Page 326 - Merveilles Industrie Tome 4
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               pour le pays qui le produit, une source de  l’oxygène de l’air commençant à exercer
               richesse.                                  sur lui son action destructive. On peut
                  Quoique les propriétaires de Normandie  prévenir cette altération en ayant soin de
               s’occupent peu de perfectionner les procé­  soustraire le liquide à l’air, c’est-à-dire de
               dés, il existe cependant plusieurs méthodes  renfermer le cidre dans des fûts toujours
               pour mettre le cidre en bouteilles et lui faire  pleins, et de ne le tirer jamais au tonneau.
               acquérir des qualités vineuses. Mais ces     Les cidres acides sont des cidres qui sont
               moyens sont si peu connus qu’il est difficile  a lté rés. Ils renferment un excès d'acide
               à un praticien d’en essayer plusieurs et d’o­  acétique ou malique, quand les pommes ont
               pérer comparativement pour arriver au  été écrasées avant leur maturité, ou quand
               meilleur résultat.                        la saison a été mauvaise. Il n’est aucun
                  M. Chesnon a fait connaître le moyen sui­  moyen de remédier à ce défaut, qui tient
               vant. Le jus des pommes ayant subi la fer­  aux mauvaises conditions dans lesquelles la
               mentation tumultueuse à découvert, et la  fabrication s’est faite. M. Morière recom­
               seconde fermentation dans le tonneau, est  mande d’administrer aux cidres verts en
               additionné d’un peu d’eau et mis en bou­   acides, 100 grammes de tartrate de potasse
               teilles. Pour le faire mousser, on ajoute,  par hectolitre, mais ce moyen serait dispen­
               par chaque litre, 6 à 7 grammes de sucre  dieux pour un liquide d’aussi peu de valeur.
               candi blanc. On a ainsi une liqueur agréa­   Les cidres peuvent devenir filants et gras
               ble, capiteuse et susceptible de se conserver  comme les vins blancs, quand ils ne sont
               longtemps.                                 pas assez riches en alcool. Cette maladie se
                  Quel que soit le procédé que l’on suive,   manifeste par une odeur putride, une con­
               la plus grande difficulté à vaincre est celle   sistance huileuse, que l’on désigne par une
               que l’on rencontre dans la fabrication du  expression triviale en disant que le cidre
               vin de Champagne : la casse des bou­       file. On préserve les cidres de cette maladie
               teilles. Mais cette difficulté est en grande  en les traitant comme les vins blancs, c’est-
               partie résolue depuis que l’on est parvenu à  à-dire en les soutirant, les filtrant sur de la
               faire des bouteilles capables de supporter la  paille, leur ajoutant de l’alcool et du tannin,
               pression intérieure. Depuis quelque temps,   sous forme de cachou.
               d’ailleurs, les Normands se servent, pour    M. Lefrançois, pharmacien à Nantes, at­
               contenir le cidre, de cruchons de grès,    tribue cette maladie à l’absence de la quan­
               dont la valeur est minime. Ces cruchons  tité de tannin nécessaire pour précipiter la
               de grès remplaceraient avantageusement  gliadine, substance mucilagineuse qui, selon
               les bouteilles à champagne.                ce chimiste, existe dans le cidre malade, et le
                                                          rend visqueux.
                                                            Dès la première apparition de la maladie
                                                          de la graisse, on ajoute au cidre 15 grammes
                            CHAPITRE IV                   de tannin en dissolution, et on agite. L’a­
                                                          cide coagule la matière visqueuse, on colle
                           LES MALADIES DU CIDRE.
                                                          et on décante.
                  Un mot, avant de terminer, sur ce que     M. Malagutti conseille d’ajouter au cidre
                l’on a appelé les maladies du cidre, par  gras 3 litres d’alcool par 7 à 8 hectolitres, ou
                analogie avec les maladies du vin.        7 à 8 onces de cachou.
                  Et d’abord, le cidre, pendant qu’on le    Au lieu de combattre la maladie, ne se­
                tire au tonneau, est déjà un cidre malade,   rait-il pas plus simple d’en prévenir la cause
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