Page 112 - Merveilles Industrie Tome 4
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106 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
de même de V Arum esculentum {Chou ca prairies où elle vit d’ordinaire. Cette extrac-1
raïbe), dont on mange les feuilles et les ra tion serait dispendieuse et compromettante]
cines aux Antilles et dans d’autres parties pour les prairies, parce qu’il se forme chaqua
de l’Amérique centrale ou méridionale. année un nouveau bulbe à la partie infél
M. Sileone, de Gênes, assure, dans un rieure du précédent, en sorte que la plante]
mémoire adressé à la Société d'encourage tend à s’enfoncer de plus en plus dans lj|
ment , avoir extrait économiquement de terre.
V Arum maculatum et de V Arum italicum, un Le gland de Chêne pourrait être consacré i
amidon parfait. Déjà Dulong (d’Astafort) et à l’extraction industrielle de l’amidon, sans
M. Calmus avaient obtenu ce résultat. priver l’agriculture d’aucune ressource ali
Mais le gouet ne pourrait être, plus que la mentaire. Le gland de chêne n’a, en effet,
bryone, consacré à une culture régulière, d’autre usage que de nourrir les cochons
car son tubercule ne prend la consistance Pour les autres animaux de la ferme, ce
voulue qu’après trois années d’existence, et fruit serait une nourriture fort insuffisante,
des essais faits par Sonnini, à Manencourt Mais la quantité d’amidon contenue dans lel
(Meurthe), ont prouvé que le gouet cultivé, glands est à peine de 3 à 4 pour 100 ; l’opé
s’il devient moins âcre et moins caustique, ration serait donc peu fructueuse. Des expé
perd aussi une grande partie de sa fécule. riences directes faites par Baume, et de nos
On ne pourrait donc songer à exploiter jours par M. Thorel et par M. Thibiergel
le gouet qui croît naturellement dans les ont prouvé que l’amidon du gland de chôn
lieux humides et ombrageux, que dans le est de qualité inférieure, et qu’on ne peu
cas seulement où l’on n’aurait pas d’autre que très-difficilement le débarrasser du tan
source de fécule. nin. Les frais de décorticage et de râpage n
Le Colchique d'automne a été signalé seraient donc pas couverts par le prix d
comme propre à fournir de la fécule à l’in l’amidon obtenu.
dustrie. La Châtaigne d'eau (Trapa natans) est une
petite plante aux tiges fines et droites, qui
« Dans trois expériences, dit M. Colar, j’ai obtenu remplit nos étangs d’eau douce. Elle se pn
22 pour 100 de fécule du poids de bulbes frais. L’ex
traction de cette fécule est une opération qui, une page avec facilité et n’exige aucun soin. S<
fois les bulbes débarrassés de leurs tuniques noires, fruits sont faciles à recueillir à l’époque de
est absolument la môme que si l’on agissait sur des la maturité.
pommes de terre. Seulement, comme la pulpe de Le fruit de la Châtaigne d'eau renferm
colchique brunit très-vite par l’action de l’air, il est
bon de la délayer dans l’eau presque au fur et à me 20 pour 100 de fécule, et cette fécule est ex
sure de sa préparation. La fécule, séparée du paren trêmement blanche. Rien ne serait plus fi
chyme, au moyen d’un tamis fin, est lavée à grande cile que de l’extraire. On commencerait par
eau à sept ou huit reprises différentes, ou mieux
jusqu’à ce que l’eau qui a servi au lavage soit dé enlever, avec une décortiqueuse mécaniqti
pourvue d’amertume, et partant de colchicine. Alors l’écorce, ou la coque épineuse de ce frul
on la met égoutter et on la sèche. Ainsi préparée, Ensuite on le râperait avec une râpe à ha
cette fécule est très-blanche, d’une saveur douce et
agréable, et d’une innocuité complète. » teraves ; on laverait la pulpe dans l’eau,I
par un simple tamisage, on obtiendrait ui
Cette plante ne pourrait que très-difficile fécule très-pure, qu’il n’y aurait qu’à sécha
ment être employée pour l’extraction de la pour la livrer au commerce.
fécule, d’abord parce qu’elle renferme un La Châtaigne d'eau couvre d’immen®
principe toxique, ensuite en raison des dom surfaces dans les étangs de plusieurs coi
mages que son arrachage occasionnerait aux trées du centre de la France. Cultivée! dai