Page 94 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 94
92 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE
sulfate de chaux qu’elles' contiennent les matière organique. Une eau de cette na
rend indigestes et impropres aux usages ture est essentiellement mauvaise, et doit
domestiques, sans leur communiquer de sa être rejetée.
veur particulière. Quant à la limpidité, il faut rejeter pour
La saveur décèle assez bien la présence , l’usage de la boisson toute eau trouble,
des matières organiques quand elles sont bourbeuse, ou tenant en suspension des
putréfiées et en quantité notable, mais elle substances terreuses. Les eaux de rivière,
ne peut signaler ces matières quand elles dans les temps de crue, sont presque toutes
ne sont pas encore passées à l’état putride, dans ce cas. De telles eaux ne peuvent être
ou quand elles n’existent qu’en très-faible bues sans inconvénient, à moins d’avoir été
proportion. filtrées, parce que les matières terreuses
Ainsi il faut rejeter comme eau potable qu’elles tiennent en suspension, les rendent
toute eau présentant une saveur autre que indigestes.
la saveur piquante, mais une eau peut n’a
voir point de saveur et ne pas être potable. Le précepte d’Hippocrate , que les eaux
Les eaux douces de source n’ont pas d’o- potables doivent être chaudes en hiver et
denr prononcée. Mais celles qui n’ont pas froides en été est excellent. Si l’on faisait
d’écoulement, et surtout dans lesquelles i usage, en hiver, d’une eau froide, comme le
vivent des plantes et des animaux infé sont alors les eaux de rivière, on s’expose
rieurs, ont le plus souvent une odeur nau rait à compromettre sa santé. Les eaux de
séabonde, qui rappelle celle de la mousse source qui, venant de l’intérieur du sol,
infusée. Cette odeur est due à l’acide sul- ont en hiver + 15° de température, sont
fhydrique, provenant de la décomposition donc préférables, à cette époque, aux eaux
des sulfates par les matières organiques, de rivière.
telles que les feuilles végétales. Les matières Pendant l’été la fraîcheur de l’eau pota
organiques, en réagissant sur les sulfates ble est bien plus-importante encore que son
alcalins et terreux dissous dans ces eaux, état tempéré pendant l’hiver. L’eau fraîche,
produisent d’abord des sulfures, lesquels, ou du moins celle qui paraît telle en été,
par l’action de l’acide carbonique de l’air, parce que sa température est alors beau
se décomposent, et mettent en liberté de coup moins élevée que celle de l’atmo
l’hydrogène sulfuré (acide sulfhydrique). sphère, plaît au palais et à l’estomac; elle
Enfin les meilleures eaux douces, conser- : apaise la soif, procure instantanément un
vées pendant quelque temps dans des vases sentiment de bien-être, et ranime les
clos, prennent insensiblement une odeur forces, soit par son action tonique sur l’es
forte, désagréable, qui est en proportion tomac, action qui retentit sur tout l’orga
avec la quantité de matières organiques nisme, soit en modérant par sa température
qu’elles renferment. Cette eau alors n’est la transpiration de la peau, qui, dans cette
plus potable et doit être rejetée pour les saison de l’année, s’exerce avec trop d’éner
usages hygiéniques, aussi bien que celles gie. Rien n’est plus nuisible, au contraire,
qui naturellement sont corrompues. que de faire usage, pendant l’été, d’une eau
En ce qui concerne la couleur, si une eau qui se rapproche trop de la température de
destinée aux usages domestiques présente l’atmosphère, et qui paraît tiède quand on
une nuance quelconque de coloration, c’est la boit ou quand on y plonge la main.
un signe certain qu’elle renferme quelque Quelle que soit sa pureté sous le rapport
substance étrangère, particulièrement une des substances qu’elle tient en dissolution,