Page 306 - Merveilles Industrie Tome 4

300 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

qu’en présence de l’alun et du carbonate de L’existence dans le vin de la fuchsine
potasse, la matière colorante du Phytolacca {rouye d’aniline') se reconnaît en ajoutant
ajoutée au vin donne un précipité d’une 50 centimètres cubes du vin suspect dans
couleur rosée. De plus, les alcalis font virer une fiole de la capacité de 120 centimè­
au jaune cette couleur. tres cubes, et les agitant avec 10 grammes
La cochenille ammoniacale colore l’eau de sous-acétate de plomb et 20 grammes
ou l’alcool en violet-améthyste, que les aci­ d’alcool amylique. Par le repos, l’alcool
des ramènent au jaune rougeâtre et les alcalis amylique se sépare et reste coloré en rouge,
au violet. Pour reconnaître si un vin con­ s’il existait de la fuchsine dans le vin, parce
tient cette substance, on enlève au vin sa que cette substance n’est pas précipitée par
matière colorante naturelle, en y délayant le sel de plomb.
un peu d’albumine, on filtre et on verse On appelle, dans le commerce, caramel,
10 ou 20 gouttes du liquide clair dans un sirop épais, d’un rouge vineux, doué d’une
250 centimètres cubes d’eau ordinaire. S’il grande puissance colorante, que l’on fabrique
y a de la cochenille, le bicarbonate de avec un mélange de caramel de sucre, de
chaux contenu dans l’eau fait virer la teinte glucose et d’un sel de rosaniline. Pour
du liquide au violet. reconnaître l’existence de ce composé dans
Les roses trémières ou mauve noire (Al- le vin, il faut évaporer le liquide et calci­
thæa rosea, variété noire), sont employées ner le résidu. On trouve, dans ce résidu,
pour colorer les vins blancs, et rehausser de l’oxyde de fer et du sulfate de chaux.
la teinte des vins rouges pâles ; mais elles Le vin caramélisé jaunit par les alcalis et
communiquent au vin, après quelques mois, les acides minéraux et ne colore pas le
une légère odeur particulière, et une saveur perchlorure de fer.
plate et désagréable. M. Duclaux a pu reconnaître la présence
D’après M. Falières, pharmacien à Li­ dans les vins de la mauve (rose trémière),
bourne, l’acétate basique d’alumine fait de la cochenille et A\i phytolacca, aux carac­
passer la couleur de VAlthæa au violet pur. tères suivants :
Ce changement de couleur est facile à 1° La matière colorante de la mauve,
constater dans le vin rouge. contrairement à celle du vin, devient de
En coagulant le vin par l’albumine, la plus en plus soluble sous l’influence de
réaction de l’althæa devient sensible. l’oxygène ; 2° celle de la cochenille présente
Malheureusement le sureau et quelques au spectroscope des bandes d’absorption
vins au sortir de la cuve se comportent de différentes de celle du vin ; 3° celle du
même, ce qui jette toujours des doutes sur phytolacca est décolorée très-rapidement
les résultats obtenus avec ce réactif. par l’hydrogène naissant, et entraîne la
On reconnaît l’addition des baies de myr­ décoloration du vin qui ne le serait pas
tille, au moyen de l’acétate d’alumine, qui sans elle en présence de ce gaz.
verdit assez fortement le vin. M. Rouvière, pharmacien à Nîmes, a
Les baies de sureau et celles A'hièble publié, en 1875, les observations suivantes,
ajoutées au vin se reconnaissent par la relatives aux moyens qui lui ont donné les
propriété de verdir par l’ammoniaque, de meilleurs résultats dans la recherche des
former un précipité rosé avec le sous-acé­ matières colorantes ajoutées frauduleuse­
tate de plomb, et de bleuir par l’acétate ment aux vins.
d’alumine. Ils verdissent aussi sous l’in­ Les trois produits organiques le plus sou­
fluence d’une grande quantié d’eau. vent employés dans le Midi, pour la colo­