Page 262 - Merveilles Industrie Tome 4
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                 fait sur des planchers qui recouvrent la cuve  avec des pelles de bois le contenu dans la
                 et qui sont formés de pièces de bois juxta-po-  cuve G. On voit en B la trémie en planches qui
                 sées. Le raisin étant écrasé, on écarte l’une   reçoit les raisins pour les amener entre les
                 des planches et on pousse le raisin dans la  rouleaux écraseurs. Les foudres s’ouvrent,
                 cuve. Si l’on fait fermenter dans le foudre,  au moment de la décuvaison, parles portes
                 on jette le raisin dans une de ces énormes  II, en déboulonnant cette porte, de l’exté­
                 tonnes par une ouverture supérieure, qui a  rieur. Un grenier à fourrages, MM, dont on
                 environ 0m,30 de côté, etsur laquelle sont  voit les fenêtres, surmonte le cellier.
                 posés les cylindres cannelés qui servent au   Pour compléter le matériel de ce cellier,
                 foulage. Quand le foudre est rempli à la  il faut y joindre deux pompes foulantes à ma­
                 hauteur convenable, on le ferme par une  nivelles, qui après la fermentation, font pas­
                 pièce de bois de la même courbure et de la  ser le vin des cuves dans les foudres, où il doit
                 même épaisseur que le bois du foudre, et  être conservé. On se sert pour ce soutirage,
                 qui est percé d’un trou débondé, de grandeur  de tuyaux munis de boîtes de raccord en cui­
                 ordinaire.                                vre portant des clapets et qui sont placées à
                   Pour extraire le marc de ces foudres,  la porte du bas des foudres. Sur les mêmes
                 après que le vin en a coulé par un robinet,  boîtes on visse aussi les robinets, quand l’on
                 on ouvre une porte pratiquée au bas de l’un   veut soutirer le vin.
                 des fonds, et qui est maintenue par des tra­  Les tuyaux pour la conduite du vin sont
                 verses extérieures et assujettie, en outre,  de caoutchouc, ou de cuivre, et se raccor­
                 par deux fortes vis.                      dent par des boîtes de cuivre. Ces tuyaux
                   Des pompes et des tuyaux de cuir ou de  traînent sur le sol ; ils sont ainsi bien mieux
                 toile servent à faire passer le vin dans les  à la portée des ouvriers que s’ils étaient
                 tonneaux où il doit être conservé.        suspendus au plancher.
                   Nous représentons (fig. 167) le cellier   Enfin une romaine à bascule sert à peser
                 pour la fabrication du vin de M. Jules Bous-  les tonneaux, la pesée ayant remplacé au­
                 caren, à Gigcan (Hérault).                jourd’hui le mesurage au volume, qui était
                   Dans ce cellier le marc est mis à fermen­  sujet à erreurs, et dont la manœuvre était
                 ter dans des cuves en maçonnerie, ainsi  très-longue.
                 que dans des foudres. Les cuves de pierre
                 F, F sont revêtues à l’intérieur de briques   Une pratique assez répandue dans le Midi
                 vernies. Elles sont pourvues d’un petit cu­  consiste à ajouter une certaine quantité de
                 vier, J, pour faciliter la décuvaison. L’une de  plâtre au raisin immédiatement après le pres­
                 ces cuves de pierre placée à l’extérieur sous la  surage. On emploie 7 à 8 kilogrammes de
                 terrasse, et à laquelle les charrettes arrivent  plâtre par muid (700 litres) de vendange. Cet
                 en suivant la même route qui accède aux fou­  usage est très-ancien, car Olivier de Serres en
                 dres, est voûtée et peut, au besoin, suppléer  parle dans son Traité d’agriculture, et, comme
                 un foudre pour contenir du vin. E, E sont  nous l’avons dit dans l'historique des vins,
                 des foudres que l’on remplit de vendange, en  les Romains employaient déjà ce moyen.
                 jetant avec des pelles de bois, par les fenê­  On a, de tout temps, reconnu au plâtrage
                 tres K, la vendange amenée par les charrettes  du moutl’avantage d’éclaircir le vin nouveau
                 sur le chemin qui longe le cellier à l’exté­  et de rehausser sa couleur. On croit aussi
                 rieur. A', est un tombereau de vendange qui  qu’il empêche les vins de tourner. On a voulu
                 retourne à la vigne, A un tombereau de ven­  de nos jours l’incriminer et le considérer
                 dange que l’on décharge, et dont on jette,   comme anti-hygiénique. On ne réfléchissait
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