Page 87 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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INDUSTRIE DE L’EAU. 8 a
température est plus basse que — 10’, et ce mentateur retirait un glaçon de cette four
corps ne s’échauffe point. Toute la chaleur naise en miniature. Et les assistants d’ap
qu’il reçoit du vase de platine incandescent, plaudir à cette merveille de la science !
le traverse et semble se réfléchir sur sa sur Il est un fait encore plus étonnant. Le
face, sans l’influencer en rien. protoxyde d’azote est un gaz qui, par la
Boutigny exécutait cette expérience de pression et l’abaissement de la température,
la manière la plus saisissante. 11 faisait peut être amené à l’état liquide. Ce n’est
fondre de l’argent ou de l’or dans une cap qu’à la température extraordinairement
sule de platine, puis à la surface de l’ar basse de— 88° que le protoxyde d’azote prend
gent ou de l’or fondus et rouges de feu, il l’état liquide; en d’autres termes, il entre
en ébullition, ou ne se réduit en vapeurs
qu’à — 88°. Si l’on verse du protoxyde d’a
zote liquide dans une capsule de platine
chauffée au rouge blanc, il prend l’état
sphéroïdal, et conserve, au milieu du pla
tine rouge-blanc, une température infé
rieure à— 88°. Si alors on ajoute à ce liquide
un peu de mercure, ce métal, qui ne se so
lidifie qu’à — 39°, prend, à ce contact, l’état
solide. De sorte que l’on retire une barre de
mercure solidifié d’un creuset rougi au feu !
Ces phénomènes ne semblent que de pu
res curiosités scientifiques, et pourtant ils
ont leur place dans les préoccupations de
l’industrie. L’état sphéroïdal que prend
l’eau peut expliquer le phénomène de l’ex
plosion des chaudières à vapeur, resté jus
qu’ici à peu près inexplicable si l’on con
sidère la violence prodigieuse des effets de
destruction, effets qui ne semblent pas en
Fig. 52. — Expérience sur l’état sphéroïdal de l’eau. rapport avec la cause qui les produit. Des
maisons entières renversées, des ravages s’é
versait de l’acide sulfureux liquide, qui, tendant à des distances extraordinaires, ne
prenant l’état sphéroïdal, ne se vaporisait s’expliquent pas suffisamment par la rup
point, et conservait sa température de — ture de la tôle d’une chaudière à vapeur.
10°, en tournoyant au-dessus du métal Boutigny prétendait que l’état sphéroï
rougi à blanc. Alors Boutigny faisait tom dal de l’eau était la vraie cause de cet
ber délicatement sur ce globule d’acide effrayant phénomène. On vient de voir
sulfureux sphéroïdal, ou caléfié, quelques que lorsqu’un métal est rougi au feu,
gouttes d’eau. Le contact de l’acide sulfu l’eau qu’on y verse prend l’état sphéroï
reux refroidi à — 10° déterminait la con dal, c’est-à-dire qu’elle ne se volatilise
gélation de l’eau ; de sorte qu’en retirant pas tant que le métal reste au rouge, parce
promptement la capsule du feu contenant qu’alors l'eau ne le touche pas, mais que dès
l’eau, pour la soustraire au contact des corps que le métal se refroidit, l’eau arrive à son
incandescents qui l’avoisinaient, l’expéri contact, et que tout aussitôt elle se réduit en