Page 172 - Merveilles Industrie Tome 4
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166                   MERVEILLES DE L INDUSTRIE.


                  lente alimentation des animaux se recon­  à la graisse une sorte de digestion artifi­
                  naît dans le beurre qu’ils fournissent, par  cielle, qui sépare la stéarine de l’oléo-mar-
                  une belle couleur jaune et par une saveur  garine, à l’imitation de ce qui se passe
                  agréable. C’est pour ce motif que les ama­  lorsque, dans l’estomac ou dans les organes
                  teurs recherchent dans le beurre d’Italie la  intimes de la brebis, le beurre se forme par
                  couleur jaune. Elle révèle, quand elle est  la. séparation de l’oléo-margarine des ma­
                  naturelle, un beurre fin et savoureux. Lors­  tières grasses ingérées par l’animal. Telle
                  que l’on interrompt cette alimentation, et  est, du moins, la théorie de l’inventeur.
                  que l’on donne aux vaches des fourrages     Le produit ainsi obtenu est mis dans des
                  secs, ce qui a lieu pendant six semaines  sacs de toile, et soumis à la presse ; la stéa­
                  à Milan, et pendant tout l’hiver à Codogno,   rine solide reste dans le sac, qui laisse pas­
                  Lodi, etc., le beurre reste complètement  ser l’oléo-margarine semi-fluide.
                  blanc.                                      Ce produit est mélangé avec du lait et de
                    L’expédition du beurre de Milan sur les  l’eau dans laquelle on a fait macérer 4 gram­
                  côtes de la Méditerranée n’est pas insigni­  mes de mamelle de vache par litre. Le mé­
                  fiante. Elle s’élève, en été, jusqu’à 5,000 ki­  lange se fait dans les proportions suivantes :
                  logrammes par semaine.
                                                            Oléo-margarine.................................... 50  kilogrammes.
                                                            Lait.............................................................. 25  litres.
                                                            Eau de macération de mamelle
                                                              de vache.............................................. 25  litres.
                              CHAPITRE Xll
                                                              Alors on introduit ce mélange dans une
                   LE BEURRE ARTIFICIEL OU MARGARINE MÉGE-MOURIÈS.
                                                            baratte, et par le barattage une matière
                    On trouve aujourd’hui dans le commerce,   solide se sépare, comme quand on bat la
                  sous le nom de beurre artificiel, ou marga­  crème pour obtenir le beurre : c’est la mar­
                  rine Mége-Mouriès, un produit dont l’appa­  garine ou beurre artificiel.
                  rence rappelle celle du beurre, mais qui,   Le beurre artificiel frise la falsification.
                  pour la saveur, ne se rapproche guère que   En effet, la graisse des animaux ne saurait
                  des beurres de qualité médiocre.          remplacer le beurre extrait du lait. Ce pro­
                    Ce produit est confectionné avec de la   duit n’a aucune vertu nutritive, il ne fournit
                  graisse : c’est un mélange de margarine so­  par la distillation aucune trace d’acide bu­
                  lide et d’oléo-margarine, de consistance bu-  tyrique, qui caractérise le beurre. Il ne se
                  tyreuse : c’est de la graisse dépouillée de sa  vend guère qu’aux ménagères par trop éco­
                  stéarine.                                 nomes, qui le substituent au beurre, ou­
                    Pour obtenir ce pseudo-beurre, on prend  vertement ou en cachette, en raison de son
                  du suif de mouton et on commence par le  bas prix.
                  broyer en le faisant passer entre des cylin­  Accommoder les aliments à Voléo-mar­
                  dres; puis on le lave à l’eau chaude, pour  garine, c’est donc faire la cuisine à la
                  séparer la graisse des enveloppes membra­ graisse, ce qui est toujours un maigre ap­
                  neuses. On fait fondre la graisse ainsi obte­  prêtage. Un nom scientifique sonore sert
                  nue, en la maintenant à la température  à déguiser une très-vieille pratique culi­
                  de 40°. Cette fusion s’opère en présence   naire.
                  d’un liquide que l’on a préparé en faisant
                  digérer des estomacs de porc dans de l'eau
                  acidulée. On se propose de faire subir ainsi
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