Page 149 - Merveilles Industrie Tome 4
P. 149

LE LAIT ET SES PRODUITS.                               143

            Une basse température agit probablement  trême Orient la zone d’exportation des
          sur le lait en arrêtant le développement des  beurres du Danemark, et d’augmenter leurs
          organismes vivants qui constituent les fer­  prix, parce qu’on les recherche de plus en
          ments, et en empêchant ainsi les altérations  plus sur les marchés étrangers. L’emploi du
          que ces ferments provoquaient dans le lait.   froid pour la fabrication du beurre a d’ail­
          Telle est, du moins, le mode d’influence  leurs amené une diminution dans les frais
         qu’exerce la glace qui sert à faciliter la  de main-d’œuvre. On fait un écrémage de
         conservation de la bière.                 moins, et l’emploi des brocs de 50 litres
           Ces résultats sont en contradiction com­  rend les lavages plus expéditifs. Par la sup­
         plète avec la pratique suivie en France con­  pression des calorifères, dans les laiteries,
         cernant l’écrémage du lait. Chez nous,    une dépense, pendant l’hiver, est supprimée.
         comme il est dit plus haut, on pose en       Il serait tout aussi facile de pratiquer en
         principe qu’il faut tenir le lait destiné à  France l’écrémage du lait à basse tempéra­
         être écrémé, à la température de -j- 12° à  ture, et cette réforme produirait chez nous
         _p 14°, et ne pas descendre au-dessous de  autant d’économie qu’ailleurs. Il faudrait,
         cette température, parce que la crème,    pour cela, utiliser les eaux de source et de
         assure-t-on, monterait mal.               puits les plus froides. Il faudrait même em­
           Les vaches de France produisent généra­  ployer la glace pour obtenir le degré de re­
         lement, dit M. Tisserand, du lait d’une qua­  froidissement convenable. La dépense qu’en­
         lité supérieure, mais on en tire presque  traînerait la récolte etl’emmagasinement de
         partout des produits défectueux. Deux con­  la glace serait peu de chose, car la glace est
         ditions doivent être remplies, ajoute cet  enlevée à une époque où les travaux des
         observateur, pour obtenir des produits su­  champs sont très-ralentis et où l’on jouit de
         périeurs : une propreté extrême et le traite-   longs loisirs dans les fermes. Dans le nord de
       , ment du lait par le froid.                l’Europe, on se sert, pour conserver la glace,
           Les cultivateurs qui se livrent à la fabrica­  de silos qui sont peu coûteux à établir ; pour­
         tion du beurre feront bien de méditer ces  quoi n’en ferait-on pas autant chez nous ?
         remarques d’un homme fort compétent en      Si nous ne connaissions pas la force de la
         ces matières, puisqu’il est inspecteur général  routine, nous dirions qu’il suffit de porter
         de l’agriculture et qu’il ne parle que d’après  ces faits à la connaissance des cultivateurs,
         ses expériences personnelles.             pour que la méthode du refroidissement du
           La production annuelle du lait en France  lait pour favoriser la montée de la crème,
         représente un milliard et demi de francs, et  soit immédiatement adoptée, surtout en pré­
         l’exportation du beurre atteint cent millions  sence de l’emploi général de ce système dans
         de francs. Ces chiffres font apprécier toute  le nord de l’Europe. Mais nos espérances ne
         1 importance d’une amélioration apportée à  vont pas jusque-là ; et si ce que nous venons
         cette industrie.                          de dire peut déterminer quelques praticiens à
           On a parfaitement reconnu, dans le nord  faire un essai sérieux de ce moyen nouveau,
         de l’Europe, qu’il faut rompre avec les an­  nous n’aurons pas perdu notre encre.
         ciennes pratiques. En Danemark, on refroi­
         dit le lait à + 6“ ou -f- 8°, en employant de la
         glace ou de grands bassins remplis d’eau de
         source. Ce refroidissement n’est pas encore
         suffisant, mais il constitue déjà un progrès
         reel, car il a permis d’étendre jusqu’à l’ex­
   144   145   146   147   148   149   150   151   152   153   154