Page 113 - Merveilles Industrie Tome 4
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LES FÉCULES ET LES PATES ALIMENTAIRES.                            107


      ces étangs, elle produirait facilement une   tion de cette fécule à celle des céréales ou
      grande partie de la fécule que l’on extrait de   de la pomme de terre. Ne pouvant suivre ces
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      la pomme de terre.
        Outre la production d’une matière dont   soulèvent à ce propos, nous nous conten­
      elle enrichirait l’industrie, la culture des   terons de citer les conclusions de leur tra­
      étangs, faite en vue d’en retirer la fécule de   vail.
      la châtaigne d’eau, serait utile à trois points
      de vue. D'abord, en entretenant une végéta­  « Les frais de récolte des marrons d’Inde, disent
      tion aquatique, elle améliorerait la qualité   MM. Thibierge et Remilly,sont presque nuis, surtout
                                                dans les promenades, les lieux de plaisance; on les
      et augmenterait la quantité du poisson de ces   trouve en effet au pied des tas de feuilles après le
      étangs. Elle produirait l'assainissement du   ratissage.
      voisinage des eaux stagnantes, à cause de la   « Une fois desséchés, les marrons peuvent se garder
                                                indéfiniment et on peut en extraire l’amidon à loisir.
      végétation vivace qu’elle développerait et de
                                                  « Le bois de marronnier est le premier de nos bois
      l'entretien des étangs qui en serait la consé­  blancs indigènes; il sert à faire des voliges, des
      quence. Enfin, les 200,000 hectares de ma­  chevrons, des conduits d’eau souterrains, des jougs
      rais et d’étangs qui existent en France, s’ils   d’attelage, des bardeaux, des sabots, etc.— Par sa lé­
                                                gèreté il convient au layetier, au boisselier, au me­
      étaient exploités pour le Trapa natans, pour­
                                                nuisier.— Commeil n’est sujet à aucune vermoulure
      raient peut-être fournir à notre pays la fé­  et qu’il reçoit facilement un beau poli, il est recherché
      cule dont l’industrie appauvrit aujourd’hui   parle graveur sur bois, l’ébéniste et le tourneur; et
                                                comme il prend très-bien la couleur, il sert aussi à
      les subsistances publiques.
                                                fabriquer de petits objets imitant l’ébène.
        Telle est du moins l’opinion de MM. Thi-   « Les feuilles de marronnier conviennent particu­
      bierge et Remilly, qui consacrent au déve­  lièrement à l’amendement des vignes; leurs cendres,
      loppement de cette idée plusieurs pages du   contenant une notable quantité de potasse, pour­
                                                raient encore fournir une partie des 5,000,000 de
      livre qu’ils ont publié sous ce titre : De l’a­
                                                kilogrammes de potasse que la France fait venir
      midon du marron d'Inde, ou des fécules amy­  chaque année de l’étranger.
      lacées des végétaux non alimentaires (1).  « Plantés dans de mauvais terrains, les marronniers
                                                pourraient au bout d’un certain temps, par l’abon­
        Le titre de cet ouvrage dit assez que
                                                dance des feuilles qu’ils perdent chaque année, bo­
      MM. Thibierge et Remilly se sont proposé   nifier et rendre cultivables ces terrains aujourd’hui
      de recommander l’extraction de l’amidon   improductifs.
      du marronnier d’Inde, pour remplacer l’a­  « Tous les expérimentateurs qui se sont occupés du
                                                marron d’Inde, depuis 1720, sont unanimes pour af­
      midon des céréales et la fécule de la pomme
                                                firmer son utilité comme matière féculente. Après
      de terre. Le fruit du maronnier renferme,   eux nous ajouterons que la fécule amylacée du
      en effet, 17 pour 100 de fécule, et l’extrac­  marron d’Inde est un amidon aussi blanc et aussi
      tion de cette fécule est des plus simples. Un   mat que l’amidon de froment, qu’il se prend comme
                                                lui en masse et se divise en aiguilles, et que dès à
      simple râpage du fruit, un lavage à l’eau de   présent il lutterait avec avantage contre l’amidon de
      la pulpe, un tamisage et un séchage, procu­  céréales pour la qualité.
      rent, en quelques jours, une fécule excellente   « Une fois le marron d’Inde décortiqué, son amidon
                                                s’extrait par les mêmes procédés employés aujour­
      et qui peut recevoir tous les usages indus­  d’hui dans les féculeries pour extraire la fécule de
      triels.
                                               pomme de terre.
        MM. Thibierge et Remilly s’étendent, dans   « Le marron d’Inde, récent et décortiqué, donne en
      1 ouvrage dont nous venons de citer le titre, |   amidon la même quantité que la pomme de terre en
                                               fécule, c’est-à-dire 16 à 17 pour 100 de son poids.
      sur les procédés à employer pour extraire
                                                 « Le prix courant de cet amidon sera pour l’indus­
       amidon du marronnier, et sur les avanta­  trie moins élevé que celui de l’amidon de froment,
      ges que procurerait à l’industrie la substitu­  et même que celui de la fécule de pomme de terre.
                                                 « La farine de marron d’Inde doit servir à la fabri­
        ai 1 vol. in-12. Paris, 1857> chez vjctor MassQn
                                               cation des colles de pâte employées par tant d’arts
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