Page 332 - Merveilles Industrie Tome 4

326 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

mico-physiologique qui est l’âme de l’opé­ un Dieu. D’autres font honneur de la dé­
ration, ce qui n’empêchait pas d’obtenir de couverte du vin d’orge à la déesse Cérès, qui
bons produits. en aurait doté les peuples dont les terres se
Nous disons que la fabrication de la bière refusaient à la végétation de la vigne. De
remonte à la plus haute antiquité. C’est là est venu le nom de cervitia, cerevisia, ou
qu’une boisson alcoolique quelconque est in­ ceria, dont Pline se sert pour désigner cette
dispensable à l’entretien de la vie et de la boisson, ainsi que le nom de cervoise qui,
santé de l’homme. Dans les différentes par­ dans l’ancien langage français, désignait la
ties du globe, et de tout temps, d’ailleurs, bière.
les peuples, tant civilisés que sauvages, ont C’est dans la ville de Peluse, située sur
fabriqué des vins de fruits. Dans les pays les bords du Nil, que l’on préparait la meil­
propres à la végétation de la vigne et à la leure bière d’Égypte : on l’appelait vin d’orge
maturité du raisin, on fabrique le vin. On de Péluse.
remplace le vin par le cidre dans les pays Les Égyptiens appelaient zithos et curmi
à pommiers. Dans d’autres contrées, les vins la bière, qui formait la boisson ordinaire de
de palmier, de bananes, de canne à sucre, la plus grande partie du peuple égyptien.
de bouleau, de miel, etc., sont les liquides Le zithos et le curmi différaient par la cou­
spiritueux qui servent à relever les forces leur, la saveur et le mode de préparation.
de l’homme et à varier son alimentation. De l’Égypte le vin d’orge passa dans la
Les peuples qui manquent de fruits, tels Grèce. Un auteur grec, AntiJochus (720 ans
que les Tartares, fabriquent, avec le lait de avant Jesus-Christ), le poète Eschyle, ainsi
leurs juments, une liqueur alcoolique. En­ que Sophocle (400 ans avant Jésus-Christ),
fin, dans les pays où les céréales croissent enfin Théophraste, dans son ouvrage sur les
avec abondance, l’esprit industrieux de Plantes (350 ans avant Jésus-Christ), parlent
l’homme a imaginé l’opération qui con­ du vin d’orge germée. Aristote mentionne
siste à fabriquer, avec les grains des céréales également ce produit. Théophraste l’appelle
mis artificiellement en état de germina­ oïvoç xptOîjç {vin d’orge), Eschyle et Sophocle
tion, puis broyés, traités par l’eau et sou­ oîvo; et ÇtiOoç Ppurov.
mis à la fermentation, une boisson spiri- Les Thraces fabriquaient la même boisson
tueuse. en ajoutant des fruits à l’orge germée ; ils
l’appelaient bruton.
Ces considérations feront comprendre que, Le zythos passa de la Grèce dans l’Italie et
dans les pays riches en céréales, on ait, de dans les Gaules, puis dansl’Ibérie (Espagne)
très-bonne heure, fabriqué de la bière, c’est- et dans la Germanie, où il devint la bois­
à-dire du vin de grains. son la plus générale.
C’est dans l’ancienne Egypte et la Phéni­ Tacite rapporte que les peuples de la Ger­
cie que les auteurs signalent l’usage de la manie fabriquaient la bière et en buvaient
bière pour la première fois. Ils donnent à souvent avec excès dans leurs festins.
cette boisson le nom de vin d’orge. Les anciens Bretons et les Gaulois con­
Hérodote attribue la découverte du vin naissaient également la bière, avant de su­
d’orge à Osiris, qui, 1960 ans avant Jésus- bir la domination des Romains. Les vieux
Christ, après avoir été le conquérant de chants Scandinaves où cette boisson est van­
l’Egypte, en devint le civilisateur, initia tée, prouvent que la bière était familière aux
ce pays à la connaissance de l’agriculture et Bretons et aux Gaulois.
des arts, et fut, après sa mort, adoré comme Les Gaulois ajoutaient du miel à l’orge et