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86 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

totalité en vapeur. Un phénomène de ce vous sera facile de reconnaître en regar­
genre peut se produire, disait Boutigny, à dant entre la surface convexe de la capsule
l’intérieur d’une chaudière à vapeur. Si, de métal et la goutte d’eau, un espace libre.
par accident, la chaudière ne renferme Si, dans une capsule de cuivre, percée
qu’une petite quantité d’eau et que le mé­ de trous comme une écumoire, et portée au
tal rougisse, cette eau prend l’état sphéroï- rouge, on verse de l’eau par gouttes, l’eau
dal ; puis, si la pompe alimentaire vient à passe à l’état sphéroïdal, reste immobile et
introduire de nouveau de l’eau dans la ne coule pas à travers les orifices placés au-
chaudière rougie, toute cette eau se ré­ dessous. 11 n’y a donc pas contact entre la
duit subitement en vapeur, et détermine, goutte calé fiée et le métal.
par l’énorme masse d’eau vaporisée instan­ Enfin une expérience suggérée par le
tanément, les effets d’explosion et de des­ physicien Poggendorff est venue démontrer
truction que l’on connaît. d’une manière très-élégante, que l’eau ne
L’état sphéroïdal de l’eau explique encore touche pas le métal, en faisant voir qu’un
ce fait, connu dans les verreries, que l’on peut courant électrique ne se transmet point du
plonger une masse de verre fondu et rouge liquide au métal.
dans un baquet plein d’eau, sans que l’eau A une coupe d’argent, contenant de l’eau
entre en ébullition. C’est qu’une partie de à l’e'Zflf sphéroïdal, on fixe un fil de métal
l’eau prend l’état sphéroïdal, et s’écarte de aboutissant par son autre extrémité au fil
la masse rouge de feu ; de sorte que le d’un galvanomètre, et l’on attache l’autre
reste du liquide ne s’échauffe point, malgré bout du fil du galvanomètre à l’un des pôles
la présence du verre fondu. d’une petite pile. Du pôle opposé de la pile
Boutigny faisait, à ce propos, une expé­ part un fil, qu’on attache au bras d’un sup­
rience tendant à prouver que dans l’état port de cornue. En abaissant le dernier
sphéroïdal une force répulsive empêche le fil, de manière que son extrémité touche
contact du liquide avec la surface chauffée. l’eau à l’état sphéroïdal, on établit la com­
Il plongeait dans l’eau une sphère incandes­ munication électrique entre les deux pôles
cente, en argent massif. La sphère d’argent de la pile. Cependant on ne remarque rien
se maintenait incandescente, l’eau n’entrait dans l’aiguille du galvanomètre. Le courant
pas en ébullition et ne touchait pas la splière. ne passe donc pas : il y a donc interruption
Ce n’était que lorsque l’incandescence dispa­ dans la conductibilité, et cette interruption
raissait, et que la température du métal tient à ce que l’eau ne touche pas le métal.
descendait au rouge brun, qu’une ébulli­ En effet, si l’on retire la lampe, l’état sphé­
tion très-rapide et tumultueuse se manifes­ roïdal cesse, l’eau touche le métal, et aussitôt
tait, et que l’eau se vaporisait. Or, pendant l’aiguille tourne, parce qu’alors le courant
l’incandescence de la sphère, on observe électrique passe.
entre celle ci et le liquide un espace vide Cette expérience prouve avec évidence,
qui était très-reconnaissable à son éclat. qu’il n’y a pas de contact entre l’eau caléfiée
11 est certain qu’un corps à l’état sphé­ et le métal rougi.
roïdal ne touche point la surface rouge de
feu. Des expériences multipliées le prou­ Le curieux phénomène que nous venons
vent. Au moyen d’une pipette C, versez, de signaler donne la clef de toute une caté­
comme’on l’a vu sur la figure 52, un peu gorie de faits, merveilleux en apparence,
d’eau colorée en noir sur une capsule de et à la vérité desquels on s’était toujours
platine renversée, et chauffée au rouge, il refusé à croire. 11 est certain, par exemple,