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94                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                   Nous avons déjà fait remarquer que      tre. On dit alors, dans le langage vulgaire,
                l’air ne se dissout pas intégralement dans   que les eaux sont légères. Quand l’inverse
                Peau, car l’air dissous dans l’eau est plus   lieu, elles sont moins vives, moins sapides,
                pur que celui de l’atmosphère. Tandis que   moins digestibles, et on dit que les eaux sont
                l’air atmosphérique contient 21 pour 100   lourdes. Telles sont, par exemple, les eaux
                 d’oxvgène et 79 d’azote, celui qui est dis­  de puits, celles qui proviennent de la fonte
                 sous dans l’eau renferme 32 à 33 pour 100   des neiges ou des glaces et des montagnes
                 d’oxygène, pour 65 à 67 d’azote. Cette dif­  très-élevées au-dessus du niveau de la mer.
                 férence, ainsi que nous l’avons fait remar­  D’après M. Péligot, il y a :
                quer, tient à ce que le gaz oxygène est plus
                                                             Dans 1 litre d’eau de la Seine
                soluble dans l’eau que le gaz azote. L’air
                                                               recueillie en hiver..........  54cc de  gaz dissous
                renferme quatre fois plus d’azote que d’oxy­  Dans 1 litre d’eau de pluie..  23,
                gène, mais le gaz oxygène est plus soluhle
                dans l’eau que le gaz azote ; l’air doit être   Ces gaz ont la composition suivante :
                un peu plus oxygéné dans l'eau que dans
                                                                                Eau de Seine.  Eau de pluie.
                l’atmosphère.                                 Oxygène.................... ... 10",1  7",4
                   Pour déterminer la quantité et la com­     Azote......................... ...  21  4  18 1
                                                              Acide carbonique... ... 22 6  0 5
                position de l’air dissous dans l’eau, on se
                                                                                  o4cc,l   23",0
                sert de l'appareil que représente la figure 55.
                On prend un ballon de verre de 3 à 4 litres   Un litre d’eau de source de  Royes, af-
                de capacité, et on adapte à ce ballon, au   Huent de la rive droite de la Saône, analysée
                moyen d’un bouchon troué, un tube, plein   par M. Boussingault, a donné un mélange
                d’eau lui-même et propre à recueillir les   gazeux composé de :
                gaz, ce qui se fait facilement en remplissant
                complètement le tube avant de l’adapter au              6cc,20 d’oxygène.
                                                                        lbcc,30 d’azote.
                matras, fermant avec le doigt son extrémité
                 libre, introduisant l’autre extrémité dans le
                                                             Un litre d’eau de la source de Ronzier, a
                col du vase, et l’y fixant. Ensuite on dispose
                                                           Lyon, analysé par Dupasquier, a donné un
                le matras sur un fourneau à feu nu ; on en­
                                                           mélange gazeux composé de :
                gage l’extrémité du tube sous une éprouvette
                pleine de mercure, on retire le doigt et                6CC,38 d’oxygène,
                                                                        15cc,00 d’azote.
                I on chauffe l’eau peu à peu. Bientôt on
                voit apparaître des bulles de gaz, et l’eau
                                                             M. Seeligmann, de Lyon, a obtenu, le
                entre en ébullition. A partir de ce mo­
                                                           5 octobre 1859, pour 1 litre d’eau du Rhône,
                ment, l’air se dégage tout entier de l’eau,
                                                           puisé au pont Morand, un mélange gazeux
                dans l’espace de deux à trois minutes. On
                                                           composé de :
                enlève alors l’appareil du fourneau, on me­
                                                                        7CC,00 d’oxygène.
                sure le gaz, et on le soumet à l’analyse
                                                                        16cc,89 d’azote.
                chimique, pour déterminer les proportions
                d’oxygène et d’azote qu’il renferme.         C’est l’air qu’elles tiennent en dissolution
                  Les eaux sont d’autant plus agréables à   qui donne aux eaux potables, la propriété
                boire qu’elles contiennent une plus grande   d’entretenir la vie des animaux aquatiques.
                quantité d’oxygène et de gaz acide carbo­  En effet, si l’on chasse l’air de ces eaux par
                 nique, et que la somme totale du mélange   l’ébullition, elles deviennent insipides, de
                gazeux dépasse 30 centimètres cubes par li­  difficile digestion, et les poissons qu’on v
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