Page 248 - Merveilles Industrie Tome 4
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                   nière, à cela près que l’on ne jette point dans   lorsque la rafle est très-ligneuse, ce qui
                   la cuve les grappes, car leur matière colo­  arrive lorsque le raisin est très-mûr, et que
                   rante colorerait le vin en rouge. On ex­  ses grains sont peu serrés.
                   prime les grappes, on en recueille le jus et   L’égrappage se fait en Bourgogne en frot­
                   on le fait fermenter dans des cuves, comme  tant à la main les raisins sur une claie en
                   il vient d’être dit.                      osier, que l’on pose sur une petite cuve,
                     Tel est, en quelques traits, le procédé gé­  comme le représente la figure 160 (page 241 ).
                   néral suivi pour la fabrication du vin,   Les grains de raisin écrasés passent au tra­
                   rouge ou blanc. Mais une description un   vers de la claie, et la grappe reste sur le
                   peu détaillée peut seule renseigner exacte­  treillis. Dans une journée deux hommes
                   ment le lecteur sur cette branche impor­  égrappent une quantité de raisin équivalant
                   tante de l’industrie agricole.            à environ 45 hectolitres de vin.
                     Il serait impossible de réunir dans une   Les raisins égrappés sont écrasés par des
                   description commune la fabrication de tous  hommes qui les piétinent; puis la vendange
                   les vins. Cette fabrication varie trop suivant  écrasée, ainsi que le moût, sont jetés dans la
                   les pays, pour qu’un tableau général de ce  cuve par des femmes qui remplissent des
                   genre puisse être fidèle. Nous sommes donc  comportes de marc et vont le jeter à la cuve
                   contraint de décrire à part la fabrication de  pendant que le moût* qui coule du pres­
                   chaque espèce de vin. A cette condition  soir se rend dans la même cuve, par un
                   seulement, le tableau pourra être vrai et  conduit.
                   précis.                                     Les cuves dont on se sert en Bourgogne
                     Comme nous le disions à la fin du cha­  pour la vinification, sont en bois de chêne,
                   pitre précédent, nous étudierons la fabrica­  les douves étant maintenues par des cercles
                   tion du vin :                             de fer. Leur forme est celle d’un tronc de
                     1° Dans la Bourgogne ;                  cône, reposant sur sa plus grande base. Leur
                     2° Dans le Bordelais ;                  contenance est de 40 à 50 hectolitres. Elles
                     3° Dans le midi de la France, c’est-à-dire  reposent par leur fond sur un support en
                   dans les départements de l’Hérault, de    chêne, de 25 centimètres d’équarrissage,
                   l’Aude et du Gard ;                       placé au milieu de la base. L’extrémité de la
                     4° Dans la Champagne.                   même base porte sur deux autres supports,
                                                             qui sont souvent mobiles, ce qui permet,
                                                             quand on les enlève, d’abaisser la cuve,
                                                             pour la vider plus facilement.
                                CHAPITRE V                     Les cuves sont quelquefois remplacées par
                                                             des foudres, c’est-à-dire par d’énormes ton­
                        LA FABRICATION DU VIN EN BOURGOGNE.
                                                             neaux, dont la contenance va jusqu’à 100
                     C’est une question, en Bourgogne, de sa­  hectolitres. La bonde, qui a une ouverture
                   voir si les raisins doivent ou non être égrap-  elliptique de 0m,30 sur 0,n,20 est fermée par
                  pés, c’est-à-dire si l’on doit jeter dans la  une porte, que l’on fixe à l’extérieur par
                   cuve le raisin simplement écrasé, ou s'il  deux boulons. Pour ouvrir le foudre, on
                   Faut préalablement séparer les grains de la  tire la porte à soi, en dévissant les boulons.
                   râffle. L’égrappage est indispensable pour   On introduit dans ces foudres les raisins
                   les vins supérieurs, la rafle cédant au  écrasés, au moyen d’un large entonnoir en
                   moût toutes les substances acides ou âcres  fer-blanc, surmonté d’une trémie de bois.
                   qu’elle renferme. 11 est moins nécessaire  Quand le foudre est plein jusqu'à la hau-
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