Page 148 - Merveilles Industrie Tome 4
P. 148

142                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                 On peut réunir sur une table plusieurs de ces   local de la laiterie dans lequel on laisse le
                 récipients, comme représente la figure 89.   lait en repos, pour recueillir la crème, de­
                 Cette écrémeuse étant de fer étamé {fer-  vait être de -f- 12° à -f- 14°. Dans ce but,
                 blanc), est à l’abri de l’attaque par le lait  pendant l’hiver on chauffait à cette tempé­
                 acide.                                    rature la laiterie, au moyen d’un calorifère.
                   Lorsque la crème est séparée du lait, on   A la suite d’expériences faites en 1860, à
                 l’introduit dans des vases que l’on appelle   propos de l’Exposition générale d’agricul­
                 crémières (fig. 90).                      ture de Paris, M. Rarral avait même conclu
                                                           que la température la plus favorable à la
                                                           séparation du beurre, quand on opère sur
                                                           la crème, est comprise entre 4* 14° et -f-16° ;
                                                           et que la température la plus convenable
                                                           pour obtenir du lait soumis au barattage le
                                                           plus de beurre possible, dans le temps le
                                                           plus court, était comprise entre -j- 18° et
                                                           + 20’. Mais des expériences nouvelles pu­
                                                           bliées en 1876, par un inspecteur général de
                                                           l’agriculture, M. E. Tisserand, et surtout la
                                                           connaissance de la pratique suivie en Dane­
                                                           mark pour la préparation du beurre, ont
                                                           complètement changé les préceptes à cet
                 Fig. 90. — Crémière, ou vas'e pour conserver la crème.
                                                           égard.
                   Cependant toute la crème ne se sépare      M. E. Tisserand a étudié, au point de vue
                 pas dans le court intervalle de temps que  industriel, l’action du froid sur le lait et ses
                 nous supposons, c’est-à-dire en vingt-quatre  produits. Cette étude a une grande impor­
                 heures, ou pour mieux dire tant que l’on  tance pour les cultivateurs qui s’occupent de
                 peut faire écouler par un conduit le lait  la production du lait.
                 liquide séparé de la crème. C’est la partie la   Voici les faits que l’on constate lorsqu’on
                 plus fine, la plus savoureuse de la crème,   soumet le lait de vache, peu de temps après
                 qui monte la première. Mais toute la crème  la traite, à des températures variant entre 0°
                 n’est séparée que lorsque le lait commence  et 36°, et qu’on le maintient, pendant
                 à se cailler. Aussi, en Normandie et dans  vingt-quatre ou trente-six heures, à cette
                 beaucoup d’autres pays, opère-t-on autre­  température.
                 ment. On abandonne le lait à lui-même le     La montée de la crème est d’autant plus
                 temps suffisant pour que la séparation de  rapide que la température à laquelle a été
                 la crème soit bien complète, ce qui n’ar­  exposé le lait se rapproche davantage du
                 rive que lorsque le lait s’est caillé. Pour  zéro du thermomètre.
                 recueillir la crème, il suffit, ce moment    Le volume de la crème obtenue est d’au­
                 venu, d’enlever, avec une cuillère de bois,   tant plus grand que le lait a été soumis à un
                 la couche jaunâtre et grasse, qui couvre la   plus fort refroidissement.
                 surface blanchâtre du lait.                 Le rendement en beurre est plus considé­
                   Quelle est la température la plus avanta­  rable quand le lait a été exposé à une basse
                 geuse pour la montée de la crème? C’est une  température, et, dans ce dernier cas, le lait
                 question qui, avant l’année 1876, paraissait  écrémé, le beurre et le fromage sont de
                 parfaitement jugée. On admettait que le  meilleure Qualité.
   143   144   145   146   147   148   149   150   151   152   153