Page 249 - Merveilles Industrie Tome 4
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LE VIN.                                    243

        leur convenable (car il ne faut jamais  en enfonçant très-fréquemment le chapeau
       qu’une cuve ou un foudre de vendange soit  dans le fond de la cuve, au moyen de gaffes,
       entièrement rempli), on nivelle la surface   et renouvelant cette opération une ou deux
       supérieure du marc. La fermentation com­  fois par jour.
       mence presque aussitôt, quand la tempéra­   La durée de la fermentation est très-va­
       ture de l’air est de 15 à —J— 18°. Cette fer­  riable. Autrefois on faisait en Bourgogne
       mentation tumultueuse amène à la surface  des vins très-légers de couleur et de goût,
       toutes les parties solides que contient la  et le temps de la cuvaison ne dépassait pas
       cuve, et qui viennent former sur ses bords  quarante-huit heures. Comme on veut au­
       de belles’écumes colorées.                jourd’hui des vins plus corsés et plus colorés,
         On appelle chapeau les parties solides qui  on laisse cuver six jours, en multipliant les
       se réunissent à la partie supérieure de la  foulages. Dans les foudres, on prolongera la
       cuve.                                     cuvaison dix-huit à vingt jours, pour obte­
         On fait en Bourgogne, sur les cuves en  nir des vins fortement chargés.
       fermentation, une opération qui n’est point   Dans les années froides, la fermentation
       pratiquée dans le midi de la France : nous  tarde à s’établir, et le chapeau peut, dans
       voulons parler du foulage. Cette opération
       consiste a mélanger, à plusieurs reprises,
       toutes les parties de la cuvée, afin de met­
       tre en présence le liquide alcoolique produit
       par la fermentation avec la matière colorante
       qui est contenue dans les pellicules du rai­
       sin. Cette opération, qui s’exécute deux ou
       trois fois, est d’une utilité évidente pour
       renforcer la couleur du vin et ne rien per­
       dre de la matière colorante contenue dans
       les enveloppes du raisin. On obtiendrait
       dans le Midi des vins beaucoup plus colorés,
       si l’on exécutait cette opération.
         Le foulage se fait quand le liquide de la
       cuve est devenu franchement vineux. On fait
       entrer dans la cuve trois ou quatre hommes
       qui enfoncent le chapeau dans le vin, en
       s’aidant de leurs pieds et de leurs mains.   Fig. 161. — Cylindre à feu employé en Bourgogne pour
       Il faut une heure pour que quatre hommes                chauffer le moût.
       foulent une cuve de 50 hectolitres. On doit
       bien entendu, prendre les précautions né­  cet intervalle, s’acidifier et communiquer
       cessaires pour que les hommes ne soient pas  un mauvais goût au liquide. On élève alors
       incommodés parle gaz acide carbonique qui   artificiellement la température de la cuvée.
       se dégage de la cuve ainsi agitée. Quand on   Pour cela, on chauffe une certaine quantité
       opère au grand air, on n’a rien a redou­  de moût, que l’on jette dans la cuve, pour
       ter, avec quelques précautions.           élever la température de toute la masse.
         Si la vendange est mise à fermenter dans   Quelquefois, on chauffe le moût en intro­
       des foudres, le foulage ne pourrait s’exécu­  duisant au milieu de la cuve un cylindre
       ter, vù la forme de ce vaste fût. On y supplée   de fer-blanc (fig. 161), qui contient un four-
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