Page 128 - Merveilles Industrie Tome 4
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                   caséine et les sels diminuent avec la quantité   M. Péligot a fait des expériences relatives
                   de lait sécrétée.                         à l’influence en sevrage sur la composition
                     Quelle que soit la composition moyenne  du lait d’ânesse. Ce chimiste a constaté que
                   habituelle d’un lait, la proportion du beurre  la proportion des matières solides diminue
                   augmente pendant la durée d’une même  dans le lait, à mesure de son séjour dans la
                   traite, à mesure qu’on prolonge cette traite.   mamelle. Cette diminution porte surtout sur
                   Les portions recueillies au commencement  le beurre et sur le caséum.
                   de la traite, sont très-pauvres en beurre ; les   MM. Bouchardat et Quévenne ont cons­
                   dernières, très-riches. Mais il est nécessaire,   taté qu’il en est de même pour le lait de
                   pour que cette différence se manifeste, que  chèvre, c’est-à-dire que la proportion des
                   le séjour du lait dans la mamelle ait été de  matières solides diminue à mesure que l’on
                   plus de quatre heures. Les traites rappro­  s’éloigne du moment de la dernière traite,
                   chées de deux en deux heures et plus ne per­  et que le beurre est le produit qui subit la
                   mettent pas de constater de variation sensi­  diminution la plus considérable.
                   ble pendant la durée de l’émission.         Le lait des animaux carnivores renferme
                     D’après Becquerel et Vernois, le lait, vers  beaucoup moins de sucre de lait que celui
                   la fin de la gestation, s’enrichirait en élé­  des herbivores. Sa composition se rapproche
                   ments nutritifs. On sait qu’un peu avant le  donc de celle de la chair elle-même. Ne
                   part et quelques mois après, les femelles des  renfermant plus que des traces de lactine,
                   mammifères sécrètent un lait spécial, riche  le lait des carnivores conserve les matières
                   en albumine, en beurre et en sucre, et qui  grasses et albuminoïdes. Les sels de diverse
                   contient très-peu de caséine. Ce produit, es­  nature qui existent dans tous les tissus et
                   pèce de prédécesseur, d’avant-garde du lait,   dans tous les liquides des animaux, com­
                   est désigné, avons-nous déjà dit, sous le nom  plètent l’analogie de constitution entre le
                   de colostrum. Crusius a trouvé que la pro -  lait des carnivores et la viande.
                   portion de matières fixes contenues dans le   La composition du lait de la femme paraît
                   colostrum de la vache, produit que l’on  rester sensiblement la même entre les âges
                   connaît sous le nom de mouille, est de 34  de trente et de trente-cinq ans. Après
                   pour 100 le premier jour, et s’abaisse ra­  trente-cinq ans les sels diminuent, mais la
                   pidement à 3 pour 100, au bout de peu de  proportion de la caséine et du beurre ne va­
                   jours.                                    rie pas.
                     Le colostrum humain, qui est jaune au     Suivant Simon, pendant la fièvre, la quan­
                   début, prend, dès le troisième jour, une cou­  tité de lactine du lait sécrétée par la femme
                   leur blanchâtre. D’après Becquerel et Ver­  diminue, mais la caséine augmente. D’après
                   nois, la caséine et les matières extractives  Becquerel et Vernois, il en est de même
                   diminuent jusqu’au dernier mois dans le  dans la plupart des maladies aiguës ; tandis
                   colostrum. De 45 grammes par litre, elles  que dans les affections chroniques le beurre
                   tombent à 38, et restent ensuite à peu près  seul augmente et la caséine diminue.
                   constantes entre 36 et 40. Quant au beurre,   Le lait conserve donc, à quelques différen­
                   d’un à huit mois, il diminue progressive­  ces près, ses propriétés nutritives pendant
                   ment de 39 grammes à 16 grammes par kilo­  les fièvres inflammatoires franches. Aussi
                   gramme. Au bout de ce temps il augmente  Trousseau conseillait-il de ne pas se hâter
                   et reste constant entre 20 et 26 grammes.  d’enlever l’enfant à une nourrice en proie à
                     En général, les jeunes nourrissons digè­  la fièvre. Il cite plusieurs cas oii le nourris­
                   rent mal un lait trop vieux.              son n’a nullement souffert, bien que la nour­
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