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INDUSTRIE DE L’EAU.                                 93

       dongc ne tardent pas à périr. Mais il suffit   Gier, sortant de leur source, sont fortement
       d’ao-iter fortement ces eaux au contact de   chargées d’acide carbonique, et très-pauvres,
       l’air, pour leur faire reprendre leurs quali­  au contraire, en oxygène, et qu’elles perdent
       tés premières.                           insensiblement, en s’avançant dans leur
        Le fait de l’existence de l’air dans l’eau   parcours, de leur acide carbonique, tandis
       cst d’ailleurs, connu depuis bien longtemps,   qu’elles gagnent graduellement en oxygène.
       car, 470 ans avant J.-C., le philosophe Dio-   Quoi qu’il en soit, toutes les eaux qui s’é­
       o-ène,d’Apollonie, en faisait mention, et indi­  panchent à la surface du sol sont chargées
       quait que l’air dissous de l’eau sert à la res­  d’acide carbonique ; mais la proportion
       piration des poissons.                   de ce gaz subit l’influence de la température
        11 importe cependant de faire remarquer   et de la pression atmosphérique. Les eaux
       que, dans certaines circonstances, les eaux   retiennent d’autant mieux l’acide carboni­
       potables ne renferment que des quantités   que qu’elles sont plus froides. D’après
       d’air insignifiantes. Dans les eaux de source,   M. Péligot, qui a confirmé les observations
       on trouve moins d’oxygène que dans les   faites à Lyon par Bineau, l’acide carbo­
       eaux de rivière : l’oxygène a été absorbé   nique entrerait pour moitié dans le volume
       par des substances minérales, végétales ou   des gaz que renferme l’eau de la Seine,
       animales qui étaient mêlées aux eaux de la   et, de plus, le volume ne serait jamais cons­
       source.                                  tant, comme le prouvent les analyses sui­
        La présence des végétaux et des animaux   vantes de l’air recueilli à différentes épo­
       dans les eaux potables a pour effet de dimi­  ques en faisant bouillir l’eau de la Seine :
       nuer la quantité d’oxygène, et d’augmenter
                                                29 janvier............  53,60 p. 100 d’aeide carbonique
       celle de l’acide carbonique-. M. Seeligmann,
                                                16 février............  54,60   —   —
       dans un mémoire sur les Eaux potables de   20 février............  42,30  —   —
       la ville de Lyon, lu le 29 novembre 1859,   24 mars...............  40,00   —   —
                                                28 mars...............  30,00   —   —
       à la Société d'agriculture de Lyon, et pu­
                                                11 avril................ 43,00  —   —
       blié dans le recueil de cette compagnie   10 mai................. 40,00  —   —
       savante, dit que l’eau de source recueillie
       à la montée de l’Observance, dans la mai­   Ces différences se font sentir davantage
       son habitée par l’ingénieur en chef du   encore pendant les mois les plus chauds de
       service municipal, contenait à sa sortie, au   l’année, comparativement aux mois les plus
       mois de juillet 1859 :                   froids. Ainsi, tandis que, dans l’analyse de
                                                Dupasquier, 1 litre d’eau du Rhône donnait,
                18cc, d’acide carbonique.       au mois de février 1839
                6“,23 d’oxygène.
                                                          18“,20 d’acide carbonique,
         Cette eau, après avoir séjourné dans un
       bassin du jardin de cette maison, et après y   dans l’analyse de Boussingault, au mois de
       avoir été mise en présence de végétations   juillet 1835, 1 litre d’eau du Rhône don­
       aquatiques, fut de nouveau soumise à l’ana­  nait :
       lyse et donna alors :                              6CC,53 d’acide carbonique,
                 S“,CO d’acide carbonique.       et dans une analyse faite par M. Seeligmann,
                 8“,79 d’oxygène.                le 5 octobre 1859, 1 litre d’eau du Rhône
                                                 ne présentait plus que :
         Bineau et Fournet, de Lyon, avaient déjà,
       du reste, fait remarquer que les eaux du           3“,76 d’acide carbonique.
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