Page 261 - Merveilles Industrie Tome 4
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LE VIN.                                    ou


        des seaux est versé dans une comporte de bois.  priétés plusieurs foudres d’une contenance
          Une comporte pleine pèse 120 kilogram­  de 400 à 500 hectolitres.
        mes environ, et 18 kilogrammes quand elle   L’égrappage n’est jamais pratiqué dans le
        est vide. Un porteur la charge, pleine de rai- I  Midi , si ce n’est pour quelques vins muscats.
        sins, sur ses épaules, et va la déposer sur une   La vendange est écrasée, sous les pieds des
        charrette attelée de deux ('ou trois chevaux,   hommes. Cependant dans beaucoup d’ex­
        qui reçoit huit à dix comportes. Quelquefois
        le contenu des comportes est jeté par le por­
        teur dans un véritable cuvier posé sur la
        charrette. C’est ce que l’on nomme, dans le
        bas Languedoc, une pastière.
         Les pastières sont ordinairement en bois ; j
        mais comme elles ont ainsi un poids con­
        sidérable et fatiguent les chevaux, on les fait
        quelquefois en toile ou voile de navire,
       qui est impénétrable aux liquides et d’un
        poids insignifiant.
         Chargée des comportes ou de \a.pastière de
       toile pleine de raisins, la charrette arrive au
       cellier, et l’on s’occupe d’en remplir les cuves. ■              1 T"
                                                               ÀjÊilll
         Ces cuves sont de pierre ou de bois. La
        fermentation dans les cuves de pierre ôte           T] T*
       quelque chose à la qualité du vin, qui
        peut y contracter un goût de pierre, s'il y            11    : •“.■1
       séjourne trop longtemps. Il y a aussi une
       certaine perte par suite de l’imbibition de
       la pierre. Mais ces vastes cuves en maçon­
        nerie sont si commodes, si économiques,
       elles se prêtent si bien au déchargement
       rapide de la vendange, qu’elles sont d’un
                                                 Fig. 166. — Rouleaux pour écraser le raisin, en usage
        usage général dans le bas Languedoc.
                                                            dans le midi de la France.
         Si l’on veut faire fermenter les raisins
        dans le bois, ce qui ajoute certainement à  ploitations on écrase le raisin entre des
       leur qualité, on se sert, non de cuves, mais  rouleaux de fer cannelés. L’écartement des
        defoudres, dont les dimensions sont quelque­  cylindres varie, selon la force que l’on veut
        fois colossales. Le fameux foudre d’Heidel­  donner à l’expression du fruit. Deux hommes
        berg ne saurait entrer en comparaison avec   font tourner la manivelle qui met en action
        ceux des exploitations agricoles du midi de la   ces deux cylindres, lesquels sont surmontés
        France. Le grand foudre du domaine du  d’une trémie en bois, dans laquelle l’on
        Terrai, aux portes de Montpellier, qui a  jette les raisins.
        été démoli en 1876, depuis lephylloxéra, ne   La figure 166 représente cet appareil.
        contenait pas moins de 100 muids de vin,   Les cuves de pierre permettent d’exécu­
        c est-à-dire 700 hectolitres. Ces dimensions   ter avec beaucoup de rapidité et de facilité
        ne sont pas, d’ailleurs, exceptionnelles : il  les manœuvres de la vendange. Quand on
        y a encore aujourd’hui en diverses pro­  foule le raisin sous les pieds, le foulage se
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