Page 116 - Merveilles Industrie Tome 4
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110                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                       d’une très-petite dimension. Leur surface est  portent les recherches chimiques ; mais si
                       extrêmement brillante ; ils glissent facile­  on ne recherche pas cette exactitude abso­
                       ment les uns sur les autres. Ces globules sont  lue, si l’on se contente d’une indication gé­
                                                                 nérale, il est très-facile d’analyser le lait.
                                                                 Il suffit de regarder,   pour voir cette ana-
                                                                 lyse s’effectuer, pour   ainsi dire, spontané-
                                                                 ment sous nos yeux,   Ici la nature se fait
                                                                 chimiste ; elle opère  elle-même la sépara-
                                                                 tion des éléments qui constituent le lait.
                                                                   Abandonnons du lait au repos, à la tem­
                                                                 pérature de -j- 8° à -|- 15°; au bout de vingt-
                                                                 quatre à trente-six heures, la partie la plus
                                                                 légère du lait, c’est-à-dire la matière grasse,
                                                                 qui, tenue en suspension, donnait à ce liquide
                                                                 sa couleur blanche et son opacité, s’est réunie
                                                                 à la partie supérieure du vase, laissant par
                                                                 dessous un liquide d’un blanc mat ou d’un
                       Fig. 72. — Lait en repos surmonté d’une couche de crème.  blanc bleuâtre, plus dense que le lait com­
                                                                 plet, puisque la matière grasse, plus légère,
                                  A, crème; B, lait écrémé
                                                                 s’en est séparée (fig. 72).

                       la matière grasse du lait, vulgairement con­
                       nue sous le nom de beurre. A côté de ces  au repos.
                       globules graisseux, on voit de fines granula­  Cette crème opaque et jaunâtre qui s’est
                       tions d’un diamètre beaucoup plus petit,  séparée du lait, en vertu de la seule loi de
                       qui sont constituées par une matière albu­  la pesanteur, peut, à son tour, et sans
                       minoïde.                                  qu’il soit nécessaire de faire intervenir au­
                         Ce sont ces globules graisseux et ces gra­  cune réaction chimique, c’est-à-dire pai
                       nulations albuminoïdes, qui, en flottant dans  une simple opération mécanique, se diviser
                       le lait, lui donnent sa blancheur et son  en deux parties distinctes. Si l’on agite cette
                       opacité.                                  crème, les globules de matière grasse qui
                         Voilà ce que nous apprend un premier  en composent la plus grande partie, s’agglo­
                       examen ; voilà ce que nous discernons dans  mèrent et se soudent entre eux, en formant
                       le champ de vision du microscope. Mais ce  une masse compacte, d’un jaune mat.
                       premier résultat ne suffit pas. C’est à l’ana­  On appelle beurre, la matière grasse qui
                       lyse chimique qu’il faut demander des ren­  se sépare de la crème battue pendant le
                       seignements plus approfondis.             temps convenable.
                         Analyser un corps, c’est, d’après l’étymo­  Le liquide qui se sépare ainsi du beurre,
                       logie de ce mot, reconnaître les divers élé­  quand on a battu la crème, est connu sous
                       ments qui le composent, et isoler les divers  les noms de lait de beurre, lait battu ou ba­
                       éléments dont il est formé.               beurre. Par sa fluidité, par sa demi-transpa­
                         Cette analyse est-elle difficile? Exige-  rence, il rappelle le lait écrémé. Il tient en
                       t-elle de longues et délicates manipulations?  suspension un peu de beurre, et comme le
                       Oui, s’il s’agit de l’effectuer d’une manière  lait, il renferme de la caséine, du sucre de
                       complète et avec toute la précision que com­  lait, ou lactine, dont nous parlerons tout à
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