Page 178 - Merveilles Industrie Tome 4
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172                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                   présure. Au bout de quelques heures, le lait  l'intérieur de ce moule d’un linge fin, et on
                   est coagulé. On porte alors le vase dans un  le remplit de pâte, que l’on puise avec la
                   lieu frais, pour que le caillé soit froid au  truelle qui a servi à opérer le mélange de
                   moment de paraître sur la table. On n’en  crème et de caillé. Au bout de deux heures,
                   sépare point le petit-lait. Ce caillé peut être  la pâte s’est égouttée à travers le linge, et le
                   assaisonné à volonté au sucre ou au sel. As­  moule d’osier a pris la forme de cœur. C’est
                   saisonné au sucre, c’est un mets délicieux  sous cette forme qu’on le vend à Paris, avec
                   par sa délicatesse et son goût.           addition obligatoire, comme nous le disions
                     On vend à Paris, pendant le printemps  plus haut, d’une certaine quantité de crème
                   et l’été, un fromage dit à la crème, qui est  fraîche, qui est vendue dans un petit vase
                   un fromage frais très-supérieur au précé­  ayant la forme que nous représentons ici
                   dent, en ce qu’il contient une assez grande  (/ty. 119).
                   proportion de crème. Le prix de ce fromage
                   varie de 30 centimes à 1 franc. On le mange
                   toujours avec addition d’une certaine quan­
                   tité de bonne crème.
                     Voici comment on prépare le fromage à
                   la crème.
                     On prend le lait tel à peu près qu’il sort
                   du pis de la vache, ou du moins après ne lui
                   avoir enlevé qu’une faible proportion de sa
                   crème. On le fait cailler par la présure,
                   ayant soin de le maintenir tiède au moyen
                   d’un fourneau ou d’un bain-marie. Quand
                   le lait est frais, on rompt le caillé, et on fait
                                                                       Fig. 119. — Boîte à crème.
                   égoutter le petit-lait en mettant le caillé
                   dans un linge que l’on exprime et que l’on
                   charge de poids.                            On appelle fromages double crème, et très-
                     Le lendemain, on place le caillé dans un   improprement fromages suisses diverses es­
                   vase large et peu profond, et on le délaye   pèces de fromages à la crème, qui ne sont
                   avec une quantité convenable de crème fraî­  nullement préparés en Suisse, mais en Nor­
                   che. Au moyen d’une petite truelle de fer  mandie, en Bretagne et en d’autres parties
                                                             delà France. Ces fromages, bien plus con­
                                                             sistants que ceux que nous venons de décrire,
                                                             sont, par conséquent, plus riches en prin­
                                                             cipes nutritifs et savoureux.
                                                               On prépare en général les fromages dits
                                                             suisses en faisant cailler du lait très-pur par
                                                             la présure, à la température de + 25°, pé­
                   Fig. 118. — Moule d’osier pour le fromage à la crème.  trissant ce caillé, l’exprimant à la presse,
                                                             et quand il est bien exprimé, le mélangeant
                   étamé, on mélange exactement la crème et  avec une certaine quantité de crème, jus­
                   le caillé, de manière à obtenir une masse  qu’à ce que le mélange ait pris la consis­
                   homogène et d’une pâte très-fine. On prend  tance convenable.
                   alors un moule d’osier (fig. 118), on garnit   Il y a beaucoup de variétés de fromages
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