Page 105 - Merveilles Industrie Tome 4
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LES FÉCULES ET LES PATES ALIMENTAIRES.                            99


       mm. Ces grands palmiers sont abattus et   ce produit avec celui des Indes, car les
       fendus dans leur longueur. On retire la   grains de fécule de pommes de terre se re­
       moelle qui remplit le stipe (tronc des pal­  connaissent au premier coup d’œil.
       miers), et on soumet cette matière à une pu­
       rification grossière, en la pétrissant à l’eau.
       Elle est ensuite expédiée à Singapore, ou en
                                                              CHAPITRE V
       Chine, où les indigènes s’occupent d’en ex­
       traire la fécule.                         LES PATES ALIMENTAIRES ; PROCÉDÉS SUIVIS POUR LEUR
         Pour cela, on délaye la matière dans 1 eau,   PRÉPARATION. — LE MACARONI, LE VERMICELLE ET LES
                                                  DIVERSES PATES ALIMENTAIRES. — APPAREILS EN USAGE
       et l’on passe l’eau sur un nouet de toile, en   POUR MOULER CES PATES; LE PÉTRIN, LA HARPIE, LA
       pressant le nouet. La fécule se dépose au   PRESSE A PATES.
       fond du liquide laissé en repos. On la pu­
       rifie en la lavant, et on la sèche. On obtient   La fabrication des pâtes alimentaires est
      ainsi la fécule de palmier, ou farine de sagou.  originaire de l’Italie. Ce produit est, en effet,
         Pour préparer l’aliment connu en Europe  désigné souvent sous le nom de pâte d’Ita­
      sous le nom de sagou, et auquel on attribue  lie. La richesse en gluten des blés d’Italie,
      sur le continent à tort ou à raison, des pro­  mais surtout des blés de la Sicile, provoqua,
      priétés toniques et fortifiantes, on fait passer  il y a bien des siècles, la création des pâtes
      la fécule de sagou, encore humide, à tra-,  alimentaires. On sait que, dans le midi
      vers des cribles, dont les mailles ont des lar­  de l’Italie, les diverses pâtes et surtout le
      geurs différentes. On obtient ainsi des grains  macaroni, remplacent le pain, et entrent
      anguleux. Pour les arrondir, on les secoue  pour une grande part dans l’alimenta­
      dans les caisses qui les contiennent. Par  tion du peuple. On voit, dans les villes
      leur frottement mutuel, les grains s’arron­  de l’Italie méridionale, de petites écho-
      dissent et se polissent ; ils prennent l’aspect  pes où le macaroni, aliment national par
      que nous connaissons au sagou. On termine  excellence, se débite en plein vent. La
      en séchant les grains sur un feu de char­  peinture et le dessin se plaisent à nous
      bon très-doux, en les agitant continuelle­  retracer le lazzarone napolitain mangeant
      ment.                                     son macaroni sur les quais ensoleillés de
        Dans le commerce, le sagou se présente,  Naples.
      sous la forme de grains ronds, dont la gros­  Les Italiens ont eu longtemps le mono­
      seur varie depuis celle d’un grain de millet  pole de la fabrication des pâtes alimen­
      jusqu’à celle d’un grain de noisette. Leur   taires ; ils en exportaient des quantités
      couleur varie du blanc au rouge, selon les   considérables. Mais depuis le commence­
      procédés qui ont été employés pour la pré­  ment de notre siècle, les fabricants français
      paration.
                                               ont commencé à leur faire une active con­
        Le vrai sagou des Indes n’est pas connu   currence. Non-seulement nos fabricants ne
      sur nos marchés. Tout ce que l’on vend sous   sont plus aujourd’hui tributaires de l’Italie ;
      ce nom est fabriqué, chez nous, avec la fécule   mais encore les améliorations introduites
     de pommes de terre. Les fabricants qui se   dans l’outillage de cette industrie et le déve­
      respectent appellent ce produit sagou indi­  loppement des moyens de transport, nous
      gène, ou sagou de pommes de terre. Ce sont   permettent d’exporter ce produit en tout
      des grains de fécule de pommes de terre
                                               pays et même en Italie. Aussi la consomma­
      ronds, colorés en rouge-brun par du cara-
                                               tion des pâtes alimentaires s’est-elle accrue
      •nel (sucre brûlé). On ne saurait confondre
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