Page 180 - Merveilles Industrie Tome 4
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                   crème. On cite en Normandie un fabricant,   Du 1er avril jusqu’à l’époque où les fruits rouges
                   M. Decauville, qui, avec des vaches nor­   deviennent très-abondants à Paris, on peut évaluer
                   mandes donnant environ 3,700 litres de lait
                   par an, retire un produit brut annuel de
                   1,000 francs par tète de vache, en transfor­
                   mant leur lait en fromage de Coulommiers
                   frais et affiné
                     M. Pourriau, dans son ouvrage sur \aiLai­
                   terie, donne les renseignements suivants sur
                                                                       Fig. |22. — Fromage Gervais.
                   la production des fromages à double crème
                   à Gournay, à Neufchâtel, Rouen, etc. :     à plus de trente-cinq mille le nombre de ces fro­
                                                              mages qui se consomment journellement à Paris
                     « M. Pommel, fermier à Gournay-en-Bray, fabrique   pendant cette période (1). »
                   journellement, avec le lait de cent cinquante à deux
                   cents vaches, qu’il entretient dans ses étables, et la   Voici à quel prix se vendent à Paris les
                   crème qu’il achète à des cultivateurs voisins, d’ex­
                   cellents fromages double crème, qu’il expédie dans   fromages frais dont nous venons de parler:
                   la Seine-Inférieure, la Somme, l’Aisne, l’Oise, en
                   Seine-et-Oise et à Paris.                  Coulommiers.....................  1 fr. 40 à 1 fr. 50 la pièce.
                     En outre, M. Pommel envoie tous les jours, par   Suisses, double crème.  25 centimes.
                   le chemin de fer, à quelques marchands en gros de   Neufchâtels frais.............
                   Paris, notamment à M. Ghoisy-Delayen, la pâte né­  Bondons de Rouen, Ma-   20 à 25 centimes.
                   cessaire à la fabrication sur place de ces fromages   lakofTs.........................
                   double crème.                              Anciens Impériaux..........   35 centimes.
                     Cette pâte préparée un peu plus compacte est en­  Gervais...................................  25 centimes.
                   veloppée d’une toile et placée dans une manne en
                   osier, au fond de laquelle on a mis préalablement
                   un petit lit de paille. Expédiée chaque soir par le   Fromages faits ou affinés. — Simplement
                   chemin de fer de Rouen, elle arrive à Paris vers les   égouttés et abandonnés à eux-mêmes, les
                   3 heures du matin, et est transportée immédia­  fromages ne tarderaient pas à être en proie
                   tement chez le destinataire, qui la délaye avec de la   à la décomposition putride. La salaison et
                   crème ou un peu de lait; à 8 heures du matin,
                   les boîtes de six ou de douze fromages sont livrées   la dessiccation sont les deux moyens qui pré­
                   aux détaillants. Chaque boîte de douze fromages   viennent cette décomposition spontanée.
                   pèse environ 1,100 grammes, sur lesquels il faut   Pendant le temps que dure la conservation
                   compter 1 kilogramme de fromage. Le prix en gros
                   est de 2 fr. 40 la douzaine, y compris la boîte.  d’un fromage ainsi séché et salé, il se fait
                     Les boîtes de M. Choisy-Delayen portent comme   dans sa substance intime diverses modifica­
                   étiquette : suisses, double-crème de Neufchâtel-en-   tions physico-chimiques, dont on ne connaît
                   Bray (Seine-Inférieure).                   pas encore la nature, et qui le transforment
                     M. Gervais, propriétaire à Ferrières, village situé
                   à 1 kilomètre de Gournay-en-Bray, se livre à la même   en un produit nouveau, affectant d’une ma­
                   industrie. Il reçoit chaque matin, rue du Pont-Neuf,   nière particulière le goût et l’odorat, et cons­
                   la pâte préparée dans son usine de Ferrières ; la ma­  tituant dès lors autant de variétés de fro­
                   nipulation de la matière première s’opère à l’aide
                   d’une machine qui délaye la pâte et met les fromages   mages.
                   en moules, ce qui permet à cet industriel d’en livrer   Nous allons décrire le mode de prépara­
                   chaque jour un nombre considérable à la consom­  tion des variétés de fromages de lait de vache
                   mation parisienne. Ces fromages, désignés comme
                   originaires du canton de Vaud (Suisse), sont donc es­  mous et affinés, en suivant l’ordre adopté
                   sentiellement français.                    dans notre tableau de la classification des
                     Les Bondons de Rouen, les Malakoffs, les anciens   fromages.
                   Impériaux, sefabriquent de la même façon ; il n’y a
                   de différence que dans la grandeur ou la forme des
                                                               (1) La Laiterie. 1 vol. in-12, 2‘ édition. Paris, 1874,
                   moules.                                    pages 246-248.
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