Page 304 - Merveilles Industrie Tome 4
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               a lieu, on ramène le curseur au point où   résultat soit avantageux au commerce, en tant qu'il
                                                         opère à titre de vendeur ; mais le jour où l’impôt
               le mercure s’est arrêté dans le thermo­
                                                         serait perçu au moyen de ce même instrument, il
               mètre ; on lit le chiffre indiqué par ce cur­  est certain que le commerce réclamerait rigoureuse­
               seur sur la réglette : c’est le titre alcoolimé-   ment contre son emploi.
               trique du vin.                              « La distillation, ajoute M. Salleron, est encore
                                                         aujourd’hui le procédé d’analyse le plus précis, et
                 A chaque changement de liquide, il faut
                                                         les plus grandes erreurs qu’on puisse lui attribuer,
               nécessairement renouveler l’eau froide du   quand l’opération est bien conduite, ne dépassent
               réfrigérant. Le mercure du thermomètre    jamais un cinquième de degré. »
               n’est pas absolument fixe, parce que la va­
               peur condensée ne revient que par sacca­    Nous nous rangeons entièrement à l’avis
               des régulières à la bouillotte. Quelque petite   de M. Salleron. L'alambic de Gay-Lussac
               que soit la diminution de chaleur due à  ne saurait, selon nous, être remplacé par
               chaque rentrée, la sensibilité du thermo­  un autre appareil, par cette raison, fonda­
               mètre est assez grande pour marquer chaque  mentale, qu’avec l’alambic de Gay-Lussac
               pulsation qui en résulte. Leurs limites sont  on reproduit dans un essai en petit la même
               très-restreintes.                         opération que le distillateur exécutera en
                 D’après M. Thénard , Tébullioscope de  grand, pour retirer l’alcool du vin. Dans le
               M. Malligand fournirait le meilleur procédé   midi de la France, on ne connaît que l’cz/am-
               connu jusqu’ici pour titrer l’alcool des vins.   bic de Gay-Lussac, et nous croyons que l’on
               On pourrait répondre de l’exactitude des   fera bien de s’y tenir.
               indications de cet appareil, à un sixième de
               degré près.                                 L’addition de l’eau au vin est la princi­
                 Cependant, dans un Mémoire publié en  pale falsification que le commerce fasse
               1876 (1), M. Salleron a critiqué ces conclu­  subir au vin. Nous venons de faire con­
               sions de M. Paul Thénard.                 naître les instruments qui servent à recon­
                 M. Salleron reproche aux ébullioscopes,   naître cette falsification. Le vinage, c’est-
               en général, d’avoir une échelle qui ne ré­  à-dire l’addition d’alcool au vin, n’est pas
               pond pas exactement aux températures d’é­  une fraude, mais, comme nous l’avons dit,
               bullition des mélanges d’alcool et d’eau,  une pratique excellente et pleinement au­
               — de ne pas comporter des corrections     torisée, qui assure la conservation du vin, et
               exactes de l’influence de la pression atmo­  qu’il faut, dès lors, encourager et favoriser,
               sphérique, — d’être influencé dans leurs in­  au lieu d’y voir une falsification.
               dications d’une manière impossible à pré­   Le plâtrage des vins, c’est-à-dire l’addi­
               voir par les substances dissoutes dans le vin.   tion du sulfate de chaux, ou plâtre, à la
               L’acide acétique, par exemple, selon M. Sal­  vendange, n’est pas davantage une falsifi­
               leron, élève la température de l’ébullioscope,  cation. Le plâtrage, qui s’exécutait déjà
               de sorte que l’on ne peut soumettre à l’é­  chez les Romains, se fait, dans le midi
               bullition les vins aigris.                de la France, pour aviver la couleur du
                                                         vin, et cette manipulation, quoi qu’en ait
                 « La plupart de ces causes perturbatrices agis­  dit M. Poggiale, dans un rapport à F Aca­
               sent sur l’ébullioscope, dit M. Salleron, en lui faisant   démie de médecine, n’a aucun inconvé­
               accuser des richesses alcooliques supérieures à celles
               des liquides expérimentés. On comprend que ce  nient, vu l’insolubilité du plâtre dans le
                                                         vin.
                (1) Étude sur la température d'ébullition des spiri­  Une falsification véritable qui s’exécute
               tueux et sur le dosage de l'alcool au moyen de l'ébul-
               lioscope. Paris, 1876, chez l'auteur      sur les vins, c’est l’addition de matières
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