Page 136 - Merveilles Industrie Tome 4
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130 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
On laisse alors reposer l’œil quatre ou cinq communiquent au lait une plus grande opa
secondes, après lesquelles on s’assure si la cité.
flamme a bien réellement disparu. On lit Réveil, dans une thèse présentée à la Fa
alors le nombre de degrés dont on a tourné culté de médecine de Paris, en 1860, assure
l’anneau mobile, T. Cette lecture est facile, que si le lait récent donne toujours, par l’exa
il n’y a qu’à observer le chiffre de la gra men au lactoscope, des résultats concordant
duation gravée sur la partie fixe, auquel cor avec ceux de l’analyse, le lait abandonné à
respond la flèche gravée sur la partie mo lui-même donne, d’heure en heure, par l’es
bile, T. Moins le nombre de degrés indi sai lactoscopique, des résultats différents, et
qué par la lecture est grand et plus le que le même essai fait avec du lait bouilli ne
lait contient de crème, puisqu’une faible conduit pas, non plus, à des résultats exacts.
couche intercepte la lumière et semble l’é Il ne faut donc demander à cet instru
teindre lorsque le lait est très-butyreux. Par ment que ce qu’il peut donner, et ne pas
contre, un lait pauvre en beurre n’intercepte exiger de ses indications une précision ma
la lumière que sous une plus grande épais thématique.
seur. Le nombre de degrés est alors plus Il ne faut pas oublier, d’ailleurs, que l’essai
considérable. Le premier cas se présente au lactoscope, comme l’essai au crémomètre
avec les dernières portions de la traite ; le (c’est le même renseignement que l’on de
second avec les premières. mande à l’un et à l’autre), n’est que le com
Un grand reproche à faire au lactoscope, plément de l’essai préalablement fait au lacto-
c’est que les indications fournies par un densimètre, et que la détermination précise
lactoscope quelconque ne peuvent être utiles de la densité du lait par ce dernier instru
que si l’on connaît d’avance la valeur de ment, doit toujours être opérée concurrem
ses indications. Expliquons-nous. Il faut ment avec la détermination de sa richesse
avoir, pour chaque instrument, une table en crème.
qui indique la teneur en beurre correspon Quel que soit le mode d’essai auquel on
dant au degré lactoscopique. En effet, la ait recours, il faut toujours opérer avec du
difficulté de la construction du lactoscope lait de la traite entière, car les premières
ne permet pas d’obtenir une concordance portions sont beaucoup moins riches en
parfaite dans tous ces instruments. 11 est beurre que les dernières : les résultats de
donc nécessaire, avant de se servir d’un de la première traite et de la dernière pré
ces intruments, d’établir la valeur de ses de sentent des écarts tellement considérables
grés par de longues et pénibles analyses, que l’on croirait qu’il s’agit d’un produit
ou tout au moins par comparaison avec les totalement différent.
degrés d’un lactoscope accompagné d’une Ajoutons que le lactoscope et le crémo
table dont l’exactitude ne soit l’objet d’au mètre ne peuvent être efficacement em
cun doute. ployés qu’avec des laits qui n’ont pas été
On a présenté contre l’emploi du lacto soumis à l’ébullition. D’après les remarques
scope d’autres objections, tirées de la na de Réveil citées plus haut, les résultats que
ture même du lait. Le diamètre des glo l’on obtiendrait avec des laits bouillis se
bules gras du lait n’est pas toujours le raient inexacts. Enfin, lorsque le lait tend à
même. Lorsque le lait a été abandonné se coaguler, il augmente d’opacité, ce qui
au repos, pendant un certain temps, et que produit à l’égard du lactoscope, une cause
les plus gros globules se sont rassemblés, d’erreur contre laquelle on n’est pas toujours
ceux qui restent dans le liquide sous-jacent, en garde.