Page 318 - Merveilles Industrie Tome 4
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312                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                se communique à toute la cuvée, et qu’on   pommes, on se servait autrefois, dans toute
                ne peut faire disparaître ni par la fermen­  la Normandie, d’un pilon en bois de poirier,
                tation, ni par le remisage, ni par le temps.  de sorbier ou de charme, qui servait à broyer
                                                          les fruits dans une auge de bois. Ce
                  « Le jus de pommes pourries empêche, en outre,   moyen était, dit-ori, excellent, mais pénible
                dit M. Girardin, le cidre de s’éclaircir, et, agissant
                comme un levain acide, il en accélère l’acétification.
                Tout prouve que l’infériorité de beaucoup de cidres
                des environs de Rouen, du pays d’Auge et d’autres
                localités, est due en grande partie à l’emploi de
                fruits gâtés ou pourris. »
                  On a le tort, en Normandie, de confondre
                ensemble toutes les espèces de pommes d’une
                même saison, sans avoir égard à leurs qua­
                lités ni à leurs proportions respectives. Il
                vaudrait mieux mélanger des fruits de plu­
                sieurs solages, de manière à neutraliser les
                défauts des uns par les bonnes qualités des
                autres. Le meilleur cidre, sans contredit, est
                celui qui provient du mélange, en propor­
                tions raisonnées, de pommes amères et de
                pommes douces. Il faudrait donc rejeter de
                tout clos à pommiers les arbres à fruits
                acides. Les pommes aigres, quel que soit
                le sol, donnent toujours un cidre de mau­
                vais goût et qui gâte le jus des pommes
                douces et amères.






                             CHAPITRE II
                                                            Fig. 194. — Coupe du grugeoir à écraser les pommes,
                FABRICATION DU CIDRE. — LE TOUR A PILER LES POMMES.
                  — LE CONCASSEUR DE POMMES. — LE PRESSURAGE DES   et coûteux, et l’on a dû y renoncer à mesure
                  POMMES PILÉES. — LE PRESSOIR PRIMITIF DE LA NOR­
                                                          que le prix de la main-d’œuvre a augmenté.
                  MANDIE. — LA PRESSE HYDRAULIQUE. — LE PRESSOIR
                                                          Lepilage à bras d’homme ne s’exécute plus
                  SALMON. — FERMENTATION DU MOUT DE POMMES DANS
                  LE TONNEAU OU DANS LA CAVE. — LE CIDRE MOUSSEUX.  que chez quelques petits cultivateurs, et
                                                          dans les cantons où la main-d’œuvre est à
                  Lespommes ayant achevé leur maturation  très-bon marché.
                en tas, il faut les écraser, les réduire en   L’auge dans laquelle on plaçait lespommes,
                pulpe, pour en exprimer le jus, afin que  pour les piler, était longue de 5 ou 6 pieds,
                le ferment soit mis en état de réagir sur le  et creusée en rond dans une pièce de bois de
                sucre contenu dans le jus et de le convertir  18 à 20 pouces d’équarrissage. Quant aux
                en alcool et acide carbonique, comme dans  pilons, ils se composaient d’une masse de
                la fermentation du jus de raisins.        bois arrondie à la partie inférieure, afin de
                  Pour piler, c’est-à-dire pour diviser les  s’emboîter avec le fond de l’auge. Mais
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