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92                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE

                sulfate de chaux qu’elles' contiennent les   matière organique. Une eau de cette na­
                rend indigestes et impropres aux usages   ture est essentiellement mauvaise, et doit
                domestiques, sans leur communiquer de sa­  être rejetée.
                veur particulière.                          Quant à la limpidité, il faut rejeter pour
                  La saveur décèle assez bien la présence ,  l’usage de la boisson toute eau trouble,
                des matières organiques quand elles sont   bourbeuse, ou tenant en suspension des
                putréfiées et en quantité notable, mais elle   substances terreuses. Les eaux de rivière,
                ne peut signaler ces matières quand elles   dans les temps de crue, sont presque toutes
                ne sont pas encore passées à l’état putride,   dans ce cas. De telles eaux ne peuvent être
                ou quand elles n’existent qu’en très-faible   bues sans inconvénient, à moins d’avoir été
                proportion.                               filtrées, parce que les matières terreuses
                  Ainsi il faut rejeter comme eau potable   qu’elles tiennent en suspension, les rendent
                toute eau présentant une saveur autre que   indigestes.
                la saveur piquante, mais une eau peut n’a­
                voir point de saveur et ne pas être potable.  Le précepte d’Hippocrate , que les eaux
                  Les eaux douces de source n’ont pas d’o-   potables doivent être chaudes en hiver et
                denr prononcée. Mais celles qui n’ont pas   froides en été est excellent. Si l’on faisait
                d’écoulement, et surtout dans lesquelles i  usage, en hiver, d’une eau froide, comme le
                vivent des plantes et des animaux infé­   sont alors les eaux de rivière, on s’expose­
                rieurs, ont le plus souvent une odeur nau­  rait à compromettre sa santé. Les eaux de
                séabonde, qui rappelle celle de la mousse   source qui, venant de l’intérieur du sol,
                infusée. Cette odeur est due à l’acide sul-   ont en hiver + 15° de température, sont
                fhydrique, provenant de la décomposition   donc préférables, à cette époque, aux eaux
                des sulfates par les matières organiques,   de rivière.
                telles que les feuilles végétales. Les matières   Pendant l’été la fraîcheur de l’eau pota­
                organiques, en réagissant sur les sulfates   ble est bien plus-importante encore que son
                alcalins et terreux dissous dans ces eaux,   état tempéré pendant l’hiver. L’eau fraîche,
                produisent d’abord des sulfures, lesquels,   ou du moins celle qui paraît telle en été,
                par l’action de l’acide carbonique de l’air,   parce que sa température est alors beau­
                se décomposent, et mettent en liberté de   coup moins élevée que celle de l’atmo­
                l’hydrogène sulfuré (acide sulfhydrique).  sphère, plaît au palais et à l’estomac; elle
                  Enfin les meilleures eaux douces, conser- :  apaise la soif, procure instantanément un
                vées pendant quelque temps dans des vases   sentiment de bien-être, et ranime les
                clos, prennent insensiblement une odeur    forces, soit par son action tonique sur l’es­
                forte, désagréable, qui est en proportion   tomac, action qui retentit sur tout l’orga­
                avec la quantité de matières organiques   nisme, soit en modérant par sa température
                qu’elles renferment. Cette eau alors n’est   la transpiration de la peau, qui, dans cette
                plus potable et doit être rejetée pour les   saison de l’année, s’exerce avec trop d’éner­
                usages hygiéniques, aussi bien que celles   gie. Rien n’est plus nuisible, au contraire,
                qui naturellement sont corrompues.        que de faire usage, pendant l’été, d’une eau
                  En ce qui concerne la couleur, si une eau   qui se rapproche trop de la température de
                destinée aux usages domestiques présente   l’atmosphère, et qui paraît tiède quand on
                une nuance quelconque de coloration, c’est   la boit ou quand on y plonge la main.
                un signe certain qu’elle renferme quelque   Quelle que soit sa pureté sous le rapport
                 substance étrangère, particulièrement une   des substances qu’elle tient en dissolution,
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