s’accomplit  parait autrefois en France en si grande
              la seconde fermentation.                   quantité, et qui ne peuvent se conserver
                 La fraîcheur naturelle des caves de la bras­  que quelques mois, sont expédiées chez le
              serie suffit pour conserver la bière haute.   consommateur dans les quarts où elles ont
              Mais, pour conserver les bières basses, c’est-  subi la dernière fermentation. Mais comme le
              à-dire obtenues par la fermentation à basse  liquide est chargé d’une assez grande quan­
              température, il faut absolument éviter toute  tité de substances étrangères, qui troublent
              élévation de température. A cet effet, la bière  sa transparence et provoqueraient rapide­
              est tenue renfermée dans des caves dont la  ment son altération, il est bon de procéder
              température est maintenue artificiellement  au collage, ou à la clarification de ce li­
              à la température de -J- 2". U faut, pour assu­  quide. Le collage s’effectue presque tou­
              rer le maintien de cette température, rem­  jours chez le consommateur ou le débitant;
              plir la cave de glace, c’est-à-dire la trans­  mais le brasseur soigneux ne devrait s’en
              former en une véritable glacière, car si la   rapporter qu’à lui-même du soin de celte
              cave s’échauffe, la bière est perdue.      opération ; il devrait se faire un devoir,
                                                         quoiqu’il s’en exempte souvent, de n’expé­
                 Disons, pour terminer, cette description  dier ses bières que collées et clarifiées.
              des différentes manières de provoquer la fer­  Le collage, ou clarification de la bière,
              mentation de l’infusion germée d’orge, que  ne ressemble aucunement au collage du vin.
              l’on suit en Belgique, pour la préparation de   On sait que le tannin qui existe dans le vin,
              certaines bières, le faro, le lambïk, etc., un  se combinant à la gélatine ou à l’albumine,
              système tout différent. On n’ajoute aucune­  employées comme agent de clarification,
              ment de levûre au moût pour le faire fer­  donne un véritable précipité, le tannate
              menter. On abandonne à lui-même le moût  d’albumine ou de gélatine, qui, se formant
   359   360   361   362   363   364   365   366   367   368   369