Page 307 - Merveilles Industrie Tome 4

LE VIN. 301

ration des vins, sont, d’après M. Rou­ L’acétate de soude, en dissolution con­
vière : centrée, donne une coloration lilas assez
1° Le carmin de cochenille ; constante dans le même vin.
2° La solution alcoolique de fuchsine; L’emploi de la soie écrue, décreusée et
3° Le sulfate d’indigo. mordancée avec le chlorure d’étain ou avec
M. Rouvière commence par faire agir les le sulfate d’alumine, est un moyen de
alcalis caustiques, qui colorent ou qui pré­ contrôle très-sérieux. L’effet est purement
cipitent la matière colorante du vin en un physique, mais il est très-sûr. La soie
vert plus ou moins jaunâtre, tandis qu’ils ainsi préparée, mise à macérer, de vingt-
ont peu d’action sur les matières colorantes quatre à quarante-huit heures, dans un vin,
de nature minérale ; ils les brunissent et les fixe les matières colorantes animales et mi­
font virer au rouge violacé. nérales en un précipité coloré que les la­
On traite, dans un verre à expérience, vages prolongés à l’eau distillée n’enlèvent
une petite quantité de vin par de la baryte pas, tandis qu’ils entraînent complètement
caustique additionnée d’alumine. Il se pro­ la couleur naturelle du vin. C’est là le
duit toujours un précipité rouge violacé, si meilleur réactif de la fuchsine ajoutée aux
le vin est coloré par le carmin de coche­ vins. On peut extraire la fuchsine de ce
nille ou la fuchsine. > tissu (après l’avoir bien lavé) en le traitant
Si le carmin a été employé en petite par l’alcool amylique.
quantité, ou s’il est de mauvaise qualité (on Cette soie s’imprègne également des cou­
en a trouvé qui contenait 60 pour 100 de leurs végétales ajoutées au vin. Après le
gélatine), il faut, pour déceler sa présence, lavage à grande eau, elle reste colorée en
verser sur le précipité trois fois environ son bleu-violet, si l’on a employé les roses tré­
volume d’eau distillée ; agiter et laisser mières ou les pavots rouges ; et elle se co­
reposer. Au bout de cinq minutes, le pré­ lore en vert foncé ou vert-jaune, si c’est le
cipité s’est reformé, et le liquide qui sur­ suc d’un fruit que l’on a introduit dans le
nage est d’un rouge plus ou moins foncé; vin.
tandis que, si le vin est pur, le liquide sur­ Il est donc très-facile de collectionner
nageant est jaune verdâtre, mais jamais divers échantillons de cette soie qui, bien
rouge. lavés et séchés, peuvent servir comme types
Il est bon de coller le vin avec un excès comparatifs.
d’albumine pour avoir des réactions plus En 1876, on signala à Nancy des acci­
franches. dents d’empoisonnement occasionnés par
La baryte caustique, additionnée d’albu­ des vins, et l’autorité ayant fait procéder à
mine, donne des précipités jaunâtres dans la saisie et à l’examen de ces vins, l’analyse
les vins colorés artificiellement : le préci­ chimique permit de reconnaître que c’é­
pité jaune rougeâtre devenant brun avec tait la fuchsine qui avait été employée pour
le campêche, le bois du Brésil. en rehausser la couleur.
L’acétate d’alumine est le réactif le plus Il était donc à désirer que l’on trouvât
sérieux pour déceler les roses trémières une méthode assez simple pour permettre à
ajoutées au vin. Le liquide passe au violet un employé de l’octroi ou de la régie de dé­
pur. couvrir immédiatement cette fraude. Ce
L’acétate de cuivre donne une coloration moyen a été indiqué, en 1876, par M. C.
d’un bleu pur, dans un vin coloré avec la Ilusson.
baie de sureau. On ajoute au vin suspect un peu d’am­