Page 260 - Merveilles Industrie Tome 4
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                 nées, on a combattu avec courage le fa­  vins muscats de Frontignan et de Lunel, les
                 tal ennemi ; mais tous les moyens essayes  muscats de Rivesaltes, les premiers muscats
                 ayant échoué, ou occasionnant des dépenses  du monde, les vins mousseux de St-Peray
                 hors de proportion avec le but, les proprié­  et de Limoux, les vins blancs doux ou secs
                 taires ont renoncé à prolonger la lutte, et  de Cassis, de Marseillan, de Florensac, de
                 ont pris le triste parti d’arracher les vignes,  Pommeroles, etc., on peut se considérer
                 qu’aucun moyen n’avait pu sauver. La pro­ comme n’étant pas tout à fait dépourvu de
                 duction des vins est donc singulièrement di­ richesses œnologiques. Si les viticulteurs
                 minuée aujourd’hui dans le bas Languedoc,  du Midi apportaient à la fabrication de
                 et les chiffres que l’on citait avec orgueil  leurs vins les soins attentifs qu’y mettent
                jusqu’à l’année 1876, doivent aujourd’hui   les Bourguignons et les Bordelais, ils ob­
                 être singulièrement réduits.             tiendraient des produits dont les qualités,
                   Quoi qu’il en soit, et bien qu’amoindrie   et par conséquent le prix, les récompense­
                 dans une proportion qu’il est encore impos­  raient de leurs efforts.
                 sible d’évaluer, la fabrication du vin est
                 toujours la grande industrie agricole des   Les vendanges commencent, dans l’Hé­
                 départements de l’Hérault et du Gard, et les  rault, du 1er au 15 septembre, et se conti­
                 vins provenant du Midi priment toujours en  nuent jusqu’au milieu du mois d’octobre.
                 quantité ceux que fournit tout le reste de la  H est bien entendu qu’il s’agit des vins or­
                 France.                                  dinaires, car pour le muscat (à Frontignan
                   Les masses énormes de vins que produi­ ainsi qu’à Lunel, et à Rivesaltes, dans les
                 sent nos départements méridionaux ont nui  Pyrénées-Orientales), on laisse le raisin
                 à leur réputation. On s’imagine que ces  muscat attaché au cep jusqu’à ce qu’il soit
                 vins sont indignes de figurer sur les tables,  en partie desséché par la maturité, ce qui
                 et qu’ils sont bons seulement pour servir  n’arrive qu’à la fin d’octobre.
                 à opérer des coupages avec les vins de la   Dans les départements de l’Aude, du
                 Bourgogne et du Nord. 11 est vrai que les  Gard et des Pyrénées-Orientales, on ven­
                 vins du Midi ne se conservent pas tou­ dange un peu plus tard que dans l’Hérault,
                jours, que le transport leur est préjudicia­  c’est-à-dire vers la fin de septembre. Dans
                ble, et qu’ils ne supportent pas facilement  le département de Vaucluse, ce n’est qu’au
                les voyages par mer. Mais ils ont l’avantage  mois d’octobre qu’on procède à la cueillette
                 de donner, dès la première année après la ré­  des raisins.
                 colte, un vin très-riche en couleur et qui ne   Dans l’Hérault, comme la population des
                 déplaît point au palais. Sans doute, les vins du  campagnes est insuffisante pour l’immense
                 Midi ne peuvent rivaliser avec ceux du Médoc  récolte qu’il faut enlever dans l’intervalle
                 ni de la Bourgogne, mais l’immense étendue  d’un mois, les pauvres habitants des mon­
                 de la région occupée par les vignes a pour  tagnes de l’Aveyron et des Cévennes des­
                 résultat de produire un choix de vins extrê­  cendent, par troupes, pour faire la cueil­
                 mement varié. Quand on peut citer les vins  lette des raisins et le travail qui en est la
                 rouges de l’Ermitage, de la Nesthe, de  suite. Les montagnards, c’est le nom que
                 Tavel, de St-Georges, de Langlade, de St-  l’on donne aux hommes venus des hau­
                 Christol, de Lamalgue, de Bagnols, de Ban-  teurs du Larzac ou des Cévennes, coupent
                 dols, de St-Raphaël, de Châteauneuf-du-  les raisins avec de petites serpes et les reçoi­
                 Pape, de Landon, et les crus si nombreux  vent dans des paniers ou dans des seaux de
                 du Roussillon ; quand on peut présenter les  bois munis d’une anse de fer. Le contenu
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