Page 140 - Merveilles Industrie Tome 4
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134                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                   lactine et n, le nombre de degrés observés  aperçoit bien en considérant le liquide de bas
                   pour la déviation de la lumière polarisée.  en haut, après un repos de quelques heures.
                   Dans cette formule 201,90 est le nombre de   Un calcul très-simple permet, d'après les
                   grammes de sucre de lait qui produiraient  éléments fournis par cet essai, de détermi­
                   une déviation de 100°, s’ils étaient dissous  ner la quantité de sucre de lait contenue
                   dans un litre (1,000 centimètres cubes) d’eau  dans un litre de sérum. On peut, du reste,
                   distillée.                                faire usage de tables qui présentent immé­
                     Le lait du commerce, d’après M. Pog-  diatement les résultats correspondant à cha­
                   giale, ne marque que 19 à 23° au sacchari-  que centimètre cube de sérum.
                   mètre. Cette déviation correspond à 38gr,36   On peut arriver, parce procédé, à connaître
                   ou 468r,44 de sucre de lait par litre. Tout  la proportion de lactine contenue dans le
                   lait qui ne marque pas 20° peut être con­  lait. Un litre de lait ne doit pas renfermer
                   sidéré comme étendu d’eau.                moins de 46 grammes de lactine.
                     Le dosage de la lactine par le procédé    L’analyse du lait en dosant la lactine, soit
                   chimique s’opère au moyen du liquide dit  par le moyen optique, soit par le procédé
                   cupro-potassique. C’est une liqueur titrée  chimique, n’est pas restée dans la pratique.
                   contenant du sulfate de cuivre, de la potasse  Dans les laboratoires que l’administration
                   caustique et du tartrate neutre de potasse,  des hôpitaux de Paris, et dans ceux que la
                   dans des proportions déterminées. En ver­  Préfecture de police a fait établir, pour ap­
                   sant le sérum du lait à essayer, au moyen   précier les qualités du lait vendu dans les
                   d’une burette graduée, dans un volume  marchés publics, on ne se sert que du lacto-
                   connu de cette liqueur bleue portée à l’ébul­  densimètre de Quévenne, contrôlé par le
                   lition (fig. 81), on y détermine un précipité  crémomètre ordinaire. ‘Aucun autre mode
                                                             d’examen n’est en usage.
                                                               Si j’avais à exécuter une série d’analyses
                                                             du lait, pour un service d’hôpital, pour une
                                                             surveillance de marché, pour un établisse­
                                                             ment industriel, j’avoue que, porté par mon
                                                             éducation à voir les choses plutôt en chi­
                                                             miste qu’en physicien, je ne ferais usage ni
                                                             de l’un ni de l’autre de ces instruments aréo-
                                                             métriques. Je ferais une analyse chimique
                                                             en raccourci, dont les résultats auraient tout
                                                             autant d’exactitude que ceux que fournit le
                                                             lacto-densimètre de Quévenne, contrôlé par
                                                             le crémomètre. Voici comment j’opérerais.
                                                               Je ferais traire devant moi une vache don­
                                                             nant un lait normal. Je prendrais 1/4 de
                    Fig. 81. — Réduction de la liqueur cupro-potassique
                               par le sérum du lait.         litre de ce lait, je l’étendrais de la moitié de
                                                             son volume d’eau, et le coagulerais, à l’ébul­
                   rouge-brique, qui est produit par la réduc­  lition, par un peu d’acide acétique, ainsi
                   tion du sel de cuivre, et qui disparaît au fur  que le pharmacien opère pour préparer le
                   et à mesure, jusqu’à ce que le lait ait com­  petit-lait à l’usage d’un client. Je jetterais
                   plètement réduit le sel de cuivre. La liqueur  le coagulum sur un filtre, pesé d’avance, et,
                   prend alors une teinte jaune-paille, que l’on  après avoir lavé le précipité, je dessécherais
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