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INDUSTRIE DE L’EAU.                                  97

       ou de potassium qui peut se trouver dans   et du bicarbonate de potasse, base des ta­
       une eau potable sans nuire à ses qualités.   blettes de Vichy, qui sont recomman­
       J 'expérience a démontré seulement que,   dées pour exciter l’action digestive de l’es­
        our les eaux qui sont réputées les meilleu­  tomac. Il ajoute que les médecins em­
       res la quantité de chlorure de sodium et de   ploient souvent le carbonate de chaux sous
       potassium ne doit point dépasser par litre   le nom d'yeux d'écrevisse, de craie, etc.,
       I centigramme et ne point être inférieure   pour combattre les embarras gastriques, les
       à 5 milligrammes. Les eaux du puits de    aigreurs des premières voies, pour saturer
       Grenelle, qui sont justement renommées,   les acides de l’estomac, etc. Le bicarbonate
       contiennent par litre 0^,009 et 0gr.008 de   de chaux des eaux potables, dit Dupasquier,
       chlorures de sodium et de potassium.      est décomposé comme les bicarbonates al­
                                                 calins, par l’acide du suc gastrique, avec
         Le carbonate de chaux avait été considéré, 1  dégagement d’acide carbonique; il opère,
       jusqu’au milieu de notre siècle, comme une   de même que ceux-ci, en saturant les acides
       substance nuisible dans les eaux potables, i  de l’estomac, et en stimulant sa membrane
       Alphonse Dupasquier, dans son ouvrage sur .  muqueuse par l’acide carbonique qu’il laisse
       les Eaux de source et les eaux de rivière,   dégager en se décomposant. Dupasquier dit
       combattit cette opinion. 11 voulut qu’on   enfin que cette même substance agit d’une
       distinguât, dans les eaux potables, le car­  façon non moins utile en apportant à l’é­
       bonate de chaux du sulfate de chaux.     conomie les sels de chaux qui sont néces­
       Tandis que le sulfate n'a que des propriétés   saires pour constituer les parties solides du
       nuisibles, le carbonate de chaux, selon lui,   squelette animal.
       produirait d’excellents effets dans ces eaux,   Il faut répondre à ces considérations que
       lorsqu’il ne dépasserait pas certaines limites.   l’eau n’est pas destinée àguérir les malades,
       Les sels de chaux entrant comme éléments   mais à entretenir la vie des gens bien por­
       constituants de nos tissus, on ne saurait con­  tants ; qu’il y aurait beaucoup à dire sur
       sidérer comme substance nuisible, disait   l’assimilation du bicarbonate de chaux au
       Dupasquier, un composé calcaire.          bicarbonate de soude et sur l’efficacité des
        Cette théorie a joui pendant quelque    alcalins dans les maladies stomacales.
       temps d’une assez grande vogue ; mais    Maisil vautmieux réfuter les vues théoriques
       il serait dangereux de la professer, car   de Dupasquier par un fait certain et indis­
       elle introduirait beaucoup de confusion   cutable. Ce fait certain, c’est que les eaux
       dans la question des eaux potables. On   trop chargées de carbonate de chaux sont
       doit demander à l’eau d’être de l’eau et   indigestes, et quelquefois occasionnent de
       non une dissolution calcaire. L’opinion   véritables accidents morbides.
      de Dupasquier a eu pour effet de diminuer   Quant à l’utilité du carbonate de chaux
       la répugnance que l’on peut avoir pour les   pour constituer le phosphate de chaux des
      eaux calcaires, mais c’est là tout ce que   os, assertion qui a été corroborée plus tard
       l’on peut lui accorder, sous peine d’ouvrir   par les expériences de Chossat et de Bous-
       la porte à toutes sortes de contradictions et   singault, il faut faire remarquer que la chaux
      même d’erreurs.                           abonde dans les aliments dont nous faisons
        Pour faire admettre l’utilité du bicarbo­  usage, dans le pain, la viande et les légumes,
       nate de chaux dans les eaux potables, Du­  et qu’il est bien superflu d’aller en deman­
       pasquier prétend que ce sel agit sur l’esto­  der une quantité nouvelle à l’eau. D’ail­
      mac à la manière du bicarbonate de soude,  leurs, à ce compte, il faudrait que l’eau
              T. ui.                                                          200
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