Page 361 - Merveilles Industrie Tome 4
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LA BIÈRE.                                   355


         mentation, fermentation infère, et l’on ap­ ! Quand la cuve à fermentation est remplie
         pelle bière basse la bière obtenue par ce ; de moût à la hauteur convenable, on délaye
                                                    dans le moût la quantité de levûre qui doit
           Quand on veut faire fermenter à basse  provoquer la fermentation. Cette levûre
         température, il faut refroidir beaucoup plus  n’est autre chose que celle que l’on a
         le moût dans le réfrigérant à eau que quand  recueillie à la surface d’une autre cuve,
         on veut fabriquer de la bière haute. Pour la  pendant une opération précédente. Quant à
         première, il suffit de faire traverser le ré­  sa quantité, elle varie nécessairement selon
         frigérant par de l’eau de puits marquant  l’espèce de bière que l’on veut préparer, se­
         4- 11°, ou + 12°; mais pour la seconde, il  lon la qualité de moût, et la température
         faut employer de l’eau qui ait préalablement  extérieure. A Paris, pour préparer la bière
         traversé de grandes masses de glace et dont  double, on prend au printemps et en au­
         la température soit de 4- 2° à 4- 3°.     tomne du poids du moût, et seulement
           Si l’on veut produire de la bière basse, on  pour la petite bière.
         emploie des cuves de faible capacité ; mais,   La levûre étant ajoutée dans la cuve, on
         si l’on veut, comme en Angleterre, en Bel­  agite vigoureusement toute la masse, pour
         gique, produire de la bière haute, il faut  y répartir également l’agent provocateur de
         opérer sur de grandes masses, c’est-à-dire  fermentation, et l’on recouvre la cuve d’un
         employer des cuves de grandes dimensions,  couvercle de bois garni de nattes de paille,
         parce que la fermentation est plus cons­  tant pour mettre la surface du liquide à
         tante et plus régulière dans de telles condi­  l’abri de l’action de l’oxygène de l’air, que
         tions, et qu’elle est moins influencée parles  pour maintenir sa température.
         variations de température.                   Six heures à peine après l’addition de la
                                                   levûre (quand on prépare de la bière haute,
           De même que dans la fermentation du moût  c’est-à-dire que l’on agit à la température
         de raisin pour la fabrication du vin, on dis­  de 4- 15° à 4' 18°), la fermentation com­
         tingue une fermentation tumultueuse et une  mence. Le champignon microscopique qui
         fermentation lente, on distingue, pour le  constitue la bière (Uredo cervitiæ) trouvant
         moût de grain, une fermentation tumultueuse  dans le liquide sucré du moût du grain les
         et une fermentation lente. La première se  conditions nécessaires à sa vitalité et à son
         fait dans une vaste cuve de bois, que l’on  accroissement, grandit, se développe, pousse
         nommait autrefois dans les brasseries fran­  ses bourgeonnements et se multiplie à tel
         çaises, cuve guilloire, la seconde s’accomplit  point qu’à la fin de l’opération on trouvera
         dans des fûts nommés quarts.               dans le liquide une quantité de levûre 6 à 7
           Les cuves à fermentation de Paris contien-  fois supérieure à celle que l’on a employée,
         nentde 30,000 à 40,000litres de liquide, mais  et parfaitement conforme, sous tous les rap­
         elles ne sont remplies qu’aux deux tiers,   ports, à la levûre mère ; ce qui prouve bien
         car il faut laisser la place à la mousse  qu’il s’est passé ici une véritable action vitale,
         volumineuse provoquée par le dégagement  la multiplication d’un champignon microsco­
         du gaz acide carbonique qui prend naissance  pique. \dVredo cervitiæ agissant sur le sucre
         par la fermentation. Les cuves des brasse­  contenu dans le moût d’orge, décompose ce
          ries de Londres sont de véritables maisons  sucre, pour s’en nourrir et s'en approprier
          de bois, à trois étages, qui ne contiennent  les éléments et transformer ce sucre en al­
          pas moins de 200,000 ou 250,000 litres de   cool, en acide carbonique, en glycérine eten
          liquide.                                I acide succinique, comme cela arrive dans la
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