Page 290 - Merveilles Industrie Tome 4
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284                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


               velle l’agitation, comme la première fois.   Le chauffage du vin, employé comme
               Cette opération est répétée cinq à six fois,   moyen de préserver ce liquide de toute al­
               selon le degré de soufrage que l’on veut  tération, a été introduit de nos jours dans
               donner au vin. Il faut faire brûler environ  la pratique viticole par M. Pasteur. Avant
               cent mèches soufrées pour un tonneau de  lui, Appert avait recommandé ce même
               sept hectolitres, c’est-à-dire pour un muid,   moyen, c’est-à-dire avait appliqué au vin
               selon la mesure encore usitée dans le midi de   son procédé général de conservation desma­
               la France.                                tières alimentaires par l'application de la
                 Quand on veut opérer très en grand, on   chaleur en vase clos. Mais ce procédé n'avait
               peut faire usage d’un appareil imaginé, au  pas pris faveur. Seulement, un distillateur
               siècle dernier, par l’abbé Rozier. On en­  deMèze (Hérault), Gervais_, avait, pendant de
               ferme le soufre, pour le faire brûler, dans  longues années, amélioré ses vins par la
               un petit fourneau de tôle. Le gaz acide  méthode d’Appert, c’est-à-dire en les chauf­
               sulfureux provenant de la combustion du    fant en vases clos.
               soufre, est dirigé, par un tuyau de tôle,    Cette méthode était pourtant entièrement
               dans la cuve contenant le vin, cuve qui est  ignorée lorsqueM. Pasteur proposa le chauf­
               fermée par le haut, et dans laquelle on fait  fage des vins comme moyen de le préserver
                                                         des altérations spontanées auxquelles il est
                                                         sujet. M. Pasteur fut conduit à cette mé­
                                                         thode, non parce qu’il savait que la méthode
                                                         d’Appert avait été appliquée avec avantage
                                                         comme moyen de conservation du vin, mais
                                                         bien comme la conséquence de ses belles
                                                         études sur l’action que les ferments exer­
                                                         cent sur les liquides d’origine organique tels
                                                         que le vin, la bière et le vinaigre. Attribuant
                                                         les diverses maladies des vins, les fleurs,
                                                         V acescence, la graisse, Vamertume, etc., à
                                                         des ferments vivants, M. Pasteur fut natu­
                                                         rellement conduit à l’idée de préserver les
                                                         vins de ces altérations en les soumettant à
                                                         une température capable de tuer ces fer­
                                                         ments. Il reconnut qu’une chaleur de-j-ôtP
                                                         suffit pour détruire ces ferments et assurer,
                                                         de cette manière, la conservation des vins,
                                                         sans nuire à leurs qualités.
                                                            La méthode deM. Pasteur, après avoir été,
                                                         de la part de l’auteur, l’objet d’études appro­
                           Fig. 184. — M. Pasteur.
                                                         fondies, a été reconnue très-efficace, à la
                                                         suite d’expériences et de rapports de diverses
               tomber incessamment un filet de vin. De la   commissions, en particulier de la commis­
               cuve le vin s’écoule, au moyen d’un robi­  sion syndicale des vins de Paris, d’une com­
               net, dans des tonneaux, à l’intérieur des­  mission nomméeparleMinistredelà marine,
               quels on a fait brûler d’avance des mèches   et d’une troisième commission officielle, qui
               soufrées.                                 expérimenta, en 1872, dans le port de Tou-
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