Page 225 - Merveilles Industrie Tome 4
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Cat moderne, qui a reçu son nom actuel, comme Chios, de Lesbos, d’Icare, de Smvrne, etc.; ils re
son nom ancien, de sa disposition à attirer les cherchaient encore les vins d’Asie, de la Palestine,
abeilles ou les mouches, n’était pas un vin célèbre. et tous ceux que leur éloignement rendait précieux
Mais une année se distingua par la supériorité du à l’opulence.
vin de toutes les espèces ; c’est celle du consulat « Les Grecs connaissaient les meilleurs vins de
de L. Opimius. « Cette année, dit Pline, le soleil l’Asie et de l’Afrique. Galien vante les vins blancs de
« échauffa l’atmosphère au point que tous les raisins la Bithynie, qui avaient le goût du cécube, quand ils
„ furent cuits. » Ces vins duraient encore de son étaient très-vieux. La montagne de Tmolus, près la
temps, et ils avaient près de deux siècles ; ils avaient ville de Sardes, en Lydie, fournissait un vin doux,
acquis, en vieillissant, la consistance du miel. L’impé d’une couleur ambrée et d’un parfum délicat. Athé
ratrice Livie attribuait ses quatre-vingt-deux ans à née parle des vins blancs qu’on récoltait aux envi
l'usage du pucin ; elle n’en buvait pas d’autre. Il rons du lac Maréotis, et dont s’enivraient Antoine
s’en récoltait quelques amphores près de la mer et Cléopâtre. Cependant celui de Méroé, que Cléo
Adriatique, non loin du Timave, sur une colline pâtre fit servir à César, paraît avoir joui d’une plus
pierreuse. Pline croit que c’est ce vin du golfe haute réputation. Lucain dit qu’il ressemblait à celui
Adriatique, dont les Grecs parlent avec tant d’en de Falerne. Le vin de Tænia, d’une couleur grise et
thousiasme et qu’ils ont nommé proccien. Auguste verdâtre, était liquoreux, astringent et d’une odeur
préférait le vin de Sétines, parce qu’il était délicat et aromatique....... On avait, à Rome, du vin de cent
salubre ; on le récoltait au-dessus du Forum Appien. feuilles, comme le dit Pétrone, et même de deux
Martial l’appelle delicatam wcuin Setini clivi, Galien cents ans, d’après Pline ; ceux-ci étaient solidifiés,
en fait aussi l’éloge et dit qu’il se conservait long et il fallait, pour les rendre fluides, les faire dissou
temps. dre dans l’eau chaude. On avait aussi des vins
« La Campaniet province célèbre par la douceur rouges, des vins blancs, des vins de liqueur, des
de son climat et la fertilité de ses coteaux, produi vins cuits, des vins d’ordinaire et des vins de choix
sait le meilleur vin de la presqu’île. Les collines, qui ne paraissaient qu’aux repas somptueux ou dans
qui donnent à toute la contrée une physionomie si . des occasions extraordinaires.
riante, paraissaient ne former anciennement qu’un « Les vins grecs étaient si précieux, qu’on n’en
immense vignoble où l’on prenait soin d’entretenir buvait qu’une seule fois dans un repas; mais, plus
les espèces de raisin les plus parfaites. Le vin de tard, on prodigua les vins les plus exquis d’une
Falerne était le plus recherché de ce vignoble. Selon manière incroyable. D’après Varron, Lucullus,
Pline, le vin de Cécube, qu’on récoltait dans les ma à son retour d’Asie, distribua qu peuple plus de cent
rais d’Amyclée, avait eu d’abord un grand renom ; mille pièces de vin grec. L’orateur Hortensius avait
mais on négligea les vignes, et la formation d’un ca fait une si grande provision de vins de Chios, qu’il
nal contribua à les faire abandonner. Le vin de en laissa plus de dix mille pièces à ses héritiers.
Falerne était alors au premier rang. César, au banquet de son triomphe, donna au peu
« D’après Athénée, il y avait deux sortes de fa ple des tonneaux de ce même vin, que Virgile com
lerne : l’un était sec (austerum'), et l’autre doux parait au nectar, et des amphores de falerne ; dans
[dulce'j. On corrigeait l’âpreté du premier avec du son troisième consulat, chargé du soin des festins
miel, et on en faisait un vin nommé mulsum. Horace sacrés, il servit du falerne, du chios, du lesbos et du
ne nous dit pas lequel des deux était le meilleur ; messine. »
il réservait cependant le falerne pour les belles oc
casions....... Les vins d’Albe passaient pour avoir Le même auteur nous donne des indica
beaucoup de douceur, et ils étaient très-recherchés... tions importantes relativement à la manière
Les vins de Sorrente étaient recommandés surtout
pour les convalescents, à cause de leur légèreté, et 1 dont les anciens fabriquaient le vin. On va
ceux de Massique ne .jouissaient pas d’une moindre voir que le procédé que l’on suivait dans
estime....... On avait encore les vins de Vérone, de l’antiquité pour fabriquer le vin, était, au
la Sabine, de Spolète, de Capoue, etc. Enfin Jules
César avait accrédité les vins de Messine, qu’on ser fond, bien différent du nôtre. C’était seule
vait dans les festins publics. ment l’ébauche de la méthode actuelle,
« Indépendamment de ces vins, les Romains en j Un procédé qui consiste à laisser dessécher
liraient beaucoup de leurs provinces de la Grèce, de
la Gaule, de l’Espagne et de l’Archipel. Les raisins le moût de raisin dans un grenier, ou au
violets de Vienne et le riche muscat du Languedoc soleil, et à ne pas s’inquiéter de la fer
leur étaient parfaitement connus, ainsi que les vins mentation du liquide, puis à l’addition
généreux d’Espagne ; les îles Baléares leur en four
nissaient également. Entre les vins grecs, ils esti ner de toutes sortes d’ingrédients étrangers,
maient surtout les vins de Maronnée, de Thasos, de ne saurait être comparé à notre système