Page 260 - Merveilles Industrie Tome 4
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254 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
nées, on a combattu avec courage le fa vins muscats de Frontignan et de Lunel, les
tal ennemi ; mais tous les moyens essayes muscats de Rivesaltes, les premiers muscats
ayant échoué, ou occasionnant des dépenses du monde, les vins mousseux de St-Peray
hors de proportion avec le but, les proprié et de Limoux, les vins blancs doux ou secs
taires ont renoncé à prolonger la lutte, et de Cassis, de Marseillan, de Florensac, de
ont pris le triste parti d’arracher les vignes, Pommeroles, etc., on peut se considérer
qu’aucun moyen n’avait pu sauver. La pro comme n’étant pas tout à fait dépourvu de
duction des vins est donc singulièrement di richesses œnologiques. Si les viticulteurs
minuée aujourd’hui dans le bas Languedoc, du Midi apportaient à la fabrication de
et les chiffres que l’on citait avec orgueil leurs vins les soins attentifs qu’y mettent
jusqu’à l’année 1876, doivent aujourd’hui les Bourguignons et les Bordelais, ils ob
être singulièrement réduits. tiendraient des produits dont les qualités,
Quoi qu’il en soit, et bien qu’amoindrie et par conséquent le prix, les récompense
dans une proportion qu’il est encore impos raient de leurs efforts.
sible d’évaluer, la fabrication du vin est
toujours la grande industrie agricole des Les vendanges commencent, dans l’Hé
départements de l’Hérault et du Gard, et les rault, du 1er au 15 septembre, et se conti
vins provenant du Midi priment toujours en nuent jusqu’au milieu du mois d’octobre.
quantité ceux que fournit tout le reste de la H est bien entendu qu’il s’agit des vins or
France. dinaires, car pour le muscat (à Frontignan
Les masses énormes de vins que produi ainsi qu’à Lunel, et à Rivesaltes, dans les
sent nos départements méridionaux ont nui Pyrénées-Orientales), on laisse le raisin
à leur réputation. On s’imagine que ces muscat attaché au cep jusqu’à ce qu’il soit
vins sont indignes de figurer sur les tables, en partie desséché par la maturité, ce qui
et qu’ils sont bons seulement pour servir n’arrive qu’à la fin d’octobre.
à opérer des coupages avec les vins de la Dans les départements de l’Aude, du
Bourgogne et du Nord. 11 est vrai que les Gard et des Pyrénées-Orientales, on ven
vins du Midi ne se conservent pas tou dange un peu plus tard que dans l’Hérault,
jours, que le transport leur est préjudicia c’est-à-dire vers la fin de septembre. Dans
ble, et qu’ils ne supportent pas facilement le département de Vaucluse, ce n’est qu’au
les voyages par mer. Mais ils ont l’avantage mois d’octobre qu’on procède à la cueillette
de donner, dès la première année après la ré des raisins.
colte, un vin très-riche en couleur et qui ne Dans l’Hérault, comme la population des
déplaît point au palais. Sans doute, les vins du campagnes est insuffisante pour l’immense
Midi ne peuvent rivaliser avec ceux du Médoc récolte qu’il faut enlever dans l’intervalle
ni de la Bourgogne, mais l’immense étendue d’un mois, les pauvres habitants des mon
de la région occupée par les vignes a pour tagnes de l’Aveyron et des Cévennes des
résultat de produire un choix de vins extrê cendent, par troupes, pour faire la cueil
mement varié. Quand on peut citer les vins lette des raisins et le travail qui en est la
rouges de l’Ermitage, de la Nesthe, de suite. Les montagnards, c’est le nom que
Tavel, de St-Georges, de Langlade, de St- l’on donne aux hommes venus des hau
Christol, de Lamalgue, de Bagnols, de Ban- teurs du Larzac ou des Cévennes, coupent
dols, de St-Raphaël, de Châteauneuf-du- les raisins avec de petites serpes et les reçoi
Pape, de Landon, et les crus si nombreux vent dans des paniers ou dans des seaux de
du Roussillon ; quand on peut présenter les bois munis d’une anse de fer. Le contenu