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INDUSTRIE DE L’EAU 99

téarate, margarate et oléate de soude, mis Quant aux matières organiques, il est évi­
cn présence d’une eau chargée d’un sel dent que leur présence en quantité notable
calcaire, doit donc former un stéarate, mar- dans les eaux employées pour la boisson,
.rarale et oléate de chaux insolubles, et est toujours fâcheuse. Quand les eaux sont
mettre en liberté la potasse ou la soude. abandonnées à l’air, pendant l’été, ou seu­
Ainsi, plus une eau renfermera de sels cal­ lement par une chaleur tempérée,la matière
caires, plus elle décomposera et précipitera organique se décompose, et les eaux ne tar­
le savon. Si l’on veut lessiver le linge avec dent pas à acquérir une odeur putride. Des
une eau de cette nature, avant que l’eau eaux ainsi altérées peuvent donner lieu
puisse servir au savonnage du linge il à de graves maladies. On a vu des ma­
faudra perdre une certaine quantité de sa­ ladies éclater dans les maisons par le fait
von, et pour une eau fortement chargée de de l’infiltration des produits des fosses d’ai­
chaux cette perte sera considérable. sances dans les puits servant à l’alimenta­
Il n’est pas exact de dire qu’une eau sélé- tion commune. Après des inondations qui
niteuse soit absolument impropre au savon­ ont humecté fortement le sol des villes, on
nage. Elle peut certainement servir à lessi­ a vu des quartiers populeux présenter un
ver le linge, mais c’est à condition de grand nombre de fièvres graves, que tous
commencer par perdre, à l’état insoluble, et les médecins attribuaient à l’altération des
par conséquent de rendre nulle, une bonne eaux. Nous n’insisterons pas davantage sur
partie du savon. Rien n’empêche de se ce point, personne ne mettant en doute que
servir de cette eau, quand une partie du les eaux devenues putrides ne soient d’un
savon a été ainsi perdue ; seulement l’on usage dangereux.
a dépensé en pure perte un tiers ou un Nous ferons seulement remarquer que
quart du savon. l’analyse chimique ne fournit pas encore de
lumières satisfaisantes en ce qui concerne
Le chlorure de calcium, l'azotate de la nature des matières organiques qui exis -
chaux, le sulfate de magnésie, le chlorure tent dans les eaux potables. On ne saurait
de magnésium et le sulfate de soude, exis­ donc décider d’après les seules indications
tent ordinairement en trop petite quantité | de la science actuelle, si une eau peut ou non
dans les eaux potables pour pouvoir modi- i être employée comme boisson. On a vu
fier sensiblement leur nature. Cependant fréquemment des eaux exemptes en appa­
le chlorure de calcium et même l’azotate de rence de matières organiques, ou du moins
chaux sont, dans quelques cas, assez abon­ n’en contenant que des quantités à peine
dants dans une eau pour qu’elle décompose appréciables, donner lieu, par leur usage,
le savon. Dupasquier a constaté, en effet, à des maladies épidémiques.
que cette décomposition avait toujours lieu M. Seeligmann, dans le mémoire que nous
quand il essayait par l’eau de savon de avons cité et qui a pour titre Essai chimique
l’eau distillée à laquelle il avait ajouté sur les eaux potables appropriées aux eaux
quelques gouttes d’une dissolution de l’un ou de la ville de Lyon, a fait, au sujet des ma­
de l’autre de ces sels. Ces sels contribuent tières organiques qui peuvent exister dans
donc à rendre les eaux séléniteuses. Et les eaux potables, diverses remarques qu’il
comme les acides de l’estomac sont sans ac­ serait trop long de rapporter ici, mais que
tion sur ces mêmes sels, il est probable nous recommandons à l’attention des per­
que leur action hygiénique est aussi fâ­ sonnes qui s’intéressent à la question des
cheuse que celle du sulfate de chaux. eaux.