Page 232 - Merveilles Industrie Tome 4

226 MERVEILLES DE L'INDUSTRIE.

le remplaça par le vin d’Auxerre. Le vin que, de la culture de la vigne. Le Mexique,
de Nuits lui fut prescrit en 1680, comme puis le Brésil, en furent les premiers favori­
\eplus pectoral et le plus propre à rétablir sés. Mais la maturité des raisins est peu ré­
promptement ses forces. gulière en Amérique, bien que la vigne y
D’après un état dressé en 1658, par Borel, croisse spontanément.
ambassadeur de Hollande en France, Jean
« Au Canada, dit Samuel Champlain, la vigne
de Witt évaluait au chiffre de 9,000,000 de porte des raisins assez bons, bien qu’elle soit sau-
francs de notre monnaie la valeur des vins i vage. »
de Gascogne, du Nantais et de la Saintonge,
Champlain espérait beaucoup pour l'a­
qui s’exportaient annuellement en Angle­
venir de cette culture au Canada, et il ajou­
terre et en Hollande. Il estimait à envi­
tait :
ron 2,000,000 les cidres et les vinaigres
français introduits chaque année dans les « Celui qui aura 30 arpents de terre défrichés en
ce pays-là avec un peu de bétail, la chasse, la pêche
mêmes pays. et la traite avec les sauvages, conformément à l’éta­
La vogue des vins de France était très- blissement de la compagnie de la Nouvelle-France,
y pourra vivre, lui dixième, aussi bien que ceux
grande en Ecosse, dès le xne siècle. Des rè­
qui auraient en France 15 à 20,000 livres de rente. »
glements de ce temps défendent aux habi­
tants de vendre des saumons aux Français Cette espérance ne s’est réalisée que fort
ou aux Anglais, à moins que la valeur n’en tard. La culture de la vigne offre toujours
soit payée sur-le-champ, par les premiers de grandes difficultés en Amérique. Elle a
en or ou en argent, et par les autres en or, réussi au Chili mieux que dans les autres
en argent ou en vin clairet. partiés du nouveau monde ; le vin rouge
La vigne était cultivée dans plusieurs qu’on y récolte, ne le cède, pour le goût, à
parties de l’Angleterre, au commencement aucun vin d’Europe. Aussi une grande par­
du xme siècle. Le produit qu’on en tirait tie des vins du Chili est-elle expédiée
était même l’un des principaux revenus de chaque année en diverses parties de l’Amé­
certains monastères ; mais on n’en faisait rique.
encore usage, au xive siècle, que comme
d’un cordial, et les apothicaires seuls en En Chine, la vigne a été cultivée de temps
vendaient. On lit, dans les actes publics de immémorial dans plusieurs parties de son ter­
cette époque, que, quand les rois d’Ecosse ritoire, mais on a principalement en vue le
venaient à Londres, la cour d’Angleterre raisin, que les Chinois, de même que les
leur assignait par jour 30 schelings, 12 Turcs, recherchent pour leurs tables. La
pains, 12 gâteaux, et trente bouteilles de vin. consommation des raisins secs est très-con­
sidérable en Chine ; on en emploie aussi de
En 1610, un marchand persan apporta à grandes quantités pour la pharmacie. Le
Astrakan les premiers plants de vigne qu’on thé et les liqueurs fermentées extraites du
ait cultivés dans ce pays. Un moine russe riz, liqueurs que les Chinois nomment vins,
fut chargé de diriger cette culture. Encou­ leur tiennent lieu du vin provenant du rai­
ragée en 1613 par le czar Mikhaïl Féodoro- sin.
vitch Romanof, la culture de la vigne fut L’habitude qu’ont les Chinois de faire
très-améliorée, en 1640, par un vigneron chauffer toutes leurs boissons, ne leur per­
allemand, nommé Bothmann. met pas plus d’apprécier les qualités de nos
vins d’Europe que celles des vins de leur
Le Nouveau monde fut doté, à cette épo­ propre pays. Vers 1850, on essaya d’iinpor-