Page 70 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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C6                     MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                          Un appareil, nommé cryophore, et que    de plus de quelques décimètres, car avec
                       l’on doit au docteur Wollaston, prouve,    une épaisseur d’eau un peu considérable,
                       d’une manière très-frappante quel froid    les bulles de vapeur auraient besoin, pour
                       considérable produit l’évaporation. Dans le   surmonter la pression de la masse supé­
                       cryophore, on voit l’eau solidifiée par le froid   rieure d’eau liquide, d’une plus forte ten­
                       produit par sa propre évaporation.         sion ; elles emprunteraient donc une plus
                         Cet instrument que représente la figure 34,   grande quantité de chaleur au foyer. L’eau
                       consiste en un long tube en verre, recourbé   contenue dans une chaudière ou dans un
                       et terminé à chaque extrémité par une     générateur d’usine, bout à-105 ou 106 de­
                       boule, A et B. On introduit dans le tube un   grés, quand la hauteur de l’eau dépasse
                       peu d’eau, que l’on fait bouillir, quand il est   1 mètre 1 /2 ou 2 mètres.
                       plein de vapeur, afin de chasser l’air, et on   Pour que l’ébullition de l’eau se fasse
                       le ferme à la lampe. La vapeur, en se con­  exactement à 100 degrés du thermomètre
                       densant ensuite, laisse l’espace intérieur   centigrade, il faut que le vase qui la contient
                       vide d’air. Aussi, quand on renverse le li­  soit en métal, et que la surface du métal
                       quide, tombe-t-il tout d’une pièce avec bruit   soit un peu rugueuse. Dans un vase bien
                       comme dans le cas du marteau d’eau.       poli ou dans un vase mauvais conducteur
                         On fait, avec le cryophore, la curieuse ex­  du calorique, comme le verre, l’eau bout
                       périence consistant à faire geler de l’eau par   au-dessus de 100 degrés.
                       sa propre évaporation. Si l’on fait passer   Si dans un vase de verre où l’eau ne bout
                       l'eau dans la boule A et qu’on plonge la   que lentement, on jette de petits clous et de
                       boule B dans un mélange réfrigérant, il   la limaille de fer, on détermine instantané­
                       s’établit une espèce de distillation à froid;   ment une ébullition facile et une tempéra­
                       la vapeur d’eau formée dans la boule A se   ture plus basse.
                       condense dans la boule B, et alors, l’évapora­
                       tion étant très-rapide, il se produit bientôt   La pression atmosphérique indue consi­
                       un froid suffisant pour congeler l’eau dans   dérablement sur le degré de l’ébullition de
                       la boule A.                               l’eau. Ce liquide bout à des températures
                         C’est également en raison du froid que   d’autant plus basses que la hauteur des lieux
                       développe l’évaporation que l’on voit l’acide   est plus considérable. Le tableau suivant fait
                       carbonique liquéfié par un refroidissement   connaître le degré de l’ébullition de l’eau
                       considérable et la compression de ce gaz,   dans quelques localités à altitude croissante.
                       passer à l’état solide, quand il est exposé à
                                                                                                 Température
                       l’air. H en est de même pour le protoxyde         Noms           Altitude.   de
                                                                      des stations.              l’ébullilion.
                       d’azote liquide, qui, lorsqu’on le retire du
                       vase où on l’a liquéfié, se solidifie, par suite   Niveau de la mer..........  0  100»
                                                                 Paris, à l’Observaloire..  65     99»,7
                       du froid résultant de sa propre évaporation.
                                                                 Moscou...........................  300  99»
                                                                 Plombières....................  421  98°,5
                         Le point d’ébullition de l’eau a été choisi   Madrid...........................  008  97»,8
                                                                 Mont Dore ...-..............  1,040  96»,5
                       pour déterminer le centième degré du ther­
                                                                 Village de Barèges........  1,209  95«6,
                       momètre centigrade ; mais pour que l’eau   Hospice du mont Saint-
                       bouille exactement à cette température, il   Gothard........... .........  2,075  92»,8
                       faut se conformer à plusieurs conditions   Quito..............................  2,908  90», 1
                                                                 Métairie d’Anlisaua
                       physiques, que nous allons passer en revue.  (Mexique)...................  4,101  86»,3
                         11 ne faut pas que l’épaisseur de l’eau soit   Mont-Blanc <.........  4,800  84»
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