Page 300 - Merveilles Industrie Tome 4
P. 300

294                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                   alambic de Gay-Lussac est exclusive­    Au lieu de distiller le vin, pour en fixer
               ment en usage dans le midi de la France.   la teneur en alcool, on peut, d’après une
               Dans le nord, on se sert de l’appareil Salle-  méthode fondée sur un principe tout diffé­
               ron, qui ne diffère pas par le principe de  rent, quelque peu indirect, et par consé­
               celui que nous venons de décrire.         quent moins fidèle, déterminer le point
                 Ce petit appareil se compose (fig. 189) d’un  d’ébullition du vin, pour en conclure la ri-
                                                       ; ch esse en alcool. Cette méthode, très-in-
                                                       , téressante, mais plutôt théorique que pra­
                                                         tique, fut proposée, pour la première fois, en
                                                         1823, parle chimiste Denis Grœning, de Co­
                                                         penhague.
                                                           Denis Grœning s’était borné à poser le
                                                         principe de la méthode ; un autre chimiste,
                                                         Conaty, construisit le premier appareil de
                                                         ce genre, et l’appela ébullioscope.
                                                           L’eau bout à + 100°, sous la pression ba­
                                                         rométrique de 0m,76 ; l’alcool pur, sous la
                                                         même pression, bout à -j- 78°. Par consé­
                                                         quent, des mélanges en proportions varia­
                                                         bles d’alcool et d’eau, entreront en ébulli­
                       Fig. 189. — Alambic de Salleron.
                                                         tion à des degrés différents, compris entre
                                                         + 78° et + 100° ; et ce degré sera d’autant
              vase en verre B, qui sert de chaudière, et  plus rapproché de + 100° que le liquide con­
               que l’on chauffe au moyen d’une lampe  tiendra plus d’eau, et il sera au contraire
              à alcool, A. Il communique, au moyen d’un   d’autant plus rapproché de -j- 78° qu’il ren­
              tube de caoutchouc D, avec un serpen­      ferme plus d’acool. Une table indiquant les
              tin, C, enfermé dans un réfrigérant à pa­  points d’ébullition des divers mélanges al­
               rois métalliques. Le liquide, condensé dans  cooliques peut donc correspondre à la quan­
              les spires de ce serpentin, tombe, par le tube  tité d’eau ajoutée à l’alcool pur.
              a, dans l’éprouvette, L.                     L’ébullioscope de Conaty (fig. 190) n’est
                 On introduit dans le vase B, un volume  autre chose qu’un thermomètre à mercure
               déterminé de vin, que l’on a mesuré exacte­  dont les divisions diminuent de longueur
               ment dans l’éprouvette, L. On chauffe, pour  depuis la température de + 100° jusqu’à
               distiller le vin, et on recueille le produit de   + 85°. Pour tracer l’échelle de cet instru­
               la condensation. Quand on a recueilli la  ment, on prépare des mélanges d’eau et
               moitié du volume du vin soumis à la dis­  d’alcool, dans le rapport de 95 à 5, de 90 à
               tillation, on ajoute à ce produit assez d’eau   10, etc., jusqu’au rapport de 40 à 60. Le
               pour reproduire le volume primitif ; puis, à  zéro d’échelle, ou zéro alcool, est le point
               l’aide d’un alcoomètre, on en prend le degré   correspondant à l’ébullition de l’eau pure ;
               alcoométrique, et avec un thermomètre sa  le 5e degré est le point qui correspond à l’é­
               température. Les tables donnent alors la  bullition d’un mélange contenant 5 parties
               richesse du vin en alcool.                d’alcool, et ainsi de suite. Le point inférieur,
                 Cet appareil, plus simple que celui de  qui correspond à l’ébullition de l’alcool pur,
               Gay-Lussac, est fort exact dans ses indica­  est le 100° degré, et indique 100 centièmes
               tions.                                    d’alcool. Si donc, lorsqu’on plonge le ther­
   295   296   297   298   299   300   301   302   303   304   305