Page 231 - Merveilles Industrie Tome 4
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LE VIN.                                   225







































                        Fig. 155. — Les moines bourguignons cultivant la vigne, au moyen âge.


         arrêta cette décadence et donna à toutes les bran­  tre eux, et concentrèrent tous leurs efforts sur les
         ches de l'agriculture un développement dont les   vignobles de Vougeot, dont ils firent, comme nous
         traces subsistent encore de nos jours. Il n’entre   le verrons plus loin, le type des procédés dont ils
         point dans les limites de cet ouvrage tout spécial   usèrent et auxquels ils durent cette magnifique
         de mettre sous les yeux du lecteur le tableau des   exploitation qui leur a survécu (1). »
         transformations admirables qu’ils firent subir au
         sol. Nous dirons seulement que les granges dont   C’est du xive siècle que date la faveur que
         ils couvrirent l'Europe furent longtemps considé­  prirent les vins de Champagne. Elle s’aug­
         rées comme de véritables fermes-écoles, et qu’elles   menta au siècle suivant. Le pape Léon X,
         donnèrent à l’agriculture, si négligée par leurs de­
         vanciers, une impulsion puissante qui se continua   Charles V, François Ier et Henri VIII d’An­
         jusqu’à la Renaissance.                   gleterre achetèrent des vignobles dans le
           « La culture de la vigne, regardée dans le prin­  canton d’Aï. Selon quelques historiens,
         cipe avec défaveur par les premiers religieux de j
         l'ordre, offrait cependant tant d'avantages, qu’elle I   Henri IV, roi de France, prenait le titre de
         ne pouvait manquer de surmonter la répugnance  sire d’Aï, pour montrer le cas qu’il faisait
         que ces austères cénobites éprouvaient pour elle-   des récoltes de ce vignoble. Le bénédictin
         Loin donc de convertir en champs les vignes nom- I
         breuses de la côte, dont la libéralité des seigneurs   Périguen améliora beaucoup, pendant le
         accroissait sans cesse le patrimoine de l’abbaye, ils   xvn' siècle, le vignoble de Hautvillers,
         donnèrent des soins tout particuliers à cette branche   qui appartenait en grande partie à son ordre.
          si importante de l’agriculture. Comme, dès cette   Le médecin Fagon ayant interdit à LouisXIV
         époque , le morcellement de cette riche portion
         de nos contrées et la valeur qu’on y attachait ne   l’usage du vin de Champagne, ce monarque
         leur permettaient pas d’établir dans ces vignobles
                                                     (1) Histoire et statistique de la vigne et des grands
         les granges qui faisaient la base de leurs cultures,
                                                   crus de la Côte-d’Or, 1 vol. in-8 avec atlas. Paris, 1855,
         18 suivirent la coutume locale pour la plupart d’en- : pages 13-14.
                 T. iv.                                                          302
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