Page 100 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 100

98                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                 renfermât du phosphore, pour reconstituer   cates, et celles qui n’v sont pas habituées.
                 le phrophate de chaux, puisque tel est le   Les eaux séléniteuses proviennent des
                 sel qu’il s’agit de faire pénétrer dans les os.   sources sortant des terrains gypseux. La
                 Enfin la théorie de Dupasquier conduirait   quantité de sulfate de chaux qu’elles ren­
                 nécessairement à faire considérer le sulfate |  ferment varie de 08r,l à 0gr,8 ou 06r,9.
                 de chaux comme utile au même titre que le   L’eau de la source de Belleville, près de
                 carbonate de chaux dans les eaux potables,   Paris, renferme un gramme de sulfate de
                 assertion condamnée d’avance par l'expé­  chaux par litre ; tandis que l’eau de la
                 rience universelle et l’observation.      Seine n’en renferme pas plus de 0gr,039.
                   En résumé, l’opinion qui considère le   L’eau du Jardin des plantes, à Lyon, con­
                 bicarbonate de chaux comme utile dans les   tient, d’après Dupasquier, 0gr,23 de sul­
                 eaux potables, n’est pas soutenable. Elle a   fate de chaux par litre. L’eau de la pompe
                 joui de quelque crédit dans la science pen­  de la rue du Commerce, n° 16, à Lyon,
                 dant un certain temps, mais on est au­    donna à M. Seeligmann 0gr,942 de sulfate
                 jourd’hui revenu à des vues plus simples et   de chaux et celle de la pompe rue Vieille-
                 plus droites.                             Monnaie, n° 19, igr,0l5. Le Rhône, au con­
                                                           traire, ne renferme que 0S',003 de sulfate
                   Les substances nuisibles qui existent dans 1  de chaux par litre ; la Saône, 0sr,001 ; à
                 les eaux potables sont le sulfate de chaux,   Lyon, les eaux de Royes, analysées par
                 le chlorure de calcium, l’azotate de chaux,   Boussingault, 0gr,02 ; les eaux de Ronzier
                 le sulfate de magnésie, le chlorure de ma- ;  analysées par Dupasquier, 0gr,011 ; les sour­
                 gnesium, le sulfate de soude, enfin des ma­  ces de Fontaines, 0gr,017; la Vesne, ana­
                 tières organiques.                        lysée par Bineau, 0gr,002 ; et la fontaine
                   Bien que le sulfate de chaux soit peu   Camille, 0gr,004.
                 soluble dans l’eau, l’eau peut en dissoudre   Les eaux de source ou de puits, même les
                 assez pour devenir nuisible à la santé de   plus chargées de sulfate de chaux, n’en sont
                 l’homme ou des animaux qui en font usage. | pas cependant exactement saturées, puisqu’il
                   On appelle eaux séléniteuses (parce'que le   la température ordinaire, ainsi qu à 100°,
                 sulfate de chaux portait le nom de sélénite,   1 litre d’eau peut dissoudre jusqu’à 3
                 dans l’ancienne nomenclature chimique),   grammes de ce sel. •
                 les eaux qui contiennent du sulfate de chaux   Les eaux séléniteuses, avons-nous dit, pré­
                 (gypse ou plâtre). Ces eaux sont, comme   cipitent le savon, cuisent mal les légumes
                 le dit le vulgaire, dures, crues. Elles ont   et les viandes, sont lourdes à l’estomac, em­
                 pour caractères de décomposer le savon, en   pêchent la digestion, et sont aussi impro­
                 formant des grumeaux composés d’un savon   pres à l’industrie qu’aux usages domesti­
                 calcaire insoluble, de précipiter abondam­  ques. Expliquons chimiquement tous ces-
                 ment par le chlorure de baryum et tous les   faits. On sait que le savon est un mélange
                 sels de baryte solubles, et de ne pouvoir   de stéarate, margarate et oléate de soude, sels
                 servir ni au blanchiment du linge, ni à la   d’acides gras solubles dans l’eau. Au con­
                 cuisson des légumes.                      traire, les mêmes acides gras,en se combinant
                   Les eaux séléniteuses sont impropres à ser­  avec la chaux, forment des sels (ou savons),,
                 vir de boisson. Sur ce point, tous les mé­  insolubles dans l’eau. En vertu des lois de
                 decins sont unanimes. Elles ont le grave   Bertholet, il y a décomposition d’un sel solu­
                 inconvénient de rendre les digestions pé­  ble lorsque la base réagissante peut former
                 nibles, surtout chez les personnes déli­  un sel insoluble avec l’acide du sel. Uni
   95   96   97   98   99   100   101   102   103   104   105