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INDUSTRIE DE L’EAU 91
caractères sont : la saveur franche, la lim d’être limpides, de dissoudre le savon sans
pidité et la fraîcheur. Hippocrate assigne produire beaucoup de flocons, de cuire les
pour caractères à une bonne eau d’être haricots sans les durcir et de ne donner que
« limpide, légère, aérée, sans odeur ni sa de faibles précipités avec l’azotate d’argent
veur sensibles, chaude en hiver, froide en et l’azotate de baryte.
» Tous les auteurs qui, depuis Hippo Parmentier, qui a également traité cette
crate ont écrit sur ce sujet, n’ont fait que question, reproduit les mêmes idées ; puis il
confirmer ses indications. ajoute :
Oribase pense, avec Galien, que la meil
leure eau est celle qui n’a aucune saveur « Toutes les eaux qui sont troubles, grisâtres,
jaunâtres, d’un goût de bourbe, d’une odeur maré
et absolument aucune odeur, qui est claire,
cageuse, qui se trouvent dans les étangs, les mares,
transparente, pure à la vue, qui paraît agréa les marais, sont excellentes pour l’agriculture;
ble et flatte à l’instant même ceux qui la mais on ne doit s’en servir pour boisson que dans
les cas d’une absolue nécessité, et après les avoir
boivent; mais surtout celle qui se digère
préparées par filtration et l’action du charbon, ou
promptement et bien. après les avoir mêlées avec du vin, des acides, etc. »
Le médecin Tissot, dont la renommée de
praticien était si répandue au siècle dernier, Les caractères d’une bonne eau potable
a dit dans son ouvrage sur la Santé des gens étant ainsi bien déterminés par les auteurs
de lettres : « On doit choisir une eau de fon les plus compétents, nous examinerons la
taine pure, douce, fraîche, qui mousse faci valeur de chacun de ces caractères en parti
lement avec le savon, qui cuise bien les lé culier.
gumes et qui lave bien le linge. » En ce qui concerne d’abord la saveur et
Ilallé, qui a, pour ainsi dire, créé la l’orfeur, il est de toute évidence qu’une eau
science de l'hygiène; Nysten, qui fut le col potable ne doit avoir ni l’une ni l’autre.
laborateur de Ilallé et le continuateur de Quand l’eau a une odeur, elle la doit ordi
ses travaux; Ch. Londe etRostan, médecins nairement à des substances organiques qui
hygiénistes qui, dans notre siècle, se sont peuvent être putréfiées; donc elle ne saurait
beaucoup occupés de cette question, expri être bue sans danger pour la santé. Une
ment les mêmes idées qu’Hippocrate à l’é saveur quelconque, autre que la saveur
gard des caractères d’une bonne eau pota- franche et sans caractère spécial qui est
table. propre aux bonnes eaux, est l’indice que
Les auteurs des articles du Dictionnaire l’eau contient quelque substance étrangère.
des sciences médicales et du Dictionnaire de 11 y a pourtant quelques réserves à faire à
médecine et de chirurgie pratiques, disent cet égard.
que l’eau peut être considérée comme bonne Une eau peut avoir une saveur piquante
et potable quand elle est fraîche, limpide, parce qu’elle renferme une grande quantité
sans odeur; quand sa saveur n’est ni désa de gaz acide carbonique, et être cependant
gréable, ni fade ni piquante, ni salée ni excellente pour la boisson. Les habitants
douceâtre ; quand elle renferme peu de ma des pays où existent des sources d’eau char
tières étrangères et qu’elle contient de Pair gées de gaz acide carbonique en font un
en dissolution; quand elle dissout le savon usage habituel sans le moindre inconvénient.
sans former de grumeaux et qu’elle cuit D’un autre côté, une eau de source ou de
Lien les légumes secs. rivière peut n’avoir aucune saveur sensible,
M. Chevreul donne pour caractères aux et être impropre à la boisson. Telles sont
eaux potables d’avoir une saveur agréable, la plupart des eaux dites dures ou crues. Le